Salamandre commune ou tachetée (Salamandra salamandra)

par Pascale MD  -  23 Juin 2022, 09:41  -  #Au refuge, #Caudata

Deux jours entre orages et violentes averses les 22 et 23 juin. Nous avions eu une petite pluie d'une petite demi-heure fin avril qui avait été précédée par plus de deux mois sans la moindre goutte. Autant dire que si la terre en est ravie, les Ambhibiens eux aussi sont heureux.

Hier matin entre deux grosses averses, une Jolie Salamandre d'une douzaine de cm est venue se balader sur les tapis du salon d'extérieur... Je suis toujours heureuse de les voir au jardin d'autant qu' à l'instar des Crapauds cela faisait des mois que je ne les voyais plus. N'étant pas à l'endroit idéal, je l'ai prise délicatement dans la main et suis allée la déposer dans un endroit plus propice pour elle. "Rapidement", elle s'est mise à escalader un muret.


La Salamandre commune ou tachetée (Salamandra salamandra) est un petit animal qui fait partie de la famille des amphibiens, c'est elle que nous rencontrons parfois dans nos jardins. On la retrouve également sculptée sur beaucoup de monuments historiques puisque François 1er en avait fait un emblème royal.

Longue d'une vingtaine de centimètre à l'âge adulte, la Salamandre a une peau noire, luisante, avec des taches jaunes. Sa peau fait office d'appareil respiratoire en quelque sorte, et a besoin d'un environnement humide. Des mues de la peau se produisent régulièrement. Avec ses grands yeux noirs, la Salamandre jouit d'une vue excellente, notamment la nuit, puisqu'il s'agit d'un animal sortant essentiellement la nuit. En revanche, elle n'a pas d'oreille, ne coasse pas, elle peut uniquement émettre des petits sons en cas de frayeur. Une autre caractéristique de la Salamandre est qu'elle ne nage pas ! Son nez est complété par la présence d'un organe voméro-nasal, formant une bosse avec des cellules olfactives puissantes reliées au nez.

Glandes parotoïdes (image Wiktionnaire)

Derrière les yeux, des glandes parotoïdes lui permettent de cracher une sécrétion poison contenant des alcaloïdes pour se défendre contre tout ennemi. La peau secrète aussi des toxines cutanées. Il en résulte brûlures, voire même nausées et vomissements chez celui qui la reçoit ou la touche, y compris l'humain (il est donc conseillé de se laver les mains après l'avoir touchée).

L'accouplement de la Salamandre en vue de la reproduction se fait toujours hors de l'eau, du printemps à la fin de l'été. Ce n'est qu'ensuite - au printemps suivant - que la femelle, ovovipare, va déposer les larves (une trentaine en moyenne) en eaux calmes, qui vont immédiatement éclore. Curieusement, la femelle conserve le sperme pour d'autres fécondations qui ne nécessiteront donc pas de renouveler un accouplement. A l'état larvaire, la Salamandre peut se confondre avec le triton, toutefois les petites taches jaunes présentes déjà à la base des pattes permettent de les distinguer. Les larves deviendront adultes en 3 à 6 mois.

La Salamandre peut vivre très longtemps théoriquement mais comme elle se déplace très lentement, il est fréquent que les voitures lui roulent dessus... Lorsque les premières gelées arrivent, elle hiberne dans des lieux tels que puits, caves, tunnels (chez moi elles se cachent sous les petits tas de bois laissés à la disposition des petits animaux). Mais même hors hibernation, il n'est pas facile de la croiser car elle sort essentiellement la nuit et son milieu de prédilection se résume aux forêts humides.

Les salamandres s'alimentent en capturant des araignées, cloportes, coléoptères, limaces, vers de terre et insectes divers. Elles peuvent aussi se nourrir de tritons et de petites grenouilles ! Les larves  se nourrissent de larves d'insectes et tout autre petits animaux plus petite qu'elles. La sécrétion de toxines empoisonnées protège la salamandre des prédateurs éventuels. Par contre, les larves qui n'en fabriquent pas encore sont l'objet d'attaques de carabes mais aussi de truites et saumons.

