Dans l'univers de la micro-photographie
Me revoilà partie à la recherche des Collemboles. Cela faisait bien longtemps que je les avais délaissées et c'est bien
dommage car ils sont fascinants et je les aime beaucoup. L'endroit le plus propice pour les observer étant la forêt,
j'avais donc toutes les chances d'en découvrir à proximité, surtout en cette saison avec l'épaisse litière de feuilles.
Beaucoup d’entre eux sautent lorsqu’ils se sentent en danger, ce qui complique l’observation mais en revanche,
facilite leur repérage.
Leur physiologie nécessite un fort taux d’humidité. Ils vivent et se reproduisent d’autant mieux que l’hygrométrie
est élevée. Il est donc plus aisé de les voir évoluer à la fin de l’automne, en hiver ou au printemps que durant les
périodes sèches où ils se réfugient profondément et limitent leurs mouvements. Leur durée de vie à l’état naturel est
d’environ un an. Ils se nourrissent de végétaux en décomposition pouvant contenir des micro-organismes ou des
champignons. Leur reproduction peut être sexuée ou asexuée (parthénogénèse).
Extrêmement méconnus, ils sont pourtant partout, disséminés sur Terre. Leurs biotopes sont variés, ils vivent au
sol, sur l’eau sur le bord des étangs, en haute montagne, dans les déserts, dans les grottes et même sous des latitudes
polaires. On en a répertorié plus de 8000 espèces et il en reste probablement encore davantage à découvrir. On ne
soupçonne pas l’abondance de ces minuscules créatures. Dans certains habitats, leur densité peut atteindre plusieurs
centaines de millions d’individus par hectare, toutes espèces confondues. Par exemple, lorsqu’on se promène en milieu
naturel, sous l’empreinte d’un seul de nos pas, ils sont parfois plusieurs centaines à évoluer entre la surface et
quelques centimètres de profondeur. Il n’est pas exceptionnel (dans certains biotopes où domine notamment le chêne)
de trouver de 200.000 à 300.000 collemboles par m² !
Si leurs fonctions physiologiques sont similaires ils peuvent toutefois avoir des apparences diverses. Ils disposent
cependant de caractères communs : Ils sont entognathes (pièces buccales rentrées dans la tête) ce qui les différencie des
insectes, ils possèdent des antennes segmentées, ils ont 3 paires de pattes rattachées aux 3 segments thoraciques et 6
segments abdominaux. Leur corps peut être couvert de poils ou d’écailles. Leur peau possède des propriétés
hydrophobes, comme nos tissus déperlants. Ils peuvent présenter des motifs ou diverses pigmentations.
Lorsqu’on souhaite photographier ces petites créatures en milieu naturel, cela nécessite l’utilisation d’un minimum
de matériel ad hoc et surtout une bonne connaissance de leur biotope. Les plus grands d'entre eux (Orchesella : env.
4.5 mm) sont photographiables avec un objectif macro classique. Pour d'autres, on se trouve rapidement confronté
aux limites techniques de ce genre d'objectif. Orchesella, qui est déjà très petit, est malgré tout dix fois plus grand
que la plupart des autres collemboles qui sont de l’ordre du millimètre voir moins encore (0,25 mm pour les plus
petits). A ces tailles, il faut nécessairement augmenter le rapport de grossissement de notre objectif macro ce qui est
le cas pour ces photos. Pour cela il existe différents matériels plus ou moins onéreux.
Vous pouvez aussi découvrir des Collemboles sur les fleurs au jardin (c'est ainsi que j'ai découvert ces petits animaux
la première fois) mais également dans les pots de vos plantes d’intérieur. Il est donc parfaitement possible que vous en
ayez déjà observé sans même le savoir. De couleur blanchâtre, gris, brun, verdâtre... mesurant en moyenne 2 à 3mm,
ce sont tout simplement des collemboles. N'ayez aucune crainte si vous les découvrez au jardin ou dans les pots à la
maison, nul besoin d'insecticide (même biologique) car cette créature fait vivre votre terre. La terre est vivante et les
petites bestioles qui y vivent font partie de cette fabuleuse biodiversité. En outre le collembole n’est ni dangereux
pour l’homme ni nuisible aux plantes. Ils ne font aucune dégradation sur les plantes. Au contraire, ils consomment
les déchets, les champignons ou encore les algues nuisibles. Ils accompagnent la décomposition de la matière organique
et libèrent des minéraux. C’est donc une espèce qui aidera vos plantes à mieux pousser grâce aux minéraux venant
de la décomposition. Laissez les donc exister là où ils ont choisi de vivre. En éliminant ces petites bêtes vous
perdriez toutes sources bénéfiques à la santé de vos plantes.
Les Collemboles aiment les sols humides. Le nombre de collemboles sera donc réduit si l’arrosage est moins présent.
Selon les plantes, si vous attendez que le terreau sèche entre deux arrosages, ils disparaîtront.
Les deux premières photos ainsi que la dernière sont réalisées en prise de vue avec un filtre teinté.