#lesin­rocks­de­la­honte + Reflexion du 17/10/2017 et suite...

par Pascale MD  -  15 Octobre 2017, 23:07

 

 Moineau domestique

 

 

 


#lesin­rocks­de­la­honte

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« Bertrand Cantat en son nom »

C’est le titre du numéro 1141 des Inro­ckup­tibles sorti ce mercredi avec son portrait en photo de couverture.

 

 

Premier point

Je ne cherche pas à refaire le procès, pas plus que je ne suis dans l'acharnement, la colère ou la haine, car je
peux parfaitement envisager que le poids de certains actes soit en soi extrêmement lourd à porter pour celui
qui les à posé... en tous cas pour un être humain ayant un tant soit peu de conscience.

En tant qu'être pensant, aimant et sensible, je crois que la décence aurait voulu qu'il se fasse oublier comme 
beaucoup ont tenté de l'oublier dans la dignité . Je pense aux proches de sa victime comme les parents, la famille,
les amis, ET LES ENFANTS... de Marie Trintignant, mais aussi à ces femmes victimes des coups de leur
compagnon chaque jour.

Peut-être pouvait-il poursuivre sa vie discrètement, faire profil bas et éviter de revenir parader publiquement.

 C'était déjà, à cette époque, et avec cette mini peine, un signal bien négatif donné à l'opinion publique en matière 
de violences faites aux femmes. Ce signal est aujourd'hui ravivé avec ce magazine qui le remet à l'honneur pour 
relancer sa carrière artistique et bien évidemment avec son approbation.

 

 

Deuxième point 

«Les Inrockuptibles»  Avez vous réellement pesé le poids de cette couverture ? 

D'autant que pour parfaire ce numéro, il est accompagné Un CD promotionnel proposant également un titre du
rappeur Orelsan, habitué des textes extrêmement crus à l'encontre des femmes dont l'un de ses titres : "Sale pute" 
(paroles ICI) et auteur de cette petite phrase "Ferme ta gueule ou tu vas te faire marie-trintigner" dans ce "morceau"
intitulé "Saint Valentin". Paroles ICI et ça vaut vraiment le détours ! "Courez courez", pas mal aussi ICI.
Jugé pour provocation à la violence, il a été relaxé en appel !!!!! Moi je dis : fantastique !
Et même au delà, il a reçu un certain nombre de distinctions de la part de ses pairs ! 

Un bien joli numéro pour les Inrockuptibles !!!! Bravo et encore merci ! 
Pour auriez pu appeler ce numéro "Plaidoyer pour la violence envers les chiennes de femmes"

J'avoue que ce duo de choc (c'est le moment de le dire) est vraiment du meilleur goût, difficile de faire mieux sur un seul numéro !

 

Je me joins à tous ceux qui s'en indignent et font Hommage à Marie en publiant son portrait.

 

 

 La page des "Inroks" revue et corrigée par la journaliste Nadia Daam ICI

 

 

  

 

 

Ajout du 17 octobre 2017

 

 

Depuis deux jours sur ce sujet d'un nouveau retour de Bertrand Cantat, j'ai beaucoup entendu, lu aussi : "Il a payé sa dette à la société".
Certains pensent que c'est le cas, d'autres pensent que la dette n'a pas été cher payée, mais là n'est pas le sujet pour moi.
Certains éprouvent de la colère ou même de la haine, et ce n'est pas mon cas. En réalité, pour cette personne, je n'éprouve RIEN.
Aujourd'hui, il n'est pas dans ma réflexion. D'ailleurs, je l'avais "oublié" et je vais faire en sorte de le remettre aux oubliettes.


Cependant, cette phrase "Il a payé sa dette à la société" a beaucoup tourné dans ma tête, et comme souvent pour moi, la nuit m'apporte mes réponses.


Un meurtre, un assassinat, un homicide, ou quelque soit le nom qu'on veuille lui donner, est-il redevable envers quelque société qui soit ? 
Humainement, ma réponse, totalement personnelle est catégoriquement NON ! 


