La mare aux Grenouilles...

par Pascale MD  -  8 Avril 2024, 14:12


La Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus) est la plus grande grenouille d'Europe ! Son  coassement tonitruant peut laisser supposer qu'elle se moque un peu de nous ;-)

Ordre : Anura
Famille : Ranidae
Genre : Pelophylax
Espèce : Pelophylax Ridibundus
Nom anglais : Marsh ou Lake Frog

 

Grenouilles rieuses


La Grenouille rieuse est souvent confondue avec la Grenouille verte (dont elle se différencie par des sacs vocaux plus foncés) ou avec la grenouille de Lessona ( qui est plus petite et qui a un coassement différent).

La rieuse est une espèce de grande taille, certains individus dépassant les 130 mm. Les individus de taille supérieure à 100 mm sont presque toujours des femelles. Elle possède un museau qui est assez pointu chez le jeune puis arrondi chez les individus plus âgés. Ses yeux, placés sur le dessus de la tête, sont assez rapprochés. Le tympan est bien distinct et il n'existe pas de tache temporale sombre à l'arrière de l’œil . 

Grenouilles rieuses


Le mâle possède 2 sacs vocaux de couleur grise sortant d'une fente à l'arrière des angles de la bouche. La peau dorsale est lisse ou couverte de petites verrues, de coloration vert olive, brun-vert, très rarement vert d'herbe comme la grenouille de Lessona.

Elle porte souvent des taches brun foncé ou une ligne verticale claire, a les flancs marbrés de noir ; les membres postérieurs sont gris clair, barrés de noir, à la face ventrale blanchâtre, tachée ou marbrée de gris sombre. Le membre postérieur est très long, la palmure importante.

Grenouilles rieuses


Amphibien anoure, c’est-à-dire "sans queue" à l’état adulte, la Grenouille rieuse est un vertébré à la température interne variable, dépourvue d’écailles, de plumes ou de poils (dits “phanères”).

Mondialement, ce groupe comprend environ 7000 espèces. Dépendant de la température extérieure et afin de pouvoir réguler son organisme, la Grenouille rieuse passe la majeure partie de son temps dans l’eau ou à proximité : pour se rafraîchir en cas de chaleur mais aussi lors de période de grand froid.


Elle hiberne dans de la vase au fond de l’eau (elle peut absorber l’oxygène de l’eau dont elle a besoin, au travers de sa peau perméable).

Présente à moins de 1000 m d'altitude, elle fréquente les endroits à végétation riche.

Elle occupe de préférence les rivières, les étangs, les lacs, les fleuves et les milieux péri-fluviaux (les bras morts et les gravières), les lieux en amont d'estuaire.

Grenouilles rieuses


Continentale, elle est à la fois une Grenouille terrestre et d’eau douce.

D’un appétit vorace, elle mange principalement des insectes (très présents au bord de l’eau), mais aussi des vers de terre, des mollusques, des petits reptiles et parfois aussi d'autres petits amphibiens.

Grenouilles rieuses


La Grenouille rieuse arrive à maturité après avoir subi 2 périodes d'hibernation.

La reproduction a lieu en avril ou mai. Lors de la ponte, un paquet d'œufs (jusqu'à 1200 œufs par femelle) est déposé entre les plantes aquatiques puis tombe au fond de l'eau.

Cette Grenouille pondant en plusieurs tas, ce sont donc jusqu’à 10 000 œufs par an qui peuvent éclore !

Les têtards dépassent parfois 10 cm et se métamorphosent après 3 à 4 mois de vie larvaire.

Grenouilles rieuses


Une étude a démontré que la Grenouille rieuse était impliquée dans des hybridations en Europe de l'Ouest (accouplement avec des grenouilles de type Lessona, de Perez et de Berger). Cela engendre nécessairement des confusions quant à l’identification de l’espèce.

Selon des statistiques douanières, des importations massives de différentes espèces de grenouilles vivantes destinées à la consommation, ont eu lieu en France dans les années 1970 (essentiellement depuis l’Albanie, l’Égypte et la Turquie). Ces importations ont représenté en moyenne 800 tonnes par an.


Des lâchers accidentels ou délibérés ont eu lieu à la sortie des avions lors du chargement dans des camions, du fait de scientifiques, de restaurateurs ou de particuliers. Ils sont donc à l'origine de l'introduction de plusieurs espèces en différentes localités et donc notamment de la Grenouille rieuse.

Cette Grenouille, la plus grande d'Europe, est connue pour ses larges cuisses mais aussi pour le coassement du mâle au printemps qui ressemble à un rire fort et saccadé !

En journée, la Grenouille rieuse vient à terre pendant quelques heures, dans la végétation au bord de l'eau (dans laquelle elle saute lorsqu'elle est dérangée).

Grenouilles rieuses


Selon l'UICN monde (Union internationale pour la conservation de la nature), sa présence est mondiale (source GBIF) hormis dans les DOM-TOM et très concentrée en Europe. En France, on la croise facilement mais l’espèce reste menacée. La préoccupation est cependant mineure (espèce pour laquelle le risque de disparition est faible) car on la trouve nombreuse en différents lieux.

Un arrêté gouvernemental de 2021 interdit en France et en Europe la destruction de ses œufs, son dérangement, sa capture, sa détention, son transport, sa mise en vente et son utilisation à des fins commerciales ou non. La grenouille que l’on consomme de nos jours au menu des restaurants est une grenouille verte (issue de l’hybridation entre la Grenouille de Lessona et la Grenouille rieuse) ou une grenouille rousse d’élevage.

