Balade à Lussan...
Lussan est un village perché sur un piton rocheux à 296 mètres. Il est classé comme étant un des "Plus Beaux Village de France". Il trône au milieu de la campagne et de terrains agricoles. Le village propose derrière ses remparts, un entrelacs de ruelles et de placettes. Il offre l’attrait d'une cité médiévale sur un plateau dominant la garrigue.
En février, pas de touriste, juste ses 498 habitants à l'année en 2023. Un seul artisan n'avait pas porte close.
A une vingtaine de kilomètres au nord d'Uzès, Lussan embrasse, derrière ses remparts, un vaste panorama ouvert sur les Cévennes, les Monts d'Ardèche et le Mont Ventoux. Au fil de ses rues étroites, la cité dévoile plusieurs siècles d'histoire, de conflits entre Catholiques et Protestants, ainsi que l'avènement de la production de soie. Hors de ses murs, les impressionnantes Gorges des concluses sont les témoins d'un patrimoine historique et géologique plus anciens encore.
Dès le néolithique, le secteur est habité par l’homme. Cette présence est confirmée par l’occupation de plusieurs grottes le long de la rivière Aiguillon et par le menhir de la Pierre Plantée qui, d’une hauteur de 5,60 mètres, est l’un des plus hauts du Languedoc.
Durant la période gallo-romaine, plusieurs établissements ruraux se sont implantés dans la plaine, en particulier le long de la voie des Helviens. Celle-ci était l’une des 6 voies secondaires qui partaient de Nemausus (Nîmes) en plus de la voie Domitienne et qui conduisait à Alba (Alba-la-Romaine) et Albenate (Aubenas) en passant par Ucecia (Uzès). Le long de cette route, au bas du village, à la sortie d’une source, était implanté un fanum gallo-romain (temple) auprès duquel a été découverte la statue d’une nymphe.
Le Moyen Age est une période d’accroissement de la population et de défrichements. Hameaux et Mas se développent. Au XIIe siècle, le premier château, dont il reste des parties de muraille, est construit par les seigneurs de Lussan, alliés à la famille de Barjac, elle-même rattachée au Comté de Toulouse.
Dégradé lors de la révolte des Tuchins entre 1381 et 1384, il est réparé puis abandonné au XVe siècle, période durant laquelle Marquèze de Barjac teste en faveur de son petit fils Jacques d’Audibert (sous l’ancien régime, dans les actes notariés, "tester" signifiait "faire son testament"). Cette famille d’Audibert va devenir l’une des plus puissantes de cette région pendant 3 siècles. Elle construit à la fin du XVe siècle, sur le plateau, un nouveau château, abritant actuellement la Mairie, et même une cinquantaine d’années plus tard un troisième, plus confortable avec un parc, face à la source de Fan.
Cette famille, alliée aux Montmorency, voit au XVIIème siècle sa seigneurie érigée en Comté. Marie Gabrielle de Lussan, fille unique du comte Jean d’Audibert, épouse en 1700, Henry de Fitz-James, duc d’Albemarle, fils naturel de Jacques II Stuart, Roi d’Angleterre. Celui-ci étant décédé en 1702, elle épousera en 1707 Jean Drummond, duc de Melfort, dont la dynastie restera sur Lussan jusqu’à la révolution de 1789 avant d’émigrer en Angleterre.
Au milieu du XVIème siècle, la Réforme touche Lussan où de nombreuses assemblées clandestines ont lieu dans la garrigue. Avec l’Édit de Nantes en 1598, les concessions accordées aux réformés ouvrent une période plus sereine mais sous Louis XIII les pressions religieuses reprennent. Elles s’intensifient en 1685 avec la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV.
Le pouvoir royal fait démolir de nombreux temples dont celui de Lussan. Cévennes et Languedoc se soulèvent à partir de 1702, Lussan est touché de plein fouet par la guerre des Camisards ; la région du Mont Bouquet devient rapidement un lieu stratégique de la résistance et de la révolte. C’est l’époque des dragonnades, des conversions forcées, avec leur cortège d’exactions qui touchent les deux religions pendant que les assemblées du Désert se multiplient. En octobre 1703 une bataille se déroule aux pieds de Lussan mettant aux prises des Camisards, conduits par Jean Cavalier, et les troupes royales du marquis de Vergetot. Plusieurs lussannais et lussannaises connaîtront la prison, les galères ou l’exil.
La Révolution mettra en avant des notables lussannais comme les Chastanier ou les Gide qui participent à la rédaction des cahiers de doléances. La commune de Lussan est créée en regroupant les paroisses de Lussan et Valcroze. Cette nouvelle commune, très étendue avec prés de 5000 ha, devient chef-lieu de canton. Les biens des Audibert sont portés comme bien d’émigrés et vendus à des particuliers de la commune. Théophile Gide se portera acquéreur du château de Fan qui restera une résidence d’été de la famille jusqu’en 1920. Le château du village sera, quant à lui, racheté progressivement par la municipalité, c’est aujourd’hui le siège de la Mairie.
Après la révolution de 1789, catholiques et protestants parviendront à se côtoyer pacifiquement et le XIXème siècle verra à la fois la reconstruction de l’église Saint Pierre au centre du village et la construction d’un nouveau temple en bordure des remparts.
Au XIXème siècle, Lussan atteint son apogée avec le développement de la production de la soie. La population dépasse les 1600 habitants. On plante des mûriers, les mas et maisons se transforment en magnaneries et trois filatures fonctionnent dans le village.
L’ouverture des frontières à la soie pratiquée par le second Empire va ruiner cette industrie. Les conséquences de la Grande Guerre de 1914-1918 contribueront par la suite à une désertification progressive du pays avec la diminution du nombre d’exploitations agricoles.
Aujourd’hui Lussan et ses hameaux prennent conscience de la richesse de leur patrimoine historique et culturel, de leurs atouts environnementaux et climatiques. Agriculture, artisanat et tourisme deviennent les trois principaux piliers du développement de la commune.
Juste en dessous des fortifications, un très beau corps de ferme toujours habité.
Découvrir Lussan et ses alentours ICI
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Pour ne pas déranger ou déloger les oiseaux pendant cette période cruciale pour leur cycle de vie, l'Office français de la biodiversité, comme la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), recommandent :
Merci pour eux !