Les Vautours fauves du Larzac.
Vautour fauve
Gyps fulvus - Griffon Vulture
(Hablizl, 1783)
Causse du Larzac (haut plateau karstique français du sud du Massif central qui s'étend entre Millau et Lodève).
Le Vautour fauve se reconnaît à son plumage brun cendré et sa collerette blanche. Ses grandes ailes font de lui un des plus grand rapace avec une envergure pouvant atteindre 2,80 m. Elles lui permettent de se laisser porter par les courants pour voler. Il pèse entre 8 et 11 kg et son corps peut mesurer jusqu'à 1,10 m. C'est un oiseau nécrophage, il se nourrit exclusivement des parties tendres des cadavres de mammifères sauvages (chamois, cerfs...) et domestiques (moutons, chèvres...).
Les couples de vautours fauves se forment pour la vie et ils vivent en colonies. La femelle pond un œuf par an au maximum. Le vautour fauve niche dans les falaises rocheuses. Il peut vivre une trentaine d'années.
Historiquement, les vautours étaient présents dans tous les massifs montagneux de France. A cause du braconnage, la population française a failli disparaître, seules les Pyrénées abritaient encore des Vautours fauves. De nombreux programmes de réintroduction ont été mis en place en France depuis les années 80 (Parc national des Cévennes, Pyrénées, Ecrins, Mercantour, Vanoise) pour conforter la population de cet oiseau en France.
Envisagés comme dangereux et nuisibles, les Vautours jouissent malheureusement toujours d’une mauvaise image. Leur régime nécrophage ne les aide pas alors qu’ils sont indispensable au nettoyage de la nature.
Le fauconnier Jacques-Olivier Travers explique cette défiance par le caractère effrayant de l’animal : "Il y a les images où effectivement, le vautour est l’animal qui tourne autour de la mort. Il l’incarne et donc on l’aime moins. Cette image-là est quand même en train de disparaître. On a bien compris que dans la nature, il y avait des chasseurs, des charognards et que tous avaient une utilité".
Une mauvaise presse que regrette également Tiphaine Lyon de la LPO : "On a l’impression de retourner au XIIème siècle, avec les légendes comme quoi le Gypaète Barbu enlevait les enfants. C’est de la peur, de la méconnaissance, alors que le vautour est un allié pour les éleveurs".
Certains éleveurs prétendent même que les Vautours attaquent le bétail vivant.
Pourtant, à la LPO, Tiphaine Lyon est formel : il n’est pas possible que le vautour s’attaque au vivant. "Anatomiquement, le vautour, que ce soit le fauve ou les 3 autres espèces, n’est pas armé pour attaquer. Déjà il n’attaque pas, il consomme une proie. C’est un abus de langage. Les vautours sont armés pour consommer des cadavres. Un vautour fauve fait 10 kilos, a des espèces de grosses pattes de poule qui ne peuvent pas attraper quoi que ce soit, n’a aucune force dans les pattes… C’est un oiseau extrêmement massif, extrêmement lent, qui a un vol très lourd. Ils ne sont pas armés pour poursuivre des proies en vol. Ils ont un bec relativement puissant pour entailler le cuir des carcasses mais ce n’est pas un Aigle. Ils n’ont pas de puissance dans les serres, pas d’agilité en vol, la nature ne les a pas fait pour attaquer des proies".
Les expertises vétérinaires réalisées après leurs présumées attaques sur le bétail vivant ont conclu que les volatiles ne s’intéressaient qu’aux animaux agonisants, et non aux bêtes en bonne santé.
En 2012 (je n'ai pas trouvé de chiffres plus récents) dans le Vercors, les Vautours ont été nourris sur un charnier approvisionné par le parc naturel régional (les éleveurs leur abandonnent leurs animaux morts au lieu d’apporter les carcasses à l’équarrissage) : 75 tonnes de cadavres d’animaux collectés auprès des exploitations y ont été déposées. Autant de déchets qui n'ont pas été transportés en camion jusqu’à une usine d’incinération. Ces oiseaux ont alors permis au service national public d’équarrissage d’économiser 430 000 Euros de carburant et d’éviter l’émission de plus de 1 000 tonnes par an de CO2. Pas mal non ????
L'équarrissage ICI
La crainte principale ne vient cependant pas des attaques mais plutôt des maladies propagées par les oiseaux. Pourtant, pour la LPO, le vautour est un bouc-émissaire et ne transmet pas de maladies, comme le rappelait Anthony Marque, chargé de mission LPO du Cantal à propos de la maladie du charbon : "Le vautour ne bouge pas le cadavre. Ses sucs gastriques sont les plus puissants au monde et ils sont capables d’éliminer toute bactérie et toute maladie. En consommant les cadavres sur place, le vautour est un allié pour la disparition de ce charbon symptomatique. C’est en fait un coup de pouce. De nombreuses revues scientifiques l’attestent".
Le Vautour fauve bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis 1972, renforcé par la protection de l'ensemble des rapaces en 1976 et enfin par l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Il est également protégé en Europe.
Voici un article de la LPO d'aout 2022 ICI
Un autre article de "Baleine sous gravillon" très intéressant de novembre 2022 ICI
D'aucuns prétendent que le Vautour fauve est à présent en surpopulation en France, c'est une ineptie et comme les précédentes inepties évoquées plus haut, il est vraiment affligeant de propager de telles fausses informations.