Balade à Lussan...

par Pascale MD  -  16 Février 2024, 11:05


Lussan est un village perché sur un piton rocheux à 296 mètres. Il est classé comme étant un des "Plus Beaux Village de France". Il trône au milieu de la campagne et de terrains agricoles. Le village propose derrière ses remparts, un entrelacs de ruelles et de placettes. Il offre l’attrait d'une cité médiévale sur un plateau dominant la garrigue.


En février, pas de touriste, juste ses 498 habitants à l'année en 2023. Un seul artisan n'avait pas porte close.

A une vingtaine de kilomètres au nord d'Uzès, Lussan embrasse, derrière ses remparts, un vaste panorama ouvert sur les Cévennes, les Monts d'Ardèche et le Mont Ventoux. Au fil de ses rues étroites, la cité dévoile plusieurs siècles d'histoire, de conflits entre Catholiques et Protestants, ainsi que l'avènement de la production de soie. Hors de ses murs, les impressionnantes Gorges des concluses sont les témoins d'un patrimoine historique et géologique plus anciens encore. 

 


Dès le néolithique, le secteur est habité par l’homme. Cette présence est confirmée par l’occupation de plusieurs grottes le long de la rivière Aiguillon et par le menhir de la Pierre Plantée qui, d’une hauteur de 5,60 mètres, est l’un des plus hauts du Languedoc.

Durant la période gallo-romaine, plusieurs établissements ruraux se sont implantés dans la plaine, en particulier le long de la voie des Helviens. Celle-ci était l’une des 6 voies secondaires qui partaient de Nemausus (Nîmes) en plus de la voie Domitienne et qui conduisait à Alba (Alba-la-Romaine) et Albenate (Aubenas) en passant par Ucecia (Uzès). Le long de cette route, au bas du village, à la sortie d’une source, était implanté un fanum gallo-romain (temple) auprès duquel a été découverte la statue d’une nymphe.
 

 
Le Moyen Age est une période d’accroissement de la population et de défrichements. Hameaux et Mas se développent. Au XIIe siècle, le premier château, dont il reste des parties de muraille, est construit par les seigneurs de Lussan, alliés à la famille de Barjac, elle-même rattachée au Comté de Toulouse.

Dégradé lors de la révolte des Tuchins entre 1381 et 1384, il est réparé puis abandonné au XVe siècle, période durant laquelle Marquèze de Barjac teste en faveur de son petit fils Jacques d’Audibert (sous l’ancien régime, dans les actes notariés, "tester" signifiait "faire son testament"). Cette famille d’Audibert va devenir l’une des plus puissantes de cette région pendant 3 siècles. Elle construit à la fin du XVe siècle, sur le plateau, un nouveau château, abritant actuellement la Mairie, et même une cinquantaine d’années plus tard un troisième, plus confortable avec un parc, face à la source de Fan.

 
Cette famille, alliée aux Montmorency, voit au XVIIème siècle sa seigneurie érigée en Comté. Marie Gabrielle de Lussan, fille unique du comte Jean d’Audibert, épouse en 1700, Henry de Fitz-James, duc d’Albemarle, fils naturel de Jacques II Stuart, Roi d’Angleterre. Celui-ci étant décédé en 1702, elle épousera en 1707 Jean Drummond, duc de Melfort, dont la dynastie restera sur Lussan jusqu’à la révolution de 1789 avant d’émigrer en Angleterre.

 
Au milieu du XVIème siècle, la Réforme touche Lussan où de nombreuses assemblées clandestines ont lieu dans la garrigue. Avec l’Édit de Nantes en 1598, les concessions accordées aux réformés ouvrent une période plus sereine mais sous Louis XIII les pressions religieuses reprennent. Elles s’intensifient en 1685 avec la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV.

 
Le pouvoir royal fait démolir de nombreux temples dont celui de Lussan. Cévennes et Languedoc se soulèvent à partir de 1702, Lussan est touché de plein fouet par la guerre des Camisards ; la région du Mont Bouquet devient rapidement un lieu stratégique de la résistance et de la révolte. C’est l’époque des dragonnades, des conversions forcées, avec leur cortège d’exactions qui touchent les deux religions pendant que les assemblées du Désert se multiplient. En octobre 1703 une bataille se déroule aux pieds de Lussan mettant aux prises des Camisards, conduits par Jean Cavalier, et les troupes royales du marquis de Vergetot. Plusieurs lussannais et lussannaises connaîtront la prison, les galères ou l’exil.

 
La Révolution mettra en avant des notables lussannais comme les Chastanier ou les Gide qui participent à la rédaction des cahiers de doléances. La commune de Lussan est créée en regroupant les paroisses de Lussan et Valcroze. Cette nouvelle commune, très étendue avec prés de 5000 ha, devient chef-lieu de canton. Les biens des Audibert sont portés comme bien d’émigrés et vendus à des particuliers de la commune. Théophile Gide se portera acquéreur du château de Fan qui restera une résidence d’été de la famille jusqu’en 1920. Le château du village sera, quant à lui, racheté progressivement par la municipalité, c’est aujourd’hui le siège de la Mairie.

 
Après la révolution de 1789, catholiques et protestants parviendront à se côtoyer pacifiquement et le XIXème siècle verra à la fois la reconstruction de l’église Saint Pierre au centre du village et la construction d’un nouveau temple en bordure des remparts.

 
Au XIXème siècle, Lussan atteint son apogée avec le développement de la production de la soie. La population dépasse les 1600 habitants. On plante des mûriers, les mas et maisons se transforment en magnaneries et trois filatures fonctionnent dans le village.

L’ouverture des frontières à la soie pratiquée par le second Empire va ruiner cette industrie. Les conséquences de la Grande Guerre de 1914-1918 contribueront par la suite à une désertification progressive du pays avec la diminution du nombre d’exploitations agricoles.

 
Aujourd’hui Lussan et ses hameaux prennent conscience de la richesse de leur patrimoine historique et culturel, de leurs atouts environnementaux et climatiques. Agriculture, artisanat et tourisme deviennent les trois principaux piliers du développement de la commune.

Juste en dessous des fortifications, un très beau corps de ferme toujours habité.


Découvrir Lussan et ses alentours ICI 

 
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Pour ne pas déranger ou déloger les oiseaux pendant cette période cruciale pour leur cycle de vie, l'Office français de la biodiversité, comme la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), recommandent :

Balade à Lussan...

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A
Bonjour Pascale, <br />  Il est heureux que nombre de villages prennent conscience de leur intérêt patrimonial. L'histoire de ce village est intéressante à plus d'un titre et les reconstructions ou restaurations pratiquées permettent de mieux comprendre ce passé qui est aussi partie prenante de notre histoire. Merci pour ce beau reportage. <br /> Bises 
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X
Bonjour Pascale<br /> Après avoir lu ta page bien intéressante sur l'histoire de Lussan, je l'ai reprise pour regarder tes photos qui donnent envie d'aller sur place. Pas besoin (ou presque) de consulter le site de l'O.T. du coin pour se balader dans ruelles.<br /> Bon dimanche et bises montagnardes
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J
Tes photos magnifiques et le récit qui les accompagne donnent envie de se promener dans ce merveilleux petit village. Bon dimanche, Pascale.
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Z
Superbe balade guidée! merci Pascale <br /> Et merci pour le rappel de ne plus tailler les haies - oiseaux , insectes, abeilles , papillons et petits mammifères en ont besoin...<br /> Amitiés et miaou! 
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A
Merci pour la découverte de ce joli village. Bises
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D
Coucou Pascale, un gros merci pour ton merveilleux billet. Ce village a beaucoup de charme, j'aime les maisons aux grosses pierres et la nature alentours est magnifique. Tout semble calme, j'apprécie infiniment.<br /> Gros bisous ♥
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C
bonjour, Pascale<br /> un endroit que je découvre avec plaisir et que je note pour les hors saisons.<br /> un tres beau reportage photo , j'aime ces villages aux bâtisses avec ces vieilles pierres, un sacré charme ..<br /> bonne fin de journée avec ces belles journées printanières du moment<br /> bises<br /> à bientot
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P
Bonjour,<br /> Je te réponds à propos de ma haie : il y en a 60 m en bordure de route . On nous a raboté une large bande de terrain pour agrandir cette route , ce qui 'a jamais été fait  , et creusé un fossé tout du long pour l'écoulement des eaux .Résultat : nous ne pouvons plus l'entretenir nous-mêmes sans risquer de nous casser la figure .. Du côté d'un des deux voisins , nous l'avons arrachée pour lui faire plaisir et remplacée par une rangée de conifères dont sa fille déplore la masse noire .L'autre - nouveau- voisin l'a doublée d'une palissade  avec un soubassement en béton armé , ce qui a bien failli la faire crever .Nous aurions pu la faire sauter et trouver une solution à deux , mais non ... Nous avions choisi ces pyracanthas qu'on nous avait dits d'une variété nouvelle peu épineuse (!!!) pour les baies aimées des oiseaux . De ce côté -là c'est réussi, c'est au moins une consolation !<br /> Et si tu joins à cela les six immenses pins  d'Autriche et leurs chenilles dont les nids énormes s'écrasent directement sur la pelouse , tu vois comme je suis détendue au printemps , surtout avec les 7 chats de haie de la voisine qui adorent mon terrain .Il faut explorer la pelouse chaque matin ,  ramasser et brûler ces abominations de la nature !<br /> Bise .
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M
Coucou Pascale j'ai beaucoup apprécié la découverte de ce petit village et son passé historique très intéressant..agrémenté par tes belles photos.. Douce journée Pascale bises.
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M
notre pays est magnifique, ponctué ça et la de villages anciens qui sont nos patrimoines personnels, en plus s'il y a un château, on en est toutes les princesses. Nous étions dans l'Ain hier et j'y ai découvert un grand château. bonne fin de semaine bisousbisous
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