Alors, certes il y a des lois, qui selon le délit ou le crime commis devront être compensés envers la société par des amendes ou de l'emprisonnement.
Mais ôter une vie, cela a t'il une valeur monétaire ou d'emprisonnement qui puisse la compenser, non pas pour la société (ce dont j'avoue je me fous royalement) mais pour ceux qui subissent cette perte ? 
La vie d'un enfant, d'une femme, d'un mari, d'un parent, d'un frère, d'une soeur... à t'elle un prix qui permette tout à coup de supprimer la douleur de ceux et celles qui souffrent de cette vie volée par un acte posé par une autre personne ? Je crois pouvoir affirmer que NON !
Ceux qui doivent affronter le quotidien avec cette monstrueuse blessure vivent, je n'en doute pas, un cauchemar de chaque instant. Certains parviennent à s'éloigner de la colère ou de la haine, certains parviennent dans leur cheminement personnel à pardonner (ce qui ne veut pas dire oublier ou ne plus souffrir), d'autres non. Certaines personnes pourront continuer leur vie en refusant de parler de cette souffrance, d'autres auront besoin d'en parler beaucoup et d'entretenir "la présence", cela aussi appartient à chacun. Pour autant, quelque soit la capacité individuelle à affronter ce quotidien, la souffrance n'en est pas moins présente pour le temps qui leur restera à vivre.


De cette réflexion en est sorti également que si chaque délit ou crime à un prix vis à vis de la société, déjà dans un premier temps, ce prix à payer présente une première injustice qui est celle ne ne pas être équitable pour tout le monde. Ce prix pourra varier si vous avez une certaine notoriété et que donc vous aurez peut-être plus de clémence de la part des jurés (ou au contraire moins). Ce prix sera différent également si vous avez les moyens de vous offrir un des meilleurs avocats ou si vous devrez vous contenter d'un avocat commis d'office qui n'aura pas forcément d'excellentes compétences et expériences pour assurer cette défense.


Maintenant, pour ceux qui sont directement concernés par cette perte monstrueuse d'un être aimé, si en plus cet être aimé est mort dans la souffrance infligée par une autre personne, ce qui ne peut-être oublié (j'envisage très bien que ces images reviennent fréquemment à l'esprit sans même qu'on s'y attende, comme autant de coups de poings dans la gueule ou dans le coeur, même s'ils le vivent dignement), je crois vraiment que la décence, le respect, et oui, le prix à payer pour le reste de la vie de la part de la personne qui a commis l'acte, c'est de faire en sorte d'exister dans le silence et la discrétion vis à vis de tous ceux à qui il à aussi infligé cette torture affective qui ne pourra jamais disparaître. Et même si sa dette à la société, elle, a été payée. 
A mon regard, s'afficher aux yeux de ceux à qui on a infligé cette souffrance de la mort d'un être cher est une véritable provocation et cette provocation m'est tout simplement personnellement et humainement insupportable ! 


J'ai aussi beaucoup réfléchi sur la notion d'homicide involontaire parfois avancée sur ce sujet dont il est question à la base.


La personne qui a posé les actes, et quelque en soit les conditions en dehors de l'accident parfaitement indépendant de la volonté de son auteur (un exemple : un cycliste grille un feu rouge, vous ne le voyez pas arriver, vous le renversez, sa tête frappe le sol et il décède, oui, là c'est un accident), n'a à mes yeux, en effet, aucune responsabilité dans le drame qui s'est produit. Là oui, je conçois parfaitement bien qu'il s'agisse d'un acte involontaire. Idem en cas d'auto-défense.


