Pause longue sur les blockhaus de Capbreton

par Pascale MD  -  20 Mars 2018, 16:29

 

Il suffit de franchir la dune de quelques pas pour les découvrir.
Etrange vision que ces colosses de béton à l'abandon, piquant du nez face à l'Océan.

Dans les Landes, en 1943, ces fortifications trônaient sur la seconde dune, à 80 mètres des flots (Le mur de l'Atlantique).

A  cette époque, les blockhaus de Capbreton étaient enfouis dans la végétation et étaient accessibles par des petits sentiers.

A présent, ils ne sont plus séparés de l'océan que de quelques mètres et sont immergés à chaque marée haute, illustrant magistralement
le phénomène d'érosion qui frappe toute la côte d'Aquitaine. En effet, ils ont, un à un, dévalé la dune. Ils sont pourtant restés à l’endroit même où
ils ont été construits. C’est la dune elle-même qui a reculé et s'est retirée de dessous leurs fondations par les effets de la montée de l'Océan,
suite à la construction d'une digue en 1970.

Pour remédier à cette diminution des plages, de vastes travaux ont été entrepris pour permettre un ré-ensablage automatique (dès l'année 2007
selon un système unique en Europe). Grâce à des tuyaux placés sous la côte et à un ingénieux système de pompes, le sable qui s'accumule sur la
plage nord de la station en raison des courants est transféré sur la plage sud qui souffre de l'érosion océanique. Ce système qui assure le transit
de 100 000 m3 de sable par an permet d'offrir aux touristes une plage toujours découverte à marée haute, tout en évitant le bal des camions bennes
qui, avant la mise en place de ce système, empoisonnait la ville.

Quant aux blockhaus, présences imposantes qui défient l’océan par tous les temps (mais il reste le plus fort), ils font désormais partie intégrante du
paysage de ces plages. C'est une zone de mémoire de notre histoire, mais aussi de création aux artistes de street-art. En effet, ces murs exposés aux
éléments constituent des supports permettant de laisser libre cours à l’imagination des graffeurs qui s’y succèdent au fil des ans et des saisons.
Les marées, quant à elles, se chargent d'en faire des oeuvres éphémères en les nettoyant de leurs assauts quotidiens, deux fois par jour.

 

Pause longue sur Capbreton

 

 

"A la Libération, ils n'étaient pas tous terminés à Capbreton.
Tous étaient construits sur le même modèle, ils faisaient 5m50 de hauteur totale sur 2 m d'épaisseur.

On commençait par faire, en terrassement, une dalle de propreté de 5 ou 6cm, suivant le tracé d'emplacement du blockhaus.
Ce trou de terrassement était enterré à 2m ou 2m50.

Un ferraillage était fait pour la partie du dessous. Les fers utilisés avaient une longueur de 13m sur 12mm, attachés avec du fil de fer et placés tous les 25 cm.
Dessus on implantait un coffrage en bois. Puis on coulait le béton.

Les galets et graviers venaient de l'Adour. Ils arrivaient par la voie ferrée au niveau du Foyer Logement actuel.
C'était un terrain vague qui servait au stockage des matériaux. Le tout était chargé sur un DECAUVILLE qui passait de la Gare au Pont Lajus,
sur le côté droit et prenait la route du "Prévent". A la dernière maison, 50m avant le fronton, il coupait la route et partait à "La Savane" par une piste cimentée.

Une batterie de blockhaus a ainsi été bâtie sur la dune, avec un recul de 80 mètres par rapport à la mer. Les blockhaus étaient armés de pièces de batterie
de 105 françaises et recouverts de sable, de sacs, de filets et de branchages, pour le camouflage". 

A leur départ, les Allemands ont fait sauter les blockhaus par l'arrière.

Souvenirs de M.PIERMAY, recueillis par Anne-Marie Bellenguez

Pause longue sur Capbreton

 

Landes 2016 : enfoui depuis 30 ans, un blockhaus réapparaît sur la plage : ICI  


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L
Bonjour MadameJe cherchais des photos des blockhaus de Capbreton avant qu'ils ne tombent dans l'océan mais vous dites que ce sont les allemands qui les ont plastiqués à leur départ en 1944.... Je ne risquais pas d'en trouver. Avez vous d'autres éléments sur ces engins de guerre?MerciCordialement06 68 11 63 37
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S
Re-bonsoir Pascale ! Je ne connais pas du tout cet endroit mais d'autres plages avec des blockhaus... Je trouve que la pose longue, en plus d'être artistique, donne une toute autre dimension aux blockhaus.  La deuxième photo est tout particulièrement impressionnante, j'aime beaucoup. Bravo à toi et merci de ce partage qui honore une page de notre histoire... 
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C
waouh elles sont magnifiques ces photos de ce coin de plage que je connais bien, bel effet avec cette pause longue, j'aime beaucoup. heureuse que cet arbre te plaise, j'avoue que j'ai aimé travailler dans le mouillé et cette palette de couleurs; j'ai été très touchée par les com ici ou sur FB, cela me conforte dans ce choix de travailler ainsi. bises.celine
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E
Effet magique et poétique... je les ai vus, mais c'était moins beau que sur tes photos
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A
Bonjour Pascale ,<br />  Ta façon de traiter ces photos apporte une touche différente de la vision qu'on en a habituellement. Le fait s'y trouver des œuvres  éphémères de street art ajoute encore à ma confusion. A tel point que qu'on en oublie qu'il s'agit d'ouvrage de guerre.<br /> Moralité : étonnant, surprenant, voire déstabilisant à l'image de ces blocs de béton renversés.<br />  Bises 
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E
impressionnantes  photos  bien captées. <br /> Merci et bon 1er mai à toi aussi Pascales
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S
Impressive phenomenon with the erosion of sand !! Glad they invented a system to replenish the beach with sand. Great photos and I love the misty aura you've created above the water.
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A
Bonjour Pascale<br /> je me pose une question: mais comment ai-je pu rester si longtemps sans pouvoir admirer tes photos?????? Tu arrives même à rendre esthétiques, voire poétiques ces blocs de béton.... Chapeau bas!<br /> Belle journée à toi<br /> Gros bisous
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M
Bonjour Pascale,<br /> Tes deux photos en pose longue sont spectaculaires! Ces vestiges resurgis sont vraiment des témoins émouvants d'une époque pas si lointaine!<br /> Bises<br /> Mireille
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X
Bonjour Pascale<br /> Curieux effets induits par cette pose longue apportant un aspect presque dématérialisé aux clichés. Au final d'un reste d'élément d'une tragédie, la pose la place hors du temps. Il faudrait que je m'y essaie .... après un stage chez toi organisé pour les visiteurs de ton Blog ?<br /> Bises
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