Lac du Salagou
Début juin 2019
Au centre du Languedoc, la combinaison de phénomènes géologiques donne une
surprenante palette de couleurs, de textures et de formes contrastées.
Le lac du Salagou est un lac de retenue du barrage du Salagou. Il est situé au centre du département
de l'Hérault, sur la rivière Salagou, affluent de la rivière Lergue qui se jette dans l'Hérault.
Le niveau de l'eau est à 139 m d'altitude. La surface du plan d'eau est d'environ 750 hectares, tandis que le volume du
réservoir est égal à 125 millions de m3. Le lac est dominé par des monts et des plateaux culminant à 300 m à l'est,
jusqu'à 407 m pour le Carels à l'ouest et 535 m pour le Mont Liausson au Sud. Ce dernier sépare le lac du Salagou du
cirque dolomitique de Mourèze. Sa longueur est de 7 Km, son péripètre de 28 Km, sa profondeur atteint 50 m.
L'emplacement du lac a été décidé en raison de l'imperméabilité du sous-sol, propice à maintenir le niveau d'eau.
Le projet de barrage fut lancé dans les années 1950, dans le but de créer une réserve d'eau qui favoriserait une
diversification des cultures, comprenant le développement d'une production fruitière, la viticulture devenant
surproductive. Secondairement, le barrage a pour but de régulariser les crues de l'Hérault. Les travaux débutèrent
en 1964 pour se prolonger jusqu'au début de 1969. Le lac a noyé une partie des communes de Clermont-l'Hérault
à l'est, Liausson au sud, Octon à l'ouest, et Celles au nord.
Alors qu'on pouvait penser, en 1968, qu'il faudrait des années pour que la cuvette de l'Escandorgue se remplisse, un seul très
gros orage la combla à moitié en mars 1969. D'autres précipitations remplirent presque totalement la cuvette en quelques mois,
donnant raison aux calculs des ingénieurs.
Le Lac du Salagou sert aussi aux Canadairs de la Sécurité Civile pour se ravitailler en eau.
Dans une vaste étendue d’eau au milieu de collines de roches rouges arides, le lac du Salagou offre une extraordinaire
palette de couleurs, des combinaisons de plusieurs phénomènes géologiques : le rouge brique des "ruffes" (sédiments
argileux chargés en oxyde de fer) concurrence le noir du basalte, d'origine volcanique, et se marie parfaitement avec les
bleus du ciel et des flots. Le territoire autour du Salagou est aussi célèbre pour ses olives lucques, son miel et ses vignobles.
Ce sous-sol est constitué d'une roche rouge appelé la « ruffe ». Il s'agit d'une forme d'argilite, une combinaison
de sédiments argileux et d'oxydes de fer. Ces roches sont datées du Permien (-298 à -252 millions d'années).
Au Permien, les terrains du Salagou se trouvent à peu prés au milieu du super-continent de la Pangée. Il y règne un climat
tropical. Avec l'érosion de la chaîne hercynienne, les torrents des montagnes viennent étaler les alluvions qu'ils charrient
sur la vaste plaine du Salagou constellée de lacs ou de marécages. Ces alluvions "Ruffe" forment des grès rouges ou blancs.
Les grès rouges proviennent de dépôts sédimentaires formés sous un climat sec à aride. Les grès blancs proviennent des
mêmes sédiments mais déposés en milieu d'eau douce calme. Les grès rouges et blancs alternent vers la Lieude (ancien lit
fluviatique ou estuaire au permien) et vers Mérifons (ancien lac au Permien), et sont totalement rouges vers le Puech,
Octon (zones désertiques au Permien). Ce sont les traces de saisons ou de périodes humides (grès blancs) et de saisons ou
périodes arides (grès rouges).On trouve des coulées et cheminées basaltiques, témoins d'intenses activités volcaniques
anciennes (1,5 à 2,5 millions d'années).
On peut observer des empreintes fossiles de Thérapsides ( gorgonopsiens, cynodontes) des pelycosauriens (casea ou
dimétrodon) au lieu-dit la Lieude. Au total 5 types d'empreintes différentes (18 pistes et 951 empreintes unitaires)
sont visibles sur la dalle de la Lieude. Ces traces ont à peu prés 260 millions d'années (fin du Permien moyen ou
Permien supérieur). Les grandes familles des reptiles mammaliens pelycosauriens et thérapsides sont relativement
bien représentées dans le lodévois.
Des fossiles de plantes datant du Permien ont été aussi trouvés dans la région de Lodève. Des callipteris (fougères à
graines), du groupe des ptéridospermes, et des calamites (prèles géantes), du groupe des sphénophytes, associés à des
zones humides, ainsi que des lébachias (conifères) du groupe des gynospermes, associés à des zones arides, composaient
la flore du Salagou au Permien. Ces fossiles sont visibles au musée Fleury de Lodève.
On peut voir sur les ruffes du Salagou un basculement des couches sédimentaires, basculement de 10 à 20 degrés,
orienté nord-sud. Le basculement du bassin Permien est lié à l'extension tardi-orogénique (orogène tardif) qui
a affecté la chaîne hercynienne (*) au cours de son effondrement gravitaire, de la fin du Carbonifère jusqu'au
Permien moyen.
(*) Chaîne Hercynienne : Le Caroux, la montagne noire, les Cévennes, sont le socle ou "la racine", de ce qui reste de cette ancienne chaîne
de montagne. Comme le sont aussi le Massif central, les monts d'Arrée en Bretagne, les Laurentides (Canada) ou les Appalaches (USA).