C'est donc une espèce terrestre, nocturne, appréciant principalement les forêts fraîches et humides (surtout de feuillus), mais on peut la trouver dans le maquis provençal si un micro-habitat plus humide se présente. Elle passe la journée sous une grosse pierre, une souche ou un tronc d'arbre tombé au sol, généralement à moins de 100 mètres de l'habitat des larves. Animal hétérotherme (à sang froid), la Salamandre hiverne (léthargie, ralentissement du métabolisme) pendant la mauvaise saison dans son abri. La période d'activité va de février-mars à octobre-novembre.

L'accouplement a lieu à terre (juin-juillet), et les femelles gardent leurs oeufs dans l'utérus jusqu'à l'éclosion (ovoviviparité). La ponte varie selon les régions entre janvier-février et mai dans le nord et l'est de la France, de septembre à mai dans l'ouest et de mars jusqu'à juin dans les Pyrénées. La femelle dépose la totalité de sa ponte dans l'eau. Le développement larvaire, uniquement aquatique, dure entre 2 et 7 mois selon la date de la mise bas. La maturité sexuelle est acquise entre 3 et 6 ans et la Salamandre peut vivre jusqu'à 20 ans.

La Salamandre est une espèce protégée en France par la loi de 1976, classée "à surveiller" dans le livre rouge des vertébrés de France et en Annexe 3 de la convention de Berne. En dépit de sa protection légale dans nombre de pays, la Salamandre est en Europe en régression constante depuis au moins un siècle, y compris en France. Les menaces qui pèsent sur la Salamandre sont les mêmes que pour les autres amphibiens : disparition des zones humides, fragmentation du territoire, disparition des milieux terrestres, pollution de l'atmosphère, des sols ou des eaux... et pièges innombrables (comme pour toute la petite faune, les Salamandres sont fréquemment piégées dans les trous d'hommes, citernes, égouts et autres fosses septiques. Leur goût pour les cachettes souterraines humides les expose particulièrement à de tels traquenards). 

Si toutefois, vous croisez une salamandre dans votre jardin, laissez là en paix : vous aurez compris qu'elle ne nuira pas à votre potager.

 

