La Camargue devenue le principal site d’hivernage des grues en France...
Grue cendrée
Grus grus - Common Crane
(Linnaeus, 1758)
Au fil des années, les Grues cendrées sont devenues, avec le Flamant Rose, le deuxième oiseau emblématique de Camargue.
Cette année, nous avons fait notre première observation de leur arrivée le 14 novembre en nous rendant au Scamandre. De cet endroit, nous les entendions nettement sans pour autant les voir, ni au sol, ni en vol.
Après notre balade au Scamandre, nous avons fait une virée alentours près des cultures. Cela nous a permis de voir un groupe d'environ 200 individus dans un champ de blé dur derrière une roselière, juste pour le plaisir de les apercevoir.
Fin novembre cette fois, après une journée dans l'Hérault, nous prenons le chemin des écoliers pour rentrer vers les Hautes-Cévennes. Cette fois, Les Grues cendrées sont bien plus présentes et dans une meilleure proximité, mais la nuit ne va pas tarder à descendre et la lumière va manquer, nous reviendrons...
Elles commencent en général à arriver sur la Camargue pendant la dernière décade d'octobre et les vagues successives s'échelonnent durant tout le mois de novembre. Les départs auront lieu à la fin du mois de février (autour du 20) et se poursuivront jusqu'à la mi-mars.
L'effectif des Grues cendrées grossit à vue d'oeil. De 300 oiseaux en 2007, c'est un peu plus de 22 300 Grues qui ont hiverné en Camargue durant l'hiver 2020-2021 puis 26 000 individus l'hiver 2022-2023.
Les populations de Grues en Camargue sont donc en forte augmentation. En quelques années, la Camargue est ainsi devenue, à ma grande surprise, le principal site d’hivernage des Grues en France devant le lac du Der-Chantecoq en Champagne ou le site d’Arjuzanx en Aquitaine. Mais aussi plus important que les grandes plaines du centre de l’Espagne.
Depuis 2007, la Tour du Valat coordonne le comptage des grues cendrées hivernantes en Camargue.
Pour les agriculteurs produisant d'autres graines que le Riz, le Blé dur ou le Colza, ce nombre devient problématique par le piétinement intensif des graines en germination.
(Lire l'article en bas de page).
Sur la photo du dessous, tous les points et fils que vous pouvez observer ne sont pas des taches sur mon capteur. Ces fils très nombreux sont bien visibles au ras des tiges de blé dur dans certains champs. Ils étaient aussi visibles sur certains arbres, les fils électriques... Ces fils sont souvent très localisés, d'ailleurs sur du dessus prise un peu plus loin mais le même jour, il n'y a pas ces fils.
Nous avons déjà observé ce phénomène d'autres années. D'ailleurs cette année, il s'est aussi produit au refuge durant une petite semaine fin novembre.
Il s’agirait de fils de dispersion émis, à l’automne, par une variété d’Araignée qui se servent de ces fils comme d’une voile qui, prise dans le vent, leur permet de se déplacer. En s’agrégeant dans l’air, ces fils, plus fins qu’un cheveux, peuvent former des fils plus épais.
Le phénomène des fils de dispersion des araignées est très connu des jardiniers. Il est en fait très fréquent. On l’appelle "fil de la vierge" car jadis, les gens pensaient que la vierge envoyait ces fils sur terre. Parfois ce phénomène, selon certaines circonstances météo comme c'était le cas ce jour là, peut prendre beaucoup d'ampleur.
Lors de nos deux dernières sorties en Camargue, nous avons pu constater que contrairement aux années précédentes, beaucoup des roseaux qui longent les canaux et les champs n'ont pas été coupés cette année. Certes, cela complique les choses pour les photographes, et si je n'ai pas d'explication précise, j'envisage (et ce serait une bonne idée) que ce choix a été fait en raison du déclin de la faune sauvage ces 10 dernières années. En effet, maintenir cette barrière naturelle permettrait de préserver les animaux du dérangement induit par les hommes... et ce serait vraiment une excellente chose !
Une roselière est un marais d'eau douce où domine une végétation émergeante dense composée de roseaux (Phragmites communis) et se développe souvent en périphérie des étangs de façon spontanée. C'est ainsi qu'elle est présente depuis des siècles sur les bords des étangs du Scamandre-Crey-Charnier et représente avec près de 3000 hectares d'un seul tenant, une des plus grandes roselières d'Europe.
La coupe du roseau ou "sagne" effectuée mécaniquement en hiver depuis les années 50 permet un maintien à long terme de la roselière en la rajeunissant.
Ce milieu, d'un très grand intérêt avifaunistique, jouant un rôle primordial dans la reproduction de nombreuses espèces d'oiseaux dites "paludicoles" comme la Panure à moustache, le Héron pourpré, la Talève sultane ou encore le Butor étoilé.
Biodiversité : En Camargue, la population de grues cendrées s’envole : ICI