Avant de partir, il a revêtu son plumage nuptial...
Pinson du Nord ♂ en plumage nuptial
Fringilla montifringilla - Brambling
(Linnaeus, 1758)
Le Pinson du Nord est un étonnant et magnifique oiseau qui déferle sur nos mangeoires à partir de novembre.
C'est un passereau nomade originaire des forêts boréales de l’Europe et de l’Asie septentrionales (des pays scandinaves à la Russie).
En automne, quand le froid s’installe et que les ressources diminuant, il quitte ses contrées pour hiverner dans des régions plus clémentes. Des milliers d’individus rejoignent alors la France. Certains y restent pour hiverner, d’autres poursuivent le voyage jusqu’à la péninsule Ibérique, voire l’Afrique du Nord. Les oiseaux partant des régions plus à l’Est, comme la Russie, rejoindront plutôt le Moyen-Orient et la Chine. Il n’y a qu’au sud de la Suède et de la Norvège que le Pinson est sédentaire.
Les Pinsons des arbres provenant du Nord et de l’Est de l’Europe migrent également et se mélangent à leurs cousins en hiver.
Les Pinson des arbres européens sont migrateurs partiels, certains migrent plus au Sud, d’autres restent toute l'année, notamment en France.
Le Pinson du Nord voyage en groupe et même en sacrés groupes. Certains convois peuvent contenir plusieurs milliers, voire des millions d’individus, parfois accompagnés de Pinsons des arbres. Lors des haltes migratoires, il est possible de les rencontrer dans les bois dans des dortoirs, où ils se reposent ensemble entre deux vols. Les scientifiques expliquent cette grégarité de plusieurs façons : protection contre les prédateurs, thermorégulation, échange d’informations quant aux ressources alimentaires. Le rassemblement record a été observé en Suisse en 1951, estimé à 72 millions d’individus.
Dans leurs forêts d’été de conifères ou de bouleaux, les Pinsons se nourrissent essentiellement d’insectes. Mais en hiver, au cours de leur migration, leur régime change. Les faines de hêtres, riches en calories, les semences de conifères ainsi que les graines ou les baies font partie de leurs mets favoris sous nos latitudes. Lorsqu’ils ne sont pas dans les champs, ils n’hésitent pas à s’aventurer dans les jardins pour y trouver quelques graines. La variation de ces ressources, comme la fructification des hêtres, peut expliquer les variations d’abondance des Pinsons d’une année sur l’autre.
Au moment où il arrive sur nos mangeoires, à partir des mois d’octobre/novembre selon les années, l’oiseau arbore un plumage inter-nuptial, c’est-à-dire un peu plus sobre qu’en période de reproduction au printemps. Le mâle n’en reste pas moins très éclatant, avec sa poitrine orangée et ses ailes rayées blanches et noires. Il se confond tout à fait avec les sols hivernaux, tapissés de feuilles mortes et de neige. Il ressemble alors à la femelle. Difficile de les différencier…
Ce n’est que vert la fin février-début mars, qu’on peut déjà observer l’apparition de la belle capuche noire de jais du mâle. Sa tête et son bec prennent une teinte plus foncée. Les bandes noires de son manteau s’accentuent. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le plumage ne change pas. L’extrémité des plumes subissent un phénomène d’abrasion comme chez d’autres espèces d’oiseaux. Le Pison vêtu de sa nouvelle tenue est alors prêt pour rentrer se reproduire, chez lui, dans les forêts de ses contrées nordiques. Lors de la parade nuptiale il déploie son poitrail orange et abaisse ses ailes pour exhiber son croupion tout blanc.
Il est intéressant de constater que s’il est extrêmement grégaire lors des migrations, le Pinson du Nord est plutôt solitaire et territorial en période de reproduction. Il est également monogame, mais pas forcément fidèle. Ce qui semble être le cas de nombreux passereaux et en particulier des fringillidés. Des chercheurs allemands ont même repéré un gène de l’infidélité transmis du père à la fille, baptisé le "gène de Casanova".