En revanche, et toujours dans ma vision personnelle de l'analyse d'une situation, une mort provoquée par une perte de contrôle liée à une consommation de stupéfiant, d'alcool, de substance pouvant engendrer une mutation dans le comportement, ne peut plus à mes yeux être qualifié d'involontaire dans la mesure ou l'ingestion de ces produits ne l'était pas involontaire. Cela n'est en RIEN une circonstance atténuante ! 
Voir le texte ICI


Les sociétés humaines, pour la plupart en tous cas, ont occulté depuis longtemps que l'Homme fait partie du règne animal. Nous nous sommes placés au dessus des autres espèces vivantes que nous qualifions souvent comme "les bêtes" (synonymes : stupide, idiot, imbécile, bébête, sot, niais, crétin, balourd, obtus, nigaud, ahuri, inintelligent...). Nous avons, avec cette intelligence dont nous nous gratifions, légiféré et voté des lois pour tenter de faire en sorte que nous puissions vivre ensemble au travers certaines règles et non plus dans le "oeil pour oeil, dent pour dent". Celles-ci évoluent au fil du temps (et heureusement puisque beaucoup de lois datent encore de 1804 pour le code civil promulgué par Bonaparte et de 1810 pour le code pénal ). De ces lois ont émergé des peines pour chaque acte délictueux ou criminel, mais... aucune de ces peines ne pourra jamais effacer la souffrance induite par la mort d'un être aimé, et ce quelque soit le qualificatif qu'un tribunal aura pu lui donner ni par la peine qui aura été prononcée ! 

 

 

 

#lesin­rocks­de­la­honte + Reflexion du 17/10/2017

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Merci tout de même aux "Inrocks" pour ces excuses, même si elles sont faites du bout
des lèvres si je puis dire. Ils l'ont fait, c'est déjà une bonne chose.
 

#lesin­rocks­de­la­honte + Reflexion du 17/10/2017

 

 

