La Camargue devenue le principal site d’hivernage des grues en France...

par Pascale MD  -  18 Novembre 2023, 21:01


 Grue cendrée
Grus grus - Common Crane
(Linnaeus, 1758)


Au fil des années, les Grues cendrées sont devenues, avec le Flamant Rose, le deuxième oiseau emblématique de Camargue.


Cette année, nous avons fait notre première observation de leur arrivée le 14 novembre en nous rendant au Scamandre. De cet endroit, nous les entendions nettement sans pour autant les voir, ni au sol, ni en vol.

Après notre balade au Scamandre, nous avons fait une virée alentours près des cultures. Cela nous a permis de voir un groupe d'environ 200 individus dans un champ de blé dur derrière une roselière, juste pour le plaisir de les apercevoir.
 


Fin novembre cette fois, après une journée dans l'Hérault, nous prenons le chemin des écoliers pour rentrer vers les Hautes-Cévennes. Cette fois, Les Grues cendrées sont bien plus présentes et dans une meilleure proximité, mais la nuit ne va pas tarder à descendre et la lumière va manquer, nous reviendrons...
 


Elles commencent en général à arriver sur la Camargue pendant la dernière décade d'octobre et les vagues successives s'échelonnent durant tout le mois de novembre. Les départs auront lieu à la fin du mois de février (autour du 20) et se poursuivront jusqu'à la mi-mars.
 

 

L'effectif des Grues cendrées grossit à vue d'oeil. De 300 oiseaux en 2007, c'est un peu plus de 22 300 Grues qui ont hiverné en Camargue durant l'hiver 2020-2021 puis 26 000 individus l'hiver 2022-2023.

 

 
Les populations de Grues en Camargue sont donc en forte augmentation. En quelques années, la Camargue est ainsi devenue, à ma grande surprise, le principal site d’hivernage des Grues en France devant le lac du Der-Chantecoq en Champagne ou le site d’Arjuzanx en Aquitaine. Mais aussi plus important que les grandes plaines du centre de l’Espagne.

Depuis 2007, la Tour du Valat coordonne le comptage des grues cendrées hivernantes en Camargue.

 
Pour les agriculteurs produisant d'autres graines que le Riz, le Blé dur ou le Colza, ce nombre devient problématique par le piétinement intensif des graines en germination.
(Lire l'article en bas de page).


Sur la photo du dessous, tous les points et fils que vous pouvez observer ne sont pas des taches sur mon capteur. Ces fils très nombreux sont bien visibles au ras des tiges de blé dur dans certains champs. Ils étaient aussi visibles sur certains arbres, les fils électriques... Ces fils sont souvent très localisés, d'ailleurs sur du dessus prise un peu plus loin mais le même jour, il n'y a pas ces fils.

Nous avons déjà observé ce phénomène d'autres années. D'ailleurs cette année, il s'est aussi produit au refuge durant une petite semaine fin novembre.
 


Il s’agirait de fils de dispersion émis, à l’automne, par une variété d’Araignée qui se servent de ces fils comme d’une voile qui, prise dans le vent, leur permet de se déplacer. En s’agrégeant dans l’air, ces fils, plus fins qu’un cheveux, peuvent former des fils plus épais. 

Le phénomène des fils de dispersion des araignées est très connu des jardiniers. Il est en fait très fréquent. On l’appelle "fil de la vierge" car jadis, les gens pensaient que la vierge envoyait ces fils sur terre. Parfois ce phénomène, selon certaines circonstances météo comme c'était le cas ce jour là, peut prendre beaucoup d'ampleur.

 

 
Lors de nos deux dernières sorties en Camargue, nous avons pu constater que contrairement aux années précédentes, beaucoup des roseaux qui longent les canaux et les champs n'ont pas été coupés cette année. Certes, cela complique les choses pour les photographes, et si je n'ai pas d'explication précise, j'envisage (et ce serait une bonne idée) que ce choix a été fait en raison du déclin de la faune sauvage ces 10 dernières années. En effet, maintenir cette barrière naturelle permettrait de préserver les animaux du dérangement induit par les hommes... et ce serait vraiment une excellente chose !


Une roselière est un marais d'eau douce où domine une végétation émergeante dense composée de roseaux (Phragmites communis) et se développe souvent en périphérie des étangs de façon spontanée. C'est ainsi qu'elle est présente depuis des siècles sur les bords des étangs du Scamandre-Crey-Charnier et représente avec près de 3000 hectares d'un seul tenant, une des plus grandes roselières d'Europe.
 

 
La coupe du roseau ou "sagne" effectuée mécaniquement en hiver depuis les années 50 permet un maintien à long terme de la roselière en la rajeunissant.

Ce milieu, d'un très grand intérêt avifaunistique, jouant un rôle primordial dans la reproduction de nombreuses espèces d'oiseaux dites "paludicoles" comme la Panure à moustache, le Héron pourpré, la Talève sultane ou encore le Butor étoilé. 

 



Biodiversité : En Camargue, la population de grues cendrées s’envole : ICI 

 

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I
Quel plaisir de lire que ces grues se plaisent en Camargue.Nouveau lieu d'hivernage, elles trouvent tout ce qu'il faut pour y vivre, ce n'est pas pour te déplaire ;)Belles images et renseignements.Espérons que les agriculteurs supportent leur présence, ce qui n'est pas évident avec les cultures.
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P
BonJour Pascale,<br /> Je n'ai jamais vu de grues en Bretagne. On voit bien sur les cartes d'observations que les trajets de migrations ne passe pas sur la Bretagne. <br /> Tes photos sont toujours aussi belles...
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C
Coucou Pascale, ton article est d'autant plus intéressant que nous n'avons pas de grue en Bretagne, donc je découvre complètement ! Je suis hyper étonnée de lire que 300 étaient comptées en 2007 en Camargue et 26 000 en 2022 !!! Quelle en est la raison ?? Quant aux fils, j'ai tout de suite pensée aux araignées ! Je suis allée en Camargue mais pas à cette époque donc, je n'ai rien vu de tout ça ! Merci pour cette belle page Pascale et GBizhous !
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A
Bonjour Pascale, <br /> Cet accroissement de la population des grues est étonnant. Mais cela se retrouve également parmi la population des aigrettes en Bresse qui sont de plus en plus présentes. Même phénomène pour les cigognes dont les vols et les arrêts lors des migrations, sont de plus en plus nombreux dans le bas Jura, aux confins de la Bresse, encore. Bravo pour tes photos, toujours aussi intéressantes à regarder.<br />  Bises 
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C
on en a peu vu cette année, les grues animent notre ciel d'habitude en automne, avec leur passage régulier, beaucoup vont sur Arjuzanx, mais cette année, j'en ai vu deux en tout et pour tout....a priori beaucoup d'oiseaux ont changé leur route. superbe article, merci à toi. bises.celine
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W
A beautiful series of this graceful bird.
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F
De bien jolis clichés de ces grues cendrées<br /> Il est plutôt rare qu'on puisse voir ces oiseaux en migration chez nous.<br /> J'espère de les voir en vol,<br /> Merci pour ce joli partage<br /> Bonne soirée Pascale<br />  
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Z
Tes photos sont superbes! Merci Pascale ! Puisse ces oiseaux pouvoir continuer à se poser en toute sécurité . <br /> Oui cela peut être impressionnant ces fils de dispersion. As-tu vu ces photos de toiles d'araignées géantes en Australie ? <br /> Amitiés et ronrons 
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N
J'espère que ce nouveau site d'hivernage ne leur apportera pas la colère des humains. Dans tous les cas l'être humain ne supporte plus rien, ici ou ailleurs. Malheureusement avec le changement climatique bon nombre de destination hivernales ou estivales vont changer et j'ai bien peur que cela ne soit pas accepté par l'homme.<br /> C'est beau de voir les maisons de Camargue en arrière plan, cela change.<br /> Bon we Pascale et gros bisous à vous.
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M
ces oiseaux sont magnifiques tu as fait de tres belles photos. bisous bisous
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