Ajout du 17 octobre 2017
Depuis deux jours sur ce sujet d'un nouveau retour de Bertrand Cantat, j'ai beaucoup entendu, lu aussi : "Il a payé sa dette à la société". Certains pensent que c'est le cas, d'autres pensent que la dette n'a pas été cher payée, mais là n'est pas le sujet pour moi. Certains éprouvent de la colère ou même de la haine, et ce n'est pas mon cas. En réalité, pour cette personne, je n'éprouve RIEN. Aujourd'hui, il n'est pas dans ma réflexion. D'ailleurs, je l'avais "oublié" et je vais faire en sorte de le remettre aux oubliettes.
Cependant, cette phrase "Il a payé sa dette à la société" a beaucoup tourné dans ma tête, et comme souvent pour moi, la nuit m'apporte mes réponses.
Un meurtre, un assassinat, un homicide, ou quelque soit le nom qu'on veuille lui donner, est-il redevable envers quelque société qui soit ? Humainement, ma réponse, totalement personnelle est catégoriquement NON !
Alors, certes il y a des lois, qui selon le délit ou le crime commis devront être compensés envers la société par des amendes ou de l'emprisonnement. Mais ôter une vie, cela a t'il une valeur monétaire ou d'emprisonnement qui puisse la compenser, non pas pour la société (ce dont j'avoue je me fous royalement) mais pour ceux qui subissent cette perte ? La vie d'un enfant, d'une femme, d'un mari, d'un parent, d'un frère, d'une soeur... à t'elle un prix qui permette tout à coup de supprimer la douleur de ceux et celles qui souffrent de cette vie volée par un acte posé par une autre personne ? Je crois pouvoir affirmer que NON ! Ceux qui doivent affronter le quotidien avec cette monstrueuse blessure vivent, je n'en doute pas, un cauchemar de chaque instant. Certains parviennent à s'éloigner de la colère ou de la haine, certains parviennent dans leur cheminement personnel à pardonner (ce qui ne veut pas dire oublier ou ne plus souffrir), d'autres non. Certaines personnes pourront continuer leur vie en refusant de parler de cette souffrance, d'autres auront besoin d'en parler beaucoup et d'entretenir "la présence", cela aussi appartient à chacun. Pour autant, quelque soit la capacité individuelle à affronter ce quotidien, la souffrance n'en est pas moins présente pour le temps qui leur restera à vivre.
De cette réflexion en est sorti également que si chaque délit ou crime à un prix vis à vis de la société, déjà dans un premier temps, ce prix à payer présente une première injustice qui est celle ne ne pas être équitable pour tout le monde. Ce prix pourra varier si vous avez une certaine notoriété et que donc vous aurez peut-être plus de clémence de la part des jurés (ou au contraire moins). Ce prix sera différent également si vous avez les moyens de vous offrir un des meilleurs avocats ou si vous devrez vous contenter d'un avocat commis d'office qui n'aura pas forcément d'excellentes compétences et expériences pour assurer cette défense.
Maintenant, pour ceux qui sont directement concernés par cette perte monstrueuse d'un être aimé, si en plus cet être aimé est mort dans la souffrance infligée par une autre personne, ce qui ne peut-être oublié (j'envisage très bien que ces images reviennent fréquemment à l'esprit sans même qu'on s'y attende, comme autant de coups de poings dans la gueule ou dans le coeur, même s'ils le vivent dignement), je crois vraiment que la décence, le respect, et oui, le prix à payer pour le reste de la vie de la part de la personne qui a commis l'acte, c'est de faire en sorte d'exister dans le silence et la discrétion vis à vis de tous ceux à qui il à aussi infligé cette torture affective qui ne pourra jamais disparaître. Et même si sa dette à la société, elle, a été payée. A mon regard, s'afficher aux yeux de ceux à qui on a infligé cette souffrance de la mort d'un être cher est une véritable provocation et cette provocation m'est tout simplement personnellement et humainement insupportable !
J'ai aussi beaucoup réfléchi sur la notion d'homicide involontaire parfois avancée sur ce sujet dont il est question à la base.
La personne qui a posé les actes, et quelque en soit les conditions en dehors de l'accident parfaitement indépendant de la volonté de son auteur (un exemple : un cycliste grille un feu rouge, vous ne le voyez pas arriver, vous le renversez, sa tête frappe le sol et il décède, oui, là c'est un accident), n'a à mes yeux, en effet, aucune responsabilité dans le drame qui s'est produit. Là oui, je conçois parfaitement bien qu'il s'agisse d'un acte involontaire. Idem en cas d'auto-défense.
En revanche, et toujours dans ma vision personnelle de l'analyse d'une situation, une mort provoquée par une perte de contrôle liée à une consommation de stupéfiant, d'alcool, de substance pouvant engendrer une mutation dans le comportement, ne peut plus à mes yeux être qualifié d'involontaire dans la mesure ou l'ingestion de ces produits ne l'était pas involontaire. Cela n'est en RIEN une circonstance atténuante ! Voir le texte ICI
Les sociétés humaines, pour la plupart en tous cas, ont occulté depuis longtemps que l'Homme fait partie du règne animal. Nous nous sommes placés au dessus des autres espèces vivantes que nous qualifions souvent comme "les bêtes" (synonymes : stupide, idiot, imbécile, bébête, sot, niais, crétin, balourd, obtus, nigaud, ahuri, inintelligent...). Nous avons, avec cette intelligence dont nous nous gratifions, légiféré et voté des lois pour tenter de faire en sorte que nous puissions vivre ensemble au travers certaines règles et non plus dans le "oeil pour oeil, dent pour dent". Celles-ci évoluent au fil du temps (et heureusement puisque beaucoup de lois datent encore de 1804 pour le code civil promulgué par Bonaparte et de 1810 pour le code pénal ). De ces lois ont émergé des peines pour chaque acte délictueux ou criminel, mais... aucune de ces peines ne pourra jamais effacer la souffrance induite par la mort d'un être aimé, et ce quelque soit le qualificatif qu'un tribunal aura pu lui donner ni par la peine qui aura été prononcée !
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