Minuscule mais très actif !

par Pascale MD  -  10 Février 2024, 11:15


Très gros "coup de zoom" sur un travailleur de l’ombre qui mérite bien qu'on s'y attarde. Un animal minuscule mais très actif ! Le Collembole.

Ce sont des petits animaux extrêmement méconnus, ils sont pourtant disséminés un peu partout sur Terre. Ils vivent au sol, sur l’eau en bordure des étangs, en haute montagne, dans les déserts, les habitats forestiers où abondent les feuilles mortes en décomposition (et chez moi cela ne manque pas), les grottes et même sous des latitudes polaires.

Les espèces de Collemboles se comptent par dizaines de milliers. C'est un nombre en constante augmentation au gré des découvertes scientifiques.

Dans certains habitats, leur densité peut atteindre plusieurs centaines de millions d’individus par hectare, toutes espèces confondues.

 
Il n'existe pas plus grégaire qu'un Collembole ! Il suffit de se promener en milieu naturel, et sous seul de nos pas, ils sont parfois plusieurs centaines à évoluer entre la surface et quelques centimètres de profondeur. Autrement dit, des millions d’individus peuvent cohabiter sur un hectare de terre. C'est une densité extrêmement impressionnante qui en fait certainement l’hexapode le plus abondant de la planète. Ils vivent en colonies denses dans un sol qu’ils préfèrent bien équilibré et très riche en matière organique.

Discrets mais efficaces, ces minuscules arthropodes jouent un rôle majeur dans la vie des sols. 

 
Les Collemboles sont classés au sein d’une trentaine de familles réparties en 4 ordres :

- Les Entomobryomorphes : qui fréquentent la surface, ont un corps allongé dur et couvert de poils et sont dotés d’un organe sauteur nommé furca ;

- Les Poduromorphes :
 qui habitent plutôt sous terre, ne sautent pas, sont parfois aveugles et ont un corps long et mou ;

- Les Symphypléones :
 qui évoluent en surface, sont aussi sauteuses et arborent un aspect globuleux dû à la fusion de leurs segments thoraciques et abdominaux ;

- Les Neelipleones :
 qui vivent sous terre et réunissent des collemboles d’aspect globuleux de très petite taille.


Mesurant de 2 à 3 mm en moyenne, les Collemboles possèdent tous des antennes, trois paires de pattes, un corps segmenté et couvert de poils ou d’écailles. Ces invertébrés sont aptères (dépourvus d'ailes) et entognathes (leurs pièces buccales se logent dans la tête contrairement aux insectes chez qui elles sont externes). La peau des petits hexapodes revêt des propriétés hydrophobes permettant de repousser l’eau, comme une matière déperlante. Leur coloration varie selon le lieu de vie : en surface, les teintes sont assez vives (rose, vert, rouge, jaune...) et plus pâles en sous-sol (blanc, beige, marron). Certaines espèces présentent des motifs ou diverses pigmentations

Beaucoup de ces petits animaux fuient la lumière (ils sont lucifuges) et vivent ainsi sous terre. Certains se réfugient dans les premières couches du sol (entre 1 et 5 cm de profondeur) quand d’autres descendent jusqu’à 30 cm.
 

 
La reproduction des Collemboles peut être sexuée mais tout aussi bien asexuée, donc sans fécondation (parthénogénèse). En fonction des conditions climatiques, les œufs nécessitent 1 à 4 semaines pour éclore. À l’éclosion, les petits Collemboles déjà formés possèdent la morphologie des adultes et la conservent toute leur vie (ce groupe d’arthropodes ne passe pas par un état larvaire). En revanche, leur taille évolue régulièrement par le biais de mues successives. La longévité du Collembole est d’environ un an.

