Moro-sphinx
Le Moro-sphinx - Macroglossum stellatarum (Linnaeus, 1758)
est une espèce paléarctique de lépidoptères diurnes de la famille des Sphingidae.
Moro-sphinx ! Sphinx colibri ! Sphinx du caille-lait ! Sphinx moineau ! Sphinx queue de canard ! Sphinx fou ! Sphinx des étoilées ! Macroglosse des gaillets ! Oiseau-mouche ! ... cela sans parler des appellations plus ou moins locales et "patoisées". Dans son N° 86, le fameux opuscule naturaliste "la Hulotte" dénombre en effet un total de 31 noms communs ... et la liste n'est pas close ! Là où de très nombreuses espèces d' insectes doivent se contenter de leur seul nom scientifique (et donc latin !).
Une telle quantité de noms vernaculaire témoigne de sa notoriété pouvant se qualifier de hors normes.
Ce véritable drone miniature n'hésite pas à butiner les géraniums de votre balcon, et se complaît pareillement à visiter tout ce qui porte corolle, y compris en limite des névés à 2500 m d'altitude.
Papillon ou Colibri ? Le Moro-sphinx ne papillonne pas. Comme les Oiseaux-mouches, il a adopté le vol stationnaire pour butiner sans se poser et il lui faut visiter un grand nombre de fleurs pour compenser son importante dépense énergétique. Autre point commun avec les Colibris, il fait preuve d’une extrême précision pour viser le cœur de la fleur et y plonger sa longue trompe. Cette caractéristique anatomique lui a d’ailleurs valu son nom de genre Macroglossum, littéralement "grande langue".
Que cette trompe ne croise pas la route d’une fleur d’Onagre (Oenothera speciosa), elle resterait coincée au fond du calice. Un piège mortel pour le Moro-sphinx qui n’arriverait pas à s’en défaire ! Il m'est arrivé aussi de le dégager d'une fleurs de Jasmin (en déchirant très délicatement la fleur) dans laquelle il était resté prisonnier.
Tout porterait à croire qu’il s’agit d’un papillon de nuit. Mais, parmi les 25 espèces de Sphingidae identifiées en France, quelques-unes sont diurnes et le Moro-sphinx en est l’espèce la plus représentée. Actif la journée quand la plupart de ses cousins dorment, c’est bien là un extravagant de la famille !
C’est une véritable espèce migratrice avec des pointes à 55 km/h, il voyage vite et loin. Il existe des individus sédentaires en Europe, et d’autres qui migrent à partir de l’Afrique du Nord. Avec 2 générations par an (première de mai à juillet et seconde en septembre-octobre), ils peuvent atteindre la Suède. L’espèce est plus abondante les années chaudes.
Parmi ses particularités, la vitesse du battement des ailes, de l'ordre de 75 par seconde, ce qui est considérable pour un papillon, si bien que les ailes en question en deviennent quasiment "invisibles" à l'oeil. Cette très importante cadence est principalement imposée par la petitesse de la surface alaire portante, en regard du poids et du volume du corps. Il s'ensuit cette dépense énergétique considérable, d'où la nécessité de butinages nourriciers quasi "non-stop" !
En ce qui concerne la ponte, la femelle Moro-sphinx se donne beaucoup de mal pour sa progéniture. Elle pond environ 200 œufs et, toujours en vol, les dépose un à un sur les bourgeons et les fleurs de ses plantes hôtes (les Gaillets et les Stellaires). Une vie de fou ? Peut-être autant de raisons de l’avoir surnommé Moro-sphinx, le "Sphinx fou" !
Le dimorphisme sexuel est souvent peu marqué chez les sphinx, et c'est encore plus compliqué chez le Macroglosse. En effet, sa queue est en forme de pinceau relativement allongé chez le mâle, et cette même queue est au contraire élargie, plus arrondie, et plus sensiblement bilobée chez la femelle. Cependant ces faisceaux pileux (latéraux et terminaux) tendent à plus ou moins s'étaler en éventail, et cela d'autant plus facilement qu'il semblerait qu'ils s'en servent à la fois de stabilisateurs et de gouvernail. Il faut également tenir compte des "heures de vol", lesquelles génèrent fatalement une "érosion" de ces structures pileuses, ce qui accentue également les risques d'erreurs. Je ne m'aventure donc pas sur le genre de celui-ci ;-)