Des Nomades d'une incroyable longévité...
Flamants roses (adultes)
Phoenicopterus roseus - Greater Flamingo
(Pallas, 1811)
De l’Andalousie à Agde, en passant par la Tunisie, la Sardaigne, la Camargue et récemment les étangs de Frontignan !
Les Flamants roses peuvent migrer et leur baguage par les ornithologues permet de retracer leur périple.
Une femelle baguée poussin à la lagune de Fuente de Piedra en Andalousie le 20 juillet 1991 “2/V2” (de son nom de code) a été observée juste un mois plus tard le 16 août 1991 à Agde dans la réserve naturelle nationale du Bagnas. Elle voyage ensuite aux quatre coins de Méditerranée occidentale et se reproduit une première fois dès mai 2 000 dans le célèbre étang du Fangassier en Camargue. Et voilà que le 19 décembre 2021, elle est observée dans l’étang d’Ingril à Frontignan ! Soit déjà une belle existence de 30 années !
Le plus vieux Flamant rose connu en France de 44 ans a été "coché" et photographié à Frontignan !
Pour que cette vie sauvage s’épanouisse ainsi, il est nécessaire de préserver, partout en Méditerranée, des havres de paix telles que les réserves naturelles, les parcs régionaux et nationaux, les sites Natura 2000 et ceux du Conservatoire du littoral !
Les Flamants roses sont des nomades au-delà des frontières. Ils parcourent la Méditerranée depuis la nuit des temps, parfois pendant près de 50 ans, ce que démontrent les dernières observations naturalistes !
On pense communément "Flamant" en tant que Flamant rose, pourtant ce sont six espèces de Flamants qui fréquentent notre planète : le Flamant rose (greater flamingo, Phoenicopterus roseus) ; le Flamant des Caraïbes ou flamant de Cuba ou flamant rouge (caribbean flamingo, Phoenicopterus ruber) ; le Flamant du Chili (Chilean flamingo, Phoenicopterus chilensis) ; le Flamant nain (Lesser flamingo, Phoeniconaias minor) ; le Flamant des Andes (Andean flamingo, Phoenicoparrus andinus) et le Flamant de James (Puna flamingo, Phoenicoparrus jamesi).
Parmi ces six espèces de Flamants c’est l’espèce Phoenicopterus roseus, le Flamant rose, qui fréquente surtout la Méditerranée avec environ 50.000 individus entre printemps et été. Parfois le Flamant des caraïbes ou le Flamant nain peuvent y faire quelques incursions, souvent des échappés de parcs animaliers qui se sont installés en compagnie de leurs cousins. Cependant on peut remarquer en Camargue plusieurs Flamants nains dont deux couples nicheurs venus s’installer sur l’ilôt du Fangassier et régulièrement observés depuis quelques années).
Le Flamant rose est aussi présent en Afrique du sud et de l’est, surtout au Kenya et Tanzanie, mais aussi en Namibie, Angola, Sénégal, Guinée ou Sierra Léone. Et plus curieusement parfois en plein Sahara, en Algérie, dans certains chotts et sebkhas (Ezzemoul). On le rencontre aussi sur la côte ouest de Madagascar. Au Moyen-Orient, il est présent sur la côte ouest de l’Arabie saoudite, en Irak, en Iran. Enfin en Asie il fréquente l’Inde et plus rarement le Pakistan.
C’est un oiseau qui peut parcourir près de 200 km dans la journée pour trouver sa nourriture préférée (crevettes artemias, vers, insectes…). Il ne se reproduit pas forcement chaque année.
Pour se nourrir, se reposer, se toiletter, et surtout se reproduire, les flamants roses ont besoin de grands espaces naturels de zones humides, de lagunes peu profondes, saumâtres ou salées, d’îlots peu ou pas végétalisés.
Si la population méditerranéenne de Flamants est enfin plutôt en bonne santé et même en extension (ce qui oblige d’ailleurs en Camargue à trouver certains équilibres avec d’autres activités humaines), la fragilité du bon état de conservation des zones humides, dont 35 % ont déjà disparu en 50 ans, conditionne largement leur survie ailleurs dans le monde.
Ainsi, le million de flamants du célèbre lac Lakuru au Kenya a largement déserté en 2017 ce hot spot écologique mondial en raison de l’adoucissement du lac (facilité par le défrichement de forêts en amont), et de problèmes de pollution et d’urbanisation.
Insolite : Le 22 septembre 2021, une vingtaine de jeunes Flamants rose accompagnés d'un seul adulte ont décidé de s'installer pour un an dans la réserve naturelle du marais d'Orx dans les Landes (eaux ni saumâtres ni salées !!!). Une visite en nombre très inhabituelle sur ce site de la façade atlantique. Ils ont quitté les lieux après presque une année, ce qui a démontré qu'il étaient parfaitement capables de s'adapter en matière d'alimentation et de survivre même si du coup ils sont restés très blanchâtres. En revanche, les lieux n'étaient pas du tout adaptés pour faire les îlots pouvant accueillir l'unique oeuf.
Étonnamment, d'autres jeunes Flamants (une vingtaine de nouveau) sont venus les remplacer au Marais d'Orx il y a peu.