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Bonjour Pascale<br /> J'ai lu ton billet avec attention, tout ton billet et je partage évidemment et complètement ta position et tous tes mots. Les excuses des Inrocks me paraissent un tardives et peu crédibles. Un journaliste doit peser et penser tout ce qu'il écrit et dans le cas de Marie la réflexion aurait dû conduire à tout le moins de ne pas parler de Cantat en couverture...<br /> Bises
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A
J'avais lu la première partie de ton article au cours de la semaine passée, mais n'avais pas pris le temps d'y répondre car je n'avais pas l'esprit disponible et on ne peut répondre à un tel sujet avec légèreté.Je comprends tout à fait ta réaction et pense comme toi qu'il devrait avoir la décence de se faire oublier au moins du public que nous sommes. Toutefois j'étais plutôt encline à considérer qu'il était normal qu'il reprenne une vie artistique normale et qui dit vie artistique dit forcément un peu de pub... jusqu'à ce que je lise aujourd'hui des détails que je ne connaissais pas. J'ai suivi "l'affaire" au moment des faits car j'étais très touchée par la mort de Nadine Trintignant pour laquelle j'avais une grande tendresse. Je ne connaissais pas Cantat et ne connaissais Noir Désir que de nom à l'époque car leur musique n'était pas trop ma tasse de thé. J'ai donc découvert cet homme à travers les interviews, les reportages qui étaient diffusés à la télé. J'avais, je l'avoue, un peu pitié de cet homme qui, pour avoir cédé aux vertiges des stupéfiants, voyait sa vie devenir un enfer (sans doute le fait que mon fils aîné était toxicomane à l'époque devait influencer mon jugement car je ne pouvais m'empêcher de penser à lui et d'être, d'une certaine façon, en empathie avec Cantat- mon coeur étant déchiré entre ma compassion et ma révolte pour les coups reçus par Nadine Trintignant et ce que devait ressentir Cantat par ses actes). Donc, à la première lecture, ton article m'a paru un peu dur, je l'avoue, même si je comprenais tout à fait tes propos car il est vrai qu'il est intolérable humainement et émotionnellement que l'auteur d'un crime puisse même continuer à vivre alors que la victime, elle, n'est plus là... mais je ne peux m'empêcher de réagir en tant que mère d'un ex-toxicomane et je me dis que cet homme va déjà payer toute sa vie car il ne pourra oublier et devra vivre avec cette culpabilité... Difficile pour moi de ne pas me demander comment j'aurais réagi dans une telle situation si c'était mon fils qui avait tué !  Puis je reviens après avoir parcouru tous les articles que j'ai raté ces dernières semaines et je tombe à  nouveau sur ton article... où je découvre le rajout du 17 octobre et les commentaires ainsi que tes réponses... et je découvre des détails qui me font comprendre totalement ton article et ta réaction. J'ignorais que son ex-compagne s'était suicidée (moi j'ai le souvenir d'une femme qui l'avait totalement soutenu avant et après le meurtre !) et qu'elle l'avait accusé de violences, ainsi que plusieurs autres témoins dont ses propres musiciens. Ce n'était donc pas un acte isolé, mais bien l'attitude normale d'un homme violent et autoritaire !! Alors là, c'est différent, pas de doute ! Et dans ce cas, il n'a plus aucune excuse ! Et je n'ai plus aucune empathie pour lui !De toute façon, il y a un point sur lequel tu avais raison depuis le début : il n'avait pas à se mettre en avant comme il l'a fait et inrockuptible pouvait parfaitement se contenter d'un entrefilet dans ses pages pour signaler son nouvel album !! La décence nécessitait une certaine discrétion, même s'il continuait sa carrière artistique.Ton article m'a éclairé sur cet homme et ses méfaits et je comprends mieux ta réaction et tes réflexions.<br /> En ce qui concerne la violence faite aux femmes, elle me concerne directement puisque j'ai été violée deux fois dans ma vie lorsque j'étais toute jeune (13 et 15 ans) et donc je trouve normal de ne pas l'accepter, d'autant que, pour ma part, c'était à une époque où il était impossible de se plaindre à qui que ce soit, surtout pas à la police qui pensait que les femmes étaient responsables de ce qui leur arrivait !<br /> Merci pour cet article, ma petite pascale. J'essaie toujours de ne pas répondre tout de suite à un article qui me fait réfléchir et j'ai bien fait. Je te remercie de cet "éclat" qui est salutaire !Je te fais de gros bisous et je te souhaite un bon dimanche.Cath<br /> PS : si tu me réponds sur mes coms, merci de me le signaler car je ne repasse pas systématiquement sur les articles par manque de temps.<br />  
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M
Ce genre de dette à mon avis ne se paye pas si vite, je me met à la place de la famille qui a tant souffert.. La décence n'est pas son fort, je crois...
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B
La justice n'a pas, tout simplement,  fait son boulot, un fiasco face aux violences faîtes aux femmes ! Logiquement on n'aurait jamais dû le revoir en liberté. Bises
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M
moi aussi je suis choquée de ce retour , je pense comme la plupart qu'il devrait se faire oublier . <br /> je suis encore plus outrée de cette chanson , je ne comprend pas comment on peut diffuser de telles paroles et d' avoir fait un verbe avec la victime de ce fou .
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M
J'ai tout lu, pour être mieux éclairée sur ce sujet. Et je suis complètement d'accord avec toi.<br /> Quel lourd tribut paye la femme , dans le monde entier, et ce depuis des sciècles, à la violence de l'homme.<br /> Merci Pascale pour ce billet qui touche au coeur<br /> Bisous
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G
lien vers le Monde et les réactions du magazine ELLE<br /> http://www.lemonde.fr/culture/article/2017/10/17/elle-dedie-son-editorial-a-marie-trintignant-en-reponse-a-la-couverture-des-inrocks-avec-bertrand-cantat_5202040_3246.html
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S
Pretty images of the little sparrow.
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É
Bonsoir Pascale. Je n'aimais pas ce chanteur avant, sauf "Le vent t'emportera" et j'aimais par contre beaucoup Marie Trintignant, excellente actrice très douce. J'ai mal en pensant à la façon dont elle est morte, et je trouve comme toi que Bernard Cantat devrait se faire oublier, par pudeur pour tous ceux que son acte a meurtris. Je ne lis pas ce magazine et ne connais pas le rappeur Orelsan. C'est un honte de le laisser commercialiser des CD avec de tels propos !
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B
Bonsoir Pascale<br /> Je suis d'accord à 100 % et même plus avec ce que tu as écrit et je te dis bravo du fond du coeur.<br /> Merci aussi pour le lien vers l'article parlant du film de Coline Serreau que j'aime énormément. Ses films me touchent tous profondément et représentent ce que je pense.<br /> Bonne soirée<br /> Am
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