Grenouilles rieuses


Sa présence est confirmée en Île-de-France. Si elle s’y reproduit avec ou sans hybridation, elle y est toutefois moins présente de nos jours que sur l'ensemble de l’Aquitaine où elle est majoritaire.

Elle est devenue une espèce dominante dans le Lot-et-Garonne et en Dordogne. 
(Note personnelle : c'est aussi l'espèce que je rencontre le plus fréquemment dans les Cévennes Gardoises).

La Grenouille rieuse, comme tout autre amphibien, appartient aux espèces les plus exposées au changement climatique.


Leur double vie (amphi : double – bios : vie ) les rend plus vulnérables à l'accroissement des températures et à la modification de l'humidité atmosphérique. S’ajoutent également de nouveaux dangers liés aux changements globaux : un nouvel agent pathogène “Batrachochytrium dendrobatidis” appelé aussi "chytride" qui n’épargne désormais aucune région de France, ni même les zones protégées, ainsi qu'un Ranavirus (localement).

Les pesticides ont également un impact majeur sur les amphibiens, du fait de l'absence de phanères et de leur peau très fine qui absorbe facilement ces particules. Quoiqu’en assez grand nombre, dite de plus en plus invasive, la Grenouille rieuse reste fragile.


Par ailleurs, les infrastructures de transport terrestres font courir des risques majeurs aux amphibiens : fragmentation (disparition, dégradation des espaces d’habitats favorables, extinction des petites populations) et mortalité directe par collisions. Divers dispositifs associés aux mesures « Éviter, Réduire, Compenser » (ERC) sont destinés à éviter l’impact ou le supprimer, atténuer ou réduire ces risques (exemple : la mise en place de passerelles, tunnels (“crapauducs”), panneaux d'interdiction aux véhicules lors de périodes de migration)

Texte de la L.P.O.


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I
Toujours aussi belles tes photos de grenouilles. La dernière est incroyable…Je ne me fais plus d'illusion, avec les lois qui régressent, tout va disparaitre :(
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A
Bonjour Pascale, <br /> Un "papier"  très intéressant et instructif sur la vie des grenouilles en général et l la grenouille rieuse en particulier. Tes photo, superbes, accompagnent de belle manière ton article.<br /> Bises.
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V
Quelle photos magnifiques tu as fait, j'adore!!! je craque sur celle ou elle saute, et merci, car a part celle dans le bec du hérons, ça fait longtemps que je n'en ai pas vu.
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Z
Un bien joli modèle pour de superbes photos! Merci Pascale aussi pour les explications toujours intéressantes .
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S
petit coucou du dimanche... gros bisous
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F
Coucou Pascale, Cet article nous démontre combien les sciences du vivant et l'écologie sont essentielles. Je prends un sujet aberrant pour exemple, les maths sont une matière qui est toujours indispensable pour certains métiers, les agronomes et les médecins sont sélectionnés surtout pour leur niveau dans cette matière, les sciences du vivant sont mises au second plan, c'est un non sens, ça devrait être l'inverse.Pourtant on voit qu' il y a des perspectives de solutions qui pourraient fonctionner.Chacun doit prendre conscience que notre surconsommation crée la demande, de l'agriculture qui doit être un sujet primordial avec la préservation des sols, une richesse insoupçonnée pour le monde du vivant.Le capitalisme accentue tous ces problèmes, les gouvernants ferment les yeux, il y a tant à faire !C'est un sacré défi qui nous attend si on veut inverser les choses. Grosss bisousss et bonne soirée
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F
Coucou Pascale, Encore une superbe série que je viens commenter avec un peu de retard.L'eau est tellement claire que par transparence on voit la partie immergée de ces grenouilles. Tout est parfait ici, la lumière, le piqué des photos, et j'ai lu tes explications avec attention, c'est très instructif. J'ai découvert un mot, amphibien " anoure " , je note ;-)Il faudra que je fasse plus attention à la couleur des sacs vocaux, pas sûr que je ne confonde pas la grenouille verte et la grenouille rieuse. Trop marrante la photo 8 et l'attitude de cette grenouille en l'air, on pourrait penser qu'elle veut noyer sa collègue mais elle a peut-être une autre idée derrière la tête ;-)Je ne vais pas commenter les photos une par une, je les aime toutes mais je reviens sur les deux dernières. L'avant dernière avec cet accouplement de face est magnifique et la dernière est magique, on se demande jusqu'ou elle va aller pour gonfler ses sacs vocaux, c'est vraiment impressionnant. Grosss bisousss et bon week-end.
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D
Sacrebleu! En ouvrant ta page ce matin, je les ai entendues ce marrer ces grenouilles. Je confirme, elles se moquent de nous! Mais malheureusement, c'est peut-être bien l'être humain qui se moque le plus de la nature! Tes photos sont merveilleuses, surtout celle avec la grenouille qui saute. Bises alpines. 
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C
Mes voisins ont eu des batraciens chez eux pendant une année, on les entendait croiser, mais impossible de les voir, puis un jour plus rien....heureuse que ma recette te plaise. Pour les commentaires ils n apparaissent qu une fois validés. Bises. Celine
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P
Bonsoir,<br /> Je suis admirative de tes photos si précises. Et tu  as le talent de dégager l'essentiel de l'environnement ce qui permet des portraits plus séduisants .<br /> elles vont me permettre de mieux identifier les grenouilles que je peux voir par ici , enfin en principe puisqu'il peut y avoir  des hybridations .<br /> Bon week-end !
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