Salamandre commune ou tachetée (Salamandra salamandra)
Deux jours entre orages et violentes averses les 22 et 23 juin. Nous avions eu une petite pluie d'une petite demi-heure fin avril qui avait été précédée par plus de deux mois sans la moindre goutte. Autant dire que si la terre en est ravie, les Ambhibiens eux aussi sont heureux.
Hier matin entre deux grosses averses, une Jolie Salamandre d'une douzaine de cm est venue se balader sur les tapis du salon d'extérieur... Je suis toujours heureuse de les voir au jardin d'autant qu' à l'instar des Crapauds cela faisait des mois que je ne les voyais plus. N'étant pas à l'endroit idéal, je l'ai prise délicatement dans la main et suis allée la déposer dans un endroit plus propice pour elle. "Rapidement", elle s'est mise à escalader un muret.
La Salamandre commune ou tachetée (Salamandra salamandra) est un petit animal qui fait partie de la famille des amphibiens, c'est elle que nous rencontrons parfois dans nos jardins. On la retrouve également sculptée sur beaucoup de monuments historiques puisque François 1er en avait fait un emblème royal.
Longue d'une vingtaine de centimètre à l'âge adulte, la Salamandre a une peau noire, luisante, avec des taches jaunes. Sa peau fait office d'appareil respiratoire en quelque sorte, et a besoin d'un environnement humide. Des mues de la peau se produisent régulièrement. Avec ses grands yeux noirs, la Salamandre jouit d'une vue excellente, notamment la nuit, puisqu'il s'agit d'un animal sortant essentiellement la nuit. En revanche, elle n'a pas d'oreille, ne coasse pas, elle peut uniquement émettre des petits sons en cas de frayeur. Une autre caractéristique de la Salamandre est qu'elle ne nage pas ! Son nez est complété par la présence d'un organe voméro-nasal, formant une bosse avec des cellules olfactives puissantes reliées au nez.
Derrière les yeux, des glandes parotoïdes lui permettent de cracher une sécrétion poison contenant des alcaloïdes pour se défendre contre tout ennemi. La peau secrète aussi des toxines cutanées. Il en résulte brûlures, voire même nausées et vomissements chez celui qui la reçoit ou la touche, y compris l'humain (il est donc conseillé de se laver les mains après l'avoir touchée).
L'accouplement de la Salamandre en vue de la reproduction se fait toujours hors de l'eau, du printemps à la fin de l'été. Ce n'est qu'ensuite - au printemps suivant - que la femelle, ovovipare, va déposer les larves (une trentaine en moyenne) en eaux calmes, qui vont immédiatement éclore. Curieusement, la femelle conserve le sperme pour d'autres fécondations qui ne nécessiteront donc pas de renouveler un accouplement. A l'état larvaire, la Salamandre peut se confondre avec le triton, toutefois les petites taches jaunes présentes déjà à la base des pattes permettent de les distinguer. Les larves deviendront adultes en 3 à 6 mois.
La Salamandre peut vivre très longtemps théoriquement mais comme elle se déplace très lentement, il est fréquent que les voitures lui roulent dessus... Lorsque les premières gelées arrivent, elle hiberne dans des lieux tels que puits, caves, tunnels (chez moi elles se cachent sous les petits tas de bois laissés à la disposition des petits animaux). Mais même hors hibernation, il n'est pas facile de la croiser car elle sort essentiellement la nuit et son milieu de prédilection se résume aux forêts humides.
Les salamandres s'alimentent en capturant des araignées, cloportes, coléoptères, limaces, vers de terre et insectes divers. Elles peuvent aussi se nourrir de tritons et de petites grenouilles ! Les larves se nourrissent de larves d'insectes et tout autre petits animaux plus petite qu'elles. La sécrétion de toxines empoisonnées protège la salamandre des prédateurs éventuels. Par contre, les larves qui n'en fabriquent pas encore sont l'objet d'attaques de carabes mais aussi de truites et saumons.
C'est donc une espèce terrestre, nocturne, appréciant principalement les forêts fraîches et humides (surtout de feuillus), mais on peut la trouver dans le maquis provençal si un micro-habitat plus humide se présente. Elle passe la journée sous une grosse pierre, une souche ou un tronc d'arbre tombé au sol, généralement à moins de 100 mètres de l'habitat des larves. Animal hétérotherme (à sang froid), la Salamandre hiverne (léthargie, ralentissement du métabolisme) pendant la mauvaise saison dans son abri. La période d'activité va de février-mars à octobre-novembre.
L'accouplement a lieu à terre (juin-juillet), et les femelles gardent leurs oeufs dans l'utérus jusqu'à l'éclosion (ovoviviparité). La ponte varie selon les régions entre janvier-février et mai dans le nord et l'est de la France, de septembre à mai dans l'ouest et de mars jusqu'à juin dans les Pyrénées. La femelle dépose la totalité de sa ponte dans l'eau. Le développement larvaire, uniquement aquatique, dure entre 2 et 7 mois selon la date de la mise bas. La maturité sexuelle est acquise entre 3 et 6 ans et la Salamandre peut vivre jusqu'à 20 ans.
La Salamandre est une espèce protégée en France par la loi de 1976, classée "à surveiller" dans le livre rouge des vertébrés de France et en Annexe 3 de la convention de Berne. En dépit de sa protection légale dans nombre de pays, la Salamandre est en Europe en régression constante depuis au moins un siècle, y compris en France. Les menaces qui pèsent sur la Salamandre sont les mêmes que pour les autres amphibiens : disparition des zones humides, fragmentation du territoire, disparition des milieux terrestres, pollution de l'atmosphère, des sols ou des eaux... et pièges innombrables (comme pour toute la petite faune, les Salamandres sont fréquemment piégées dans les trous d'hommes, citernes, égouts et autres fosses septiques. Leur goût pour les cachettes souterraines humides les expose particulièrement à de tels traquenards).
Si toutefois, vous croisez une salamandre dans votre jardin, laissez là en paix : vous aurez compris qu'elle ne nuira pas à votre potager.