Mouettes mélanocéphales.
Mouette mélanocéphale
Ichthyaetus melanocephalus - Mediterranean Gull
(Temminck, 1820)
Juillet, dans les terres en Petite Camargue.
L’adulte de Mouette mélanocéphale possède un plumage blanc immaculé. En plumage nuptial, la tête se couvre d’un capuchon noir de jais, qui descend assez bas, tandis qu’en hiver, une marque noire, plus ou moins importante, est visible en arrière de l’œil. Le bec, assez épais, est rouge carmin avec une marque noire sub-terminale ; il est de la même couleur que les pattes. Cercle orbital blanc disjoint.
Elle est souvent confondue avec la Mouette rieuse adulte ICI. Cependant la Mouette rieuse est de taille inférieure, elle est en général moins massive, avec un bec plus fin, de couleur brun rouge, les pattes sont plus ternes. Son capuchon est brun chocolat et non noir. De plus, le bout des rémiges primaires est marqué de noir et une plage blanche le précède, tranchant un peu sur le dos et le reste des ailes qui est gris très pâle (et non blanc). Les jeunes sont également plus graciles, moins grisâtre (plus brun roux).
Identifier facilement les Mouettes adultes avec le bout des ailes ICI
La Mouette mélanocéphale niche uniquement en Europe, de la France, à l’ouest, jusqu’à la mer Noire (où elle est commune), notamment en Ukraine. Sur le pourtour méditerranéen, elle niche de la Camargue à la Turquie et surtout en Italie et en Grèce. Elle est également présente en nombre limité, dans le nord-est de l’Espagne, la GrandeBretagne, l’Allemagne et l’Europe centrale, mais de manière assez importante aux Pays-Bas. L’espèce hiverne le long du littoral atlantique français (jusque dans la Manche et la mer du Nord), mais aussi en Méditerranée, en mer Noire et, en nombre plus limité en Afrique du Nord-Ouest.
En France, l’espèce est nicheuse depuis 1965 et en nombre croissant. Les principaux bastions sont sur le littoral, en Camargue (Bouches du Rhône, Gard) et dans l’Hérault, puis dans le Pas-de-Calais et en Vendée. A l’intérieur des terres, c’est surtout le long de la Loire (Loiret, Indre-et-Loire et Maine-et-Loire). Ailleurs, elle est plus rare mais s’implante peu à peu en Haute-Normandie (Eure), en Ile-de-France (Seine-et-Marne, Yvelines), en Alsace (BasRhin). Plus irrégulière en Loire-Atlantique, Sarthe et ailleurs. Ses populations présentent des fluctuations interannuelles marquées.
Dès la fin de l’été, de gros contingents d’oiseaux arrivent sur les côtes françaises, notamment sur celles du Nord/Pasde-Calais (oiseaux néerlandais, mais aussi d’Europe centrale et d’Ukraine). De même, un mouvement se fait sentir le long du littoral méditerranéen. L’hivernage a lieu de la frontière belge à celle de l’Espagne, principalement entre Loire et Gironde. Dans le Sud et l’Ouest du pays, une partie des effectifs de l’espèce hiverne en pleine mer, s’approchant irrégulièrement des côtes. Les groupes atteignant quelques centaines d'individus qui stationnent sur les côtes ne seraient qu’une petite partie de l’effectif présent plus au large. En Méditerranée, l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône), ainsi que les étangs de Thau et de Bagnas (Hérault) attirent de gros effectifs.
Pendant la période de reproduction, l’espèce se nourrit essentiellement d’insectes terrestres ou aquatiques. Ainsi, la mise en eau des rizières en Camargue à la fin avril procure des terrains d’alimentation très recherchés où de nombreux invertébrés sortent de leur léthargie. En période internuptiale, cette mouette est plus éclectique. Elle se nourrit alors de petits poissons, de mollusques divers, de gastéropodes, et dans les champs, de vers de terre, de larves de coléoptères, voire de petits rongeurs. De même en Europe de l’Est, elle se nourrit parfois abondamment d’orthoptères.
La majorité des oiseaux nicheurs se reproduisent dans des espaces protégés, notamment la grosse population camarguaise, la colonie irrégulière de Noirmoutier, celles de la Vallée de la Loire et du Platier d’Oye dans le Pas-deCalais (arrêtés de protection de biotope, Réserves Naturelles et/ou ZPS). En hiver, les oiseaux se répartissent tout au long des côtes et fréquentent alors essentiellement des milieux sans protection particulière.
Il n’y a pas de menaces directes sur cette Mouette par ailleurs protégée. Les menaces principales sont la disparition des habitats, les dérangements, le développement du tourisme côtier et les urbanisations. En hiver et pendant la migration, la chasse illégale, la pollution pétrolière et la modification des pratiques de pêche sont les problèmes les plus importants.
Les menaces indirectes sont liées aux milieux qu’elle fréquente. En Camargue, la disponibilité des sites de reproduction peut être un facteur limitant son expansion. Le faible nombre des colonies dans cette région accroît bien entendu la vulnérabilité de la Mouette mélanocéphale en période de reproduction. De plus, les meilleurs îlots sont fréquemment occupés par le Goéland leucophée. Par ailleurs, le piétinement des colonies soit par le bétail comme cela est arrivé au moins une fois au Platier d’Oye, Pas-de-Calais, soit par des Sangliers en Picardie en 2005, peut anéantir totalement une colonie. Sur la Loire enfin, les crues de fin de printemps peuvent faire disparaître en quelques heures une colonie entière, en même temps que celles d’autres espèces (Mouette rieuse, Sternes pierregarin et naine).