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Z
Tes photos sont superbes! Je n'en ai jamais rencontré . <br /> Belle soirée à toi!
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X
Bonjour Pascale<br /> Petit animal coloré et fascinant que tes photos nous montrent.<br /> Bises savoyardes
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S
C'est une belle rencontre car cet amphibien est aussi rare que discret.
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N
Magnifique série ! C'est sûr que le tapis du jardin n'est pas top ni pour elle, ni pour les photos ;-) Elle est tellement plus jolie dans son environnement humide et verdoyant. Je les fait régulièrement traverser le matin en prenant la route mais heureusement nos routes communales ne sont pas très prisées. Bon.... accident il y a toujours.<br /> Gros bisoussss
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C
Les photos sont superbes, nous n'en voyons pas dans la région.
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A
Bonjour Pascale, <br /> De superbes photos pour un petit animal qui ne l'est pas moins. Je n'ai pas la chance d'en voir dans mon jardin. Merci pour toutes explications  que tu nous fournis qui aident à mieux connaître la vie de cet amphibien "terrien".<br />  Bises. 
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A
a 16 ans, heureuse et fière d'en trouver une, je l'ai prise et prise avec moi. Je n'ai plus jamais recommencé , je l'ai deposee vers une rivière. c'est un si bel animal. Merci  pour tes photos. Bises
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I
Ah ces petites salamandres, ton reportage me fait penser que je ne les aperçois pas en ce moment. C'est surtout au printemps et à l'automne qu'elles sortent ici. Et malheureusement, j'en vois aussi beaucoup écrasées sur la route.Super documentaire avec de superbes illustrations.Bises
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B
Coucou Pascale<br /> Quelle jolie rencontre et tout plein de très belles photos pour nous montrer tous les détails et la beauté de ce petit animal<br /> bisous<br /> Am
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E
Je n'ai jamais vu de salamandre en vrai : elle a un bel habit noir et jaune. Je n'ai que des geckos dans mon jardin, depuis une vingtaine d'années alors qu'avant il n'y avait que des lézards. Merci pour toutes les infos sous tes photos. Belle découverte.
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M
Bonjour Pascale, très intéressant je n'en ai jamais vue . Merci pour ces belles photos et explications très claires... bisouss bonne journée
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D
Bonjour Pascale. je te remercie pour ces jolies photos de ce magnifique amphibien. Il y a bien longtemps que je n'en ai pas vu tellement elles sont devenues rares. Ici nous sommes proches de zones industrielles et c'est une hécatombe chez grenouilles et crapauds dont la peau absorbe toute les saloperies présentent dans l'air, je suppose qu'il en est de même pour les salamandres.<br /> Je te souhaite une agréable soirée. Bises.
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S
petit coucou de fin de semaine... caresse à la boule... bisous à toi
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P
Quelle belle rencontre !! bonjour Pascale, avant tout j'espère que tes soucis de réseau vont s'arranger  en tout cas, merci d'être passée sur mon blog. Pour la Salamandre, je n'en ai jamais croisé lors de mes différentes sorties photos... elle a vraiment de jolies couleurs et cela doit être très agréable de la photographier dans son milieu. Bravo pour la variation des angles de prise de vue. A bientôt, bise.
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D
Bonjour Pascale merci de nous offrir ces sublimes photos de cette magnifique salamandre avec ces très belles couleurs bon dimanche Claudine Daniel
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P
Bonjour,<br /> Un bel amphibien et les taches de sa peau sont d'un éclat peu commun .J'en avais dans le jardin du temps du bassin , mais c'est fini tout ça , il fait beaucoup trop sec maintenant et c'est fou tout ce qui a disparu !<br /> Je ne ma rappelle plus trop pourquoi François Ier l'avait choisie comme emblème .Je crois que cela a un rapport avec le feu sans doute parce qu' elle bondissait  parfois, bien vivante , des souches lorsqu'on les mettait dans le feu , de là des pouvoirs extraordinaires . <br /> Quant à mon choix de tableau d'hier , je l'ai fait en pensant-à ce qui me plaît dans tes photos d'oiseaux .
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M
Ton article est très intéressant et tes photos de  salamandre superbes !<br /> Bon dimanche Pascale.
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M
Bonjour Pascale. Merci pour cette superbe série...je vois souvent des salamandres quand je suis en Haute-Loire dans les forêts de feuillus, d'ailleurs j'en ai photographié une au mois d'avril (pas aussi joliment que toi tout de même !!). Par contre dans ma garrigue provençale je n'en ai jamais vu une même quand il pleut. Je pense qu'elles n'aiment pas la présence des pins, ou bien que tout simplement même si elles sont terrestres, il n'y a pas de plan d'eau à proximité pour qu'elles puissent se reproduire au printemps. Je ne savais pas qu'elle pouvait ainsi garder le sperme plusieurs années, il est vrai que je n'ai pas vraiment cherché non plus de détails sur elle. Peut-être y en a-t-il en bordure de la Durance ? Quand j'étais enfant, j'en voyais souvent en Provence mais nous habitions alors tout près de la Crau humide, ceci expliquant peut-être cela. Merci pour tous les précieux renseignements que tu nous donnes. Bisous et bon dimanche (je suis très à la bourre cette semaine pour mes visites de blog)
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F
Merci pour toutes ces explications, Pascale. Dans mon jardin, et même dans mon quartier, je n'en vois jamais, sans doute parce qu'il n'y a pas de forêt à proximité et qu'elle ne trouve pas de lieu idéal où se poser. Elle est très belle, et tes photos la mettent en valeur. Merci. Bon dimanche à toi, pluvieux chez moi et je m'en réjouis ! :-)
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D
Une belle leçon sur les salamandres ! Je crois bien que je n'en ai jamais vues !
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