Moro-sphinx, l'extraordinaire papillon.
Le Moro-sphinx est souvent comparé à l’oiseