Pause longue sur les blockhaus de Capbreton
Il suffit de franchir la dune de quelques pas pour les découvrir.
Etrange vision que ces colosses de béton à l'abandon, piquant du nez face à l'Océan.
Dans les Landes, en 1943, ces fortifications trônaient sur la seconde dune, à 80 mètres des flots (Le mur de l'Atlantique).
A cette époque, les blockhaus de Capbreton étaient enfouis dans la végétation et étaient accessibles par des petits sentiers.
A présent, ils ne sont plus séparés de l'océan que de quelques mètres et sont immergés à chaque marée haute, illustrant magistralement
le phénomène d'érosion qui frappe toute la côte d'Aquitaine. En effet, ils ont, un à un, dévalé la dune. Ils sont pourtant restés à l’endroit même où
ils ont été construits. C’est la dune elle-même qui a reculé et s'est retirée de dessous leurs fondations par les effets de la montée de l'Océan,
suite à la construction d'une digue en 1970.
Pour remédier à cette diminution des plages, de vastes travaux ont été entrepris pour permettre un ré-ensablage automatique (dès l'année 2007
selon un système unique en Europe). Grâce à des tuyaux placés sous la côte et à un ingénieux système de pompes, le sable qui s'accumule sur la
plage nord de la station en raison des courants est transféré sur la plage sud qui souffre de l'érosion océanique. Ce système qui assure le transit
de 100 000 m3 de sable par an permet d'offrir aux touristes une plage toujours découverte à marée haute, tout en évitant le bal des camions bennes
qui, avant la mise en place de ce système, empoisonnait la ville.
Quant aux blockhaus, présences imposantes qui défient l’océan par tous les temps (mais il reste le plus fort), ils font désormais partie intégrante du
paysage de ces plages. C'est une zone de mémoire de notre histoire, mais aussi de création aux artistes de street-art. En effet, ces murs exposés aux
éléments constituent des supports permettant de laisser libre cours à l’imagination des graffeurs qui s’y succèdent au fil des ans et des saisons.
Les marées, quant à elles, se chargent d'en faire des oeuvres éphémères en les nettoyant de leurs assauts quotidiens, deux fois par jour.
"A la Libération, ils n'étaient pas tous terminés à Capbreton.
Tous étaient construits sur le même modèle, ils faisaient 5m50 de hauteur totale sur 2 m d'épaisseur.
On commençait par faire, en terrassement, une dalle de propreté de 5 ou 6cm, suivant le tracé d'emplacement du blockhaus.
Ce trou de terrassement était enterré à 2m ou 2m50.
Un ferraillage était fait pour la partie du dessous. Les fers utilisés avaient une longueur de 13m sur 12mm, attachés avec du fil de fer et placés tous les 25 cm.
Dessus on implantait un coffrage en bois. Puis on coulait le béton.
Les galets et graviers venaient de l'Adour. Ils arrivaient par la voie ferrée au niveau du Foyer Logement actuel.
C'était un terrain vague qui servait au stockage des matériaux. Le tout était chargé sur un DECAUVILLE qui passait de la Gare au Pont Lajus,
sur le côté droit et prenait la route du "Prévent". A la dernière maison, 50m avant le fronton, il coupait la route et partait à "La Savane" par une piste cimentée.
Une batterie de blockhaus a ainsi été bâtie sur la dune, avec un recul de 80 mètres par rapport à la mer. Les blockhaus étaient armés de pièces de batterie
de 105 françaises et recouverts de sable, de sacs, de filets et de branchages, pour le camouflage".
A leur départ, les Allemands ont fait sauter les blockhaus par l'arrière.
Souvenirs de M.PIERMAY, recueillis par Anne-Marie Bellenguez
Landes 2016 : enfoui depuis 30 ans, un blockhaus réapparaît sur la plage : ICI