 
Le Collembole se nourrit de végétaux en décomposition, de micro-organismes, de champignons, voire de bactéries. Dans les bois, les champs, les jardins ou dans le compost, l’hexapode accomplit un travail primordial à la qualité des sols. Parmi ses nombreuses actions, on peut citer :

- La fertilisation : En se nourrissant, le Collembole participe au processus de décomposition. La transformation de la matière organique ingurgitée en humus fertile fournit des nutriments essentiels à la végétation, comme le potassium ou l'azote ;

- La dissémination de la microflore :
  Hachés par le Collembole, les résidus végétaux favorisent la fertilité du sol ;

- La protection des végétaux :
En consommant des champignons phytopathogènes, l’hexapode limite le développement de maladies fongiques chez les plantes et autres cultures ;

- L’aération et le bon enracinement des plantes :
ceci grâce aux microporosités qu’il génère en se déplaçant dans la terre ;

- L’indication d’une qualité satisfaisante du sol :
 La présence de Collemboles dépend de plusieurs conditions telles que la quantité de matière organique, le taux d'humus et d'humidité, la pollution…

À ce titre, ils représentent des marqueurs écologiques extrêmement utiles aux scientifiques pour étudier la toxicologie des sols, la nocivité des substances chimiques ou encore, l'impact des changements dans les pratiques agricoles.




Bien que premier maillon de la chaîne de décomposition organique, le Collembole compte parmi les nombreux "invisibles" de la biodiversité. 

C'est une des raisons pour lesquelles il est nécessaire de prendre soin de notre terre y compris individuellement car lorsque l’abondance et/ou la diversité de la faune diminuent, celle-ci ne peut plus assurer correctement ses fonctions (comme le recyclage des nutriments ou la régulation des agents pathogènes).

En effet les fonctions assurées par les organismes du sol sont réparties sur un grand nombre d’espèces. Lorsque plusieurs espèces disparaissent, les fonctions que ces espèces exerçaient ne sont alors plus assurées. Le fonctionnement de l’écosystème s'en trouve alors altéré. Par exemple, si le recyclage des nutriments ne se fait pas correctement, il devient difficile aux végétaux de se développer en surface, ce qui à terme entraine l’érosion des sols. 

Par conséquent, nous devons protéger nos sols en limitant bien évidemment le bétonnage et le goudronnage, la pollution (par les pesticides, les fertilisants en excès, les déchets, les métaux), et la compaction des sols (par le labour profond et intense ou les engins de débardage). Et pour le potager, la grelinette est la solution la plus douce pour préparer le sol sans retourner la terre.


Les photos sont réalisées avec un objectif macro auquel j'ai ajouté 3 bagues d'allonge
J'aurai pu également utiliser le multiplicateur X 1.4.

Pour les photos 3,5 et 6 j'ai ajouté un filtre sur lequel j'ai étalé un peu de vaseline pour créer des effets en prises de vue.
Il m'arrive aussi de mélanger un tout petit peu de terre à la vaseline (mais pas ici)

Pour les trouver dans mon environnement j'enfile mes bottes, je me munis de mon APN et d'une loupe.
Je vais juste derrière dans la forêt après un ou deux jours de pluie et je soulève tout doucement les feuilles mortes par petits paquets,
ou encore je peux gratter un peu la terre à l'aide d'un petit bout de bois.


 

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A
Bonjour Pascale, <br /> Voici un insecte particulièrement intéressant à étudier. Et comme tu le dis, son activité est essentielle dans la chaine naturelle. J'avais eu la chance d'en voir de magnifiques photos et vidéos réalisées par un photographe animalier jurassien, proche de chez moi, mais aussi vitrailliste de talent, Philippe Tartre, malheureusement décédé il y a quelques mois. Tes belles photos me ramènent tout à fait à son amour pour ces petites bêtes...<br /> Bises.
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A
Alors qu'est-ce que j'aime tes articles, j'y découvre toujours plein de choses !!Je crois avoir déjà vu ces petites bêtes quand je jardine (enfin quand je jardinais parce que là, je ne jardine presque plus depuis 2012 - entre mes crises de douleurs, l'hospitalisation de ma mère à la maison durant deux ans et mes travaux qui durent depuis 2013, c'est devenu difficile de m'occuper du terrain). Comme je fais tout à la grelinette et que je pose mes déchets verts directement sur le sol, tu penses bien qu'il doit y en avoir une quantité incroyable !! Le seul truc c'est que chez moi, ça manque d'eau... <br /> Bravo, en tout cas, pour tes photos qui sont vraiment exceptionnelles pour de si petites créatures... même avec les filtres dont tu nous parles, il faut quand même avoir l'oeil... Je t'imagines comme la Sherlock Holmes de la terre avec ta loupe à ras du sol <br /> Merci aussi de ton passage chez moi... Je suis étonnée que tu ne connaisses pas mon amie Flo... Lacalobra, blogueuse chez Ekla et mon amie depuis de nombreuses années puisque nous nous sommes rencontrées sur les blogs de RMC où nous étions toutes les deux... Nous nous sommes connues en 2005 ou 2006... Elle est venue me voir en 2006 bien qu'elle habite près de Paris, et depuis, nous sommes restées très amies. Je croyais que tous mes visiteurs la connaissaient et j'étais convaincue avoir déjà lu des commentaires de toi chez elle...<br /> Je te souhaite un très bon dimanche, ma petite Pascale... je t'envoie de gros bisous.Ici, nous sommes sous un ciel de science-fiction, plus jaune que bleu ou même blanc. Il paraît que c'est le sable du Sahara mais je ne vois pas de dépôts de sable sur les vitres comme d'habitude, c'est donc bizarre !! Je me demande si ce ne serait pas plutôt de la pollution avec les métaux lourds comme nous en avions eu il y a quelques années !!
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I
Coucou Pascale,Les collemboles sont trop mignons avec leurs poils et ne sont pas évidents à trouver :)La vaseline donne un bel effet, bravo et merci pour cet article complet.J'espère que Gampo va bien.Bon week-end, bises
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F
De minuscule animaux utiles<br /> Un grand bravo pour tes photos Pascale<br /> Bonne fin de semaine
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F
Coucou Pascale, Après une pause forcée, me revoilà.Tes photos sont superbes, je n'ai jamais photographié de collemboles, encore faut-il que je les trouve !2 à 3 mm, c'est minuscule, je comprends pourquoi la loupe est indispensable pour les voir.Je sais que tu as l'objectif macro, mais je suis fascinée par le résultat. Ton esprit artistique permet toute sorte d'approche en photos et tu sais comment utiliser les filtres à bon escient. Le résultat est top, j'aime beaucoup chaque photo. Grosss bisousss et bonne journée
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C
Bonjour Pascale<br /> je vois que tu étais très bien outillée pour les prendre en photos. Je comprends qu'on ne puisse les voir à l'oeil nu. J'espère que malgré tout, sans le vouloir, on ne leur fera pas de mal dans le jardin. Une belle découverte et des photos magnifiques<br /> bonne fin de semaine.
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J
Une découverte de ce minuscule animal grâce à un récit passionnant et des macros fascinantes. Bonne journée, Pascale.
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M
Ta série de photos macro avec cette mini petite bestiole au joli nom me fait penser à un conte dessiné dans un bel album! <br /> Très belle journée Pascale! 
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Z
Une belle découverte pour moi grâce à ton superbe article! Merci Pascale .Gros ronrons de Lulu, caresses à Gampo.Amitiés.
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P
Bonjour Pascale, un grand bravo ! tes photos sont incroyables car c'est vraiment très difficile de trouver, de faire la mise au point sur un si petit animal.. pratiquant également la macro j'en rate beaucoup car la mise au point est délicate, de plus si ce petit insecte bouge. Nous connaissons peu sur ce monde à nos pieds, merci d'avoir pris le temps de te renseigner et de composer pour nous. Bon vendredi, la pluie devrait se calmer aujourd'hui car hier c'était presque l'inondation chez moi. Bisous
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