Minuscule mais très actif !
Très gros "coup de zoom" sur un travailleur de l’ombre qui mérite bien qu'on s'y attarde. Un animal minuscule mais très actif ! Le Collembole.
Ce sont des petits animaux extrêmement méconnus, ils sont pourtant disséminés un peu partout sur Terre. Ils vivent au sol, sur l’eau en bordure des étangs, en haute montagne, dans les déserts, les habitats forestiers où abondent les feuilles mortes en décomposition (et chez moi cela ne manque pas), les grottes et même sous des latitudes polaires.
Les espèces de Collemboles se comptent par dizaines de milliers. C'est un nombre en constante augmentation au gré des découvertes scientifiques.
Dans certains habitats, leur densité peut atteindre plusieurs centaines de millions d’individus par hectare, toutes espèces confondues.
Il n'existe pas plus grégaire qu'un Collembole ! Il suffit de se promener en milieu naturel, et sous seul de nos pas, ils sont parfois plusieurs centaines à évoluer entre la surface et quelques centimètres de profondeur. Autrement dit, des millions d’individus peuvent cohabiter sur un hectare de terre. C'est une densité extrêmement impressionnante qui en fait certainement l’hexapode le plus abondant de la planète. Ils vivent en colonies denses dans un sol qu’ils préfèrent bien équilibré et très riche en matière organique.
Discrets mais efficaces, ces minuscules arthropodes jouent un rôle majeur dans la vie des sols.
Les Collemboles sont classés au sein d’une trentaine de familles réparties en 4 ordres :
- Les Entomobryomorphes : qui fréquentent la surface, ont un corps allongé dur et couvert de poils et sont dotés d’un organe sauteur nommé furca ;
- Les Poduromorphes : qui habitent plutôt sous terre, ne sautent pas, sont parfois aveugles et ont un corps long et mou ;
- Les Symphypléones : qui évoluent en surface, sont aussi sauteuses et arborent un aspect globuleux dû à la fusion de leurs segments thoraciques et abdominaux ;
- Les Neelipleones : qui vivent sous terre et réunissent des collemboles d’aspect globuleux de très petite taille.
Mesurant de 2 à 3 mm en moyenne, les Collemboles possèdent tous des antennes, trois paires de pattes, un corps segmenté et couvert de poils ou d’écailles. Ces invertébrés sont aptères (dépourvus d'ailes) et entognathes (leurs pièces buccales se logent dans la tête contrairement aux insectes chez qui elles sont externes). La peau des petits hexapodes revêt des propriétés hydrophobes permettant de repousser l’eau, comme une matière déperlante. Leur coloration varie selon le lieu de vie : en surface, les teintes sont assez vives (rose, vert, rouge, jaune...) et plus pâles en sous-sol (blanc, beige, marron). Certaines espèces présentent des motifs ou diverses pigmentations
Beaucoup de ces petits animaux fuient la lumière (ils sont lucifuges) et vivent ainsi sous terre. Certains se réfugient dans les premières couches du sol (entre 1 et 5 cm de profondeur) quand d’autres descendent jusqu’à 30 cm.
La reproduction des Collemboles peut être sexuée mais tout aussi bien asexuée, donc sans fécondation (parthénogénèse). En fonction des conditions climatiques, les œufs nécessitent 1 à 4 semaines pour éclore. À l’éclosion, les petits Collemboles déjà formés possèdent la morphologie des adultes et la conservent toute leur vie (ce groupe d’arthropodes ne passe pas par un état larvaire). En revanche, leur taille évolue régulièrement par le biais de mues successives. La longévité du Collembole est d’environ un an.
Le Collembole se nourrit de végétaux en décomposition, de micro-organismes, de champignons, voire de bactéries. Dans les bois, les champs, les jardins ou dans le compost, l’hexapode accomplit un travail primordial à la qualité des sols. Parmi ses nombreuses actions, on peut citer :
- La fertilisation : En se nourrissant, le Collembole participe au processus de décomposition. La transformation de la matière organique ingurgitée en humus fertile fournit des nutriments essentiels à la végétation, comme le potassium ou l'azote ;
- La dissémination de la microflore : Hachés par le Collembole, les résidus végétaux favorisent la fertilité du sol ;
- La protection des végétaux : En consommant des champignons phytopathogènes, l’hexapode limite le développement de maladies fongiques chez les plantes et autres cultures ;
- L’aération et le bon enracinement des plantes : ceci grâce aux microporosités qu’il génère en se déplaçant dans la terre ;
- L’indication d’une qualité satisfaisante du sol : La présence de Collemboles dépend de plusieurs conditions telles que la quantité de matière organique, le taux d'humus et d'humidité, la pollution…
À ce titre, ils représentent des marqueurs écologiques extrêmement utiles aux scientifiques pour étudier la toxicologie des sols, la nocivité des substances chimiques ou encore, l'impact des changements dans les pratiques agricoles.
Bien que premier maillon de la chaîne de décomposition organique, le Collembole compte parmi les nombreux "invisibles" de la biodiversité.
C'est une des raisons pour lesquelles il est nécessaire de prendre soin de notre terre y compris individuellement car lorsque l’abondance et/ou la diversité de la faune diminuent, celle-ci ne peut plus assurer correctement ses fonctions (comme le recyclage des nutriments ou la régulation des agents pathogènes).
En effet les fonctions assurées par les organismes du sol sont réparties sur un grand nombre d’espèces. Lorsque plusieurs espèces disparaissent, les fonctions que ces espèces exerçaient ne sont alors plus assurées. Le fonctionnement de l’écosystème s'en trouve alors altéré. Par exemple, si le recyclage des nutriments ne se fait pas correctement, il devient difficile aux végétaux de se développer en surface, ce qui à terme entraine l’érosion des sols.
Par conséquent, nous devons protéger nos sols en limitant bien évidemment le bétonnage et le goudronnage, la pollution (par les pesticides, les fertilisants en excès, les déchets, les métaux), et la compaction des sols (par le labour profond et intense ou les engins de débardage). Et pour le potager, la grelinette est la solution la plus douce pour préparer le sol sans retourner la terre.
Les photos sont réalisées avec un objectif macro auquel j'ai ajouté 3 bagues d'allonge J'aurai pu également utiliser le multiplicateur X 1.4. Pour les photos 3,5 et 6 j'ai ajouté un filtre sur lequel j'ai étalé un peu de vaseline pour créer des effets en prises de vue. Il m'arrive aussi de mélanger un tout petit peu de terre à la vaseline (mais pas ici) Pour les trouver dans mon environnement j'enfile mes bottes, je me munis de mon APN et d'une loupe. Je vais juste derrière dans la forêt après un ou deux jours de pluie et je soulève tout doucement les feuilles mortes par petits paquets, ou encore je peux gratter un peu la terre à l'aide d'un petit bout de bois. |