Les conséquences dramatiques des produits phytosanitaires.
Le déclin général de la biodiversité en France et dans le monde est attesté par des publications de plus en plus nombreuses ces vingt dernières années, une alerte qu’a renforcé la parution du rapport 2019 de l’IPBES et d'autres rapports encore depuis. La contamination de l’environnement par les pesticides est identifiée comme l’une des causes principales de cette situation.
La contamination des milieux (eau, sol, air) par les pesticides est une problématique majeure qui interpelle la population et qui n'est pas sans faire écho aux inquiétudes que peuvent susciter l'usage de certaines substances et leurs conséquences pour la santé. Les nombreux rapports sont unanimes sur ce point : OUI l’utilisation de pesticides pour produire des aliments, qu’ils soient destinés à nourrir les populations locales ou à l’exportation est dangereuse ! (Sans parler des produits utilisés par la filière de production alimentaire animale et les antibiotiques qui leur sont inoculés !!!).
Appelés fongicides (pour éliminer les micro-organismes), herbicides ou insecticides, ces substances chimiques peuvent être toxiques pour l’homme. Le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) établie des monographies permettant de classer les substances chimiques en fonction de leur potentiel cancérigène. Les substances chimiques sont classées selon la mention "cancérigène pour l’homme", où l’on retrouve notamment l’amiante ou le benzène. D’autres mentions existent comme : "cancérigène probable" ou "cancérigène possible".
Il faut savoir que de nombreux pesticides utilisés au quotidien dans l’agriculture n’ont pas encore été testés : ils sont donc dits "inclassables". Le risque qu’ils soient cancérigènes est donc potentiel. Le CIRC n’aurait évalué le potentiel cancérigène QUE d’une trentaine de pesticides, une quantité dérisoire alors qu'on peut estimer qu'aujourd'hui environ 800 substances actives sont utilisées par les agriculteurs dans les différents pays du monde.
Une majeure partie des études qui testent les pesticides n’est pas rendue publique. L’industrie des pesticides fournit les résultats de leurs études aux agences gouvernementales, mais elles restent confidentielles et ne sont pas diffusées au grand public.
Aujourd’hui dans le monde, 200 000 personnes meurent chaque année suite à une intoxication due aux pesticides, soit plus de 500 personnes en moyenne par jour. Les pays du Sud sont le plus touchés car certains produits, interdits chez nous depuis des années, y sont encore légalement vendus par les entreprises qui les produisent... en Europe !
Publication de 09/2020 : Des pesticides jugés trop toxiques en Europe continuent tout de même d'être fabriqués dans l'Union Européenne pour être exportés hors U. E. notamment vers des pays en voie de développement... moins regardants. Cette pratique est légale mais elle est épinglée dans un nouveau rapport publié par les ONG Public Eye et Unearthed.
D'après ce rapport, des entreprises européennes ont exporté en 2018, 81 000 tonnes de pesticides interdits en Europe vers le Brésil, l'Ukraine (considéré comme le grenier de l'Europe !!!) ou encore le Maroc, soit au total 85 pays, pour la plupart en voie de développement ou émergents, et où les réglementations sont plus faibles... et les risques plus élevés ! Les ONG dénoncent dans leur rapport des "risques sanitaires et environnementaux dramatiques".
Ces substances chimiques (y compris certains de ceux que l'U.E. utilise toujours) tuent mais ont aussi de nombreux effets sublétaux, donc ceux perturbant l’organisme, sans être forcément mortels.
Selon un rapport : Perte d’orientation, déficience immunitaire, modification de la reproduction… "De plus en plus d’effets non attendus et sans relation claire avec le mode d’action connu sont mis en évidence, par exemple pour ce qui concerne les systèmes nerveux, endocrinien, ou encore les interactions avec les microbiotes".
Sans surprise, cette imprégnation fragilise l’ensemble du vivant, l'Homme comme la faune.
Les animaux les premiers menacés sont celles et ceux qui vivent non loin des champs : abeilles, bourdons, coccinelles, papillons, oiseaux… "Les études disponibles permettent d’affirmer que les produits phytos sont une des causes majeures du déclin des populations" d’insectes, d’oiseaux, d’invertébrés aquatiques, de petits mammifères... "
Les pesticides affectent l'ensemble de la faune sauvage directement et indirectement via les sources d'alimentation et les habitats. L'empoissonnement de la faune sauvage par des insecticides, rodenticides, fongicides (sur les semences traitées) et herbicides très toxiques provoquent un déclin majeur de cette population.
À l’échelle européenne, il est estimé que la contamination induirait des pertes allant jusqu’à 40 % au sein des macro-invertébrés (larves ou mollusques) aquatiques".
Les amphibiens et les Dauphins tomberaient ainsi plus facilement malades.
Un nombre impressionnant et très inquiétant de grands mammifères marins s'échouent sur nos côtes ou, désorientés, pénètrent dans les fleuves. Sont bien évidemment mis en cause la pollution et le réchauffement climatique induits par les activités humaines non raisonnées. Les mammifères marins sont désarmés face à certains pesticides Ces animaux sont dépourvus génétiquement d’un mécanisme de lutte contre des composés organophosphorés neurotoxiques.
L'usage illégal de produits phytosanitaires, pourtant interdits depuis 14 ans, continue donc de semer la mort sur la faune sauvage.
Plusieurs cas d'empoisonnements de grands rapaces ont été découverts, et ce malgré les moyens déployés. La LPO a dénoncé la récurrence de ces épisodes d'empoisonnement et a demandé à ce que tous les moyens soient mis en œuvre pour retrouver le ou les coupables qui semblent agir à dessein. A cela s'ajoute ceux retrouvés criblés de plombs ;-(
Les rapaces sont très présents dans le ciel Cévenol. Pour autant, si l'Hérault et la partie basse du Gard (très viticole) sont loin d'être exemplaires en matière d'utilisation de Pesticides, la partie Cévenole (nord du Gard) est nettement moins touchée, et pour cause... il n'y a quasiment pas de cultures, ce qui, sur ce point, est une bonne chose !
La cause principale de mort des rapaces : un insecticide de la famille des carbamates, figurant parmi les pesticides les plus toxiques pour l’homme (classé "très dangereux" par l’Organisation mondiale de la Santé) et dont l’usage est interdit en France depuis 2008. Pourtant sa vente a continué de prospérer sur les sites internet, sans aucune restriction.
En 2018, le site Grands Causses de la LPO France, la LPO Aveyron, le Parc national des Cévennes, le Parc naturel régional des Grands Causses, la Fédération départementale des chasseurs de la Lozère, les syndicats apicoles de la Lozère et de l’Aveyron ont dénoncé ces comportements qui constituent un délit : en effet, la destruction, volontaire ou involontaire d’espèce protégée est punie de deux ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende. Tous les efforts, humains et financiers, mis en oeuvre pour la réintroduction, la protection des espèces et la préservation de la biodiversité dans son ensemble sont, par conséquent, mis à mal par l’utilisation de ces biocides.
Une étude de l’ONG Générations Futures a été réalisée en 2019 à partir de données publiques s'appuyant notamment sur les ventes déclarées par les distributeurs de produits phytosanitaires. On y apprenait que la Charente-Maritime, se trouvait en tête du classement, achetant le plus de glyphosate par rapport à sa surface cultivée (241 058,78 kg). Suivi de la Gironde (185 361,67 kg), la Marne (184 105,33 kg), la Charente (178 338,22 kg) et le Lot-et-Garonne (146 432,11 kg). Il était précisé que ces chiffres étaient à relativiser, "car certains achats effectués fin 2018 auraient été faits pour anticiper la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD), entrée en vigueur le 1er janvier 2019". En Occitanie, le Gard, l'Hérault et l'Aude faisaient également partie des 15 départements qui ont acheté, et donc utilisé, le plus de pesticides en 2018/2019.
En 2021, la carte des tonnages d’achats de pesticides par département n'a malheureusement pas réellement évolué vers un comportement plus vertueux.
Certains des département, comme celui des Landes, figurent à priori parmi ceux ayant fait de réels efforts avec des chiffres officiels d'achats de pesticides en baisse de 30 % entre 1999 et 2019. Cependant, les chiffres donnés semblent toutefois sérieusement pipés. Par exemple, dans ce département, sur les 20 pesticides les plus utilisés en 2019, seulement 5 sont recherchés dans l’eau potable !!! Lorsque les services de l’état ont été interrogés sur l’écart entre les produits recherchés et les produits réellement utilisés, les réponses obtenues étaient pour le moins étonnantes : "la gestion de la pandémie actuelle serait révélatrice de ces dysfonctionnements" (Sic).
Il faut donc mettre un bémol sérieux sur les résultats donnés par les services de l'état et laissant ainsi envisager que certains départements seraient plus vertueux. D'autant que : En 2008, le gouvernement lançait le programme Écophyto dont l’objectif était de réduire de moitié l’usage des pesticides en dix ans. Sauf qu’en 2015, l’utilisation des produits phytosanitaires avait finalement... augmenté de 22 % ! Face à ce fiasco, l’objectif de -50 % de pesticides a été reporté à... 2025 !!!
En juillet 2020, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a commandé un rapport sur l’efficience des fonds publics dédiés à la réduction de l’usage des pesticides. Le dossier a été déposé sur son bureau en mars 2021, mais n’a jamais été rendu public. L’association France Nature Environnement (FNE) a toutefois réussi à se le procurer en recourant à la Commission d’accès aux documents administratifs, l'a diffusé le mercredi 23 mars. Ce rapport dresse un diagnostic complet et un bilan très décevant des quatorze dernières années d’actions politiques en matière de réduction de l’usage des pesticides, indique FNE dans un communiqué de presse. Ce rapport n’a jamais été rendu public non plus de la part du Ministère, et pourtant ses auteurs font état de solutions réalistes et rapidement applicables. L’association accuse donc le Ministère de l’Agriculture d’avoir sciemment voulu dissimuler ses échecs. Sollicité par Reporterre, le cabinet de Julien Denormandie n’a pas non plus répondu à ses questions.
Janvier 2022 au sujet des pesticides : le gouvernement ne répond pas à l’injonction du Conseil d’Etat de "mieux protéger la population". Le texte publié le 26 janvier n’augmente pas les distances de sécurité pour les produits suspectés d’être cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, comme l’avait demandé le juge administratif.
Bref, on n'est pas sortis du sable !!!!
Dans tous ce fatras, le 14 septembre, une bonne nouvelle du Tribunal de l'Union Européenne pour la lutte de Pollinis : ICI