L'élégance en brun et blanc
Bernache cravant
Branta bernicla - Brant Goose
Janvier 2022
La bernache cravant, est une petite oie, à peine plus grande qu'un canard colvert, est facilement
reconnaissable à ses couleurs et au petit collier blanc que les adultes portent au cou.
L'oiseau se reproduit dans la toundra sibérienne et parcourt jusqu'à 9 000 km pour venir se reposer,
l'hiver, sur le littoral du Penthièvre mais avec néanmoins une préférence (tout du moins en nombre)
pour celui de Morieux et également en bon nombre sur le bassin d'Arcachon. Autant dire qu'il fait
un sacré voyage !
La première migration des jeunes oies s'effectue en famille. C'est le voyage d'apprentissage.
Les jeunes mémorisent ainsi le trajet entre le site de reproduction et les quartiers d'hiver.
Bien que vivant parfois en groupe de plusieurs milliers d'individus, on repère assez facilement les cellules
familiales composées des deux parents et de leurs petits, ceux-ci étant dépourvus du joli collier blanc.
Pourquoi une telle migration ? Pour manger pardi ! La neige et la glace de l'hiver sibérien rendant
impossible l'accès à la nourriture. Chez nous, elle trouve alors algues et plantes marines pour se nourrir.
On sait aujourd'hui que le succès de leur reproduction dépend aussi de l'énergie qu'elles ont
accumulée pendant l'hiver. Si elles sont trop dérangées, elles ne pourront tout simplement pas
nicher. Le calme leur est donc très important.
La bernache cravant peut être observée sur le littoral de l'Ouest français entre septembre et mars,
parfois un peu avant, ou après pour les retardataires.
Ces incroyables migrateurs
Sur environ 600 espèces d'oiseaux terrestres qui nichent en Europe et en Asie, 40 % migrent en automne pour gagner des régions plus favorables et trouver de la nourriture. Si la plupart restent sur leur continent d'origine, certaines espèces effectuent des milliers de kilomètres pour rejoindre leur destination finale.
La Sterne arctique : son aire de reproduction se situe dans les plus hautes latitudes de l'hémisphère Nord, alors que sa zone d'hivernage se situe dans l'hémisphère opposé, en Antarctique. Cette migration lui permet de profiter de deux étés en un an et de se nourrir toute l'année. Ces oiseaux parcourent des dizaines de milliers de kilomètres lors de leur migration. Cela explique en partie pourquoi c'est une sterne arctique qui détient le record du plus long vol migratoire avec 96.000 kilomètres parcourus entre juillet 2015 et mai 2016. Partie des îles Farne dans le nord de l'Angleterre, l'oiseau a fait un périple autour du monde en passant par l'Afrique du Sud, l'Antarctique et l'océan Indien. Sachant qu'une sterne arctique peut vivre jusqu'à 30 ans, on estime qu'elle peut parcourir l'équivalent de quatre fois la distance Terre-Lune au cours de sa vie.
Deuxième du classement, le Puffin fuligineux couvre sans problème les 64.000 kilomètres aller-retour au-dessus du Pacifique durant sa migration, alors qu'il pèse à peine 800 grammes !
Autre exploit, celui du Manchot Adélie qui effectue les 18.000 kilomètres de sa migration... à pied, puisqu'il ne sait pas voler. Durant l'hiver, il vit dans les eaux au nord du cercle Antarctique, près de la bordure de la banquise. L'été, il rejoint le continent pour rejoindre la terre ferme et se reproduire, parcourant entre 13.000 et 18.000 kilomètres. Avec toutefois une petite astuce : embarquer à bord des icebergs dérivant pour accélérer le voyage.
Comparativement les Grues cendrées sont de "petites voyageuses" qui migrent sur environ 2 500 km de distance. Elles passent l'hiver du Sud de la France jusqu'en Afrique du Nord et passent ensuite l'été dans leur pays de reproduction au nord de l'Europe (Suède, Norvège, Finlande...).
En 2020, une Barge rousse bat tous les records de vol entre l'Alaska et la Nouvelle-Zélande. Selon des scientifiques, le spécimen (une Barge rousse mâle) a parcouru plus de 12.000 kilomètres en onze jours sans s'interrompre. Il s'agit bien d'un record, celui de la plus longue migration ininterrompue pour un oiseau. Le précédent remontait à 2007 et avait déjà été établi par une Barge rousse qui avait parcouru 11.680 kilomètres sans s'arrêter. La Barge profite de son corps léger et de son envergure de 70 à 80 cm, pour réaliser sa migration sans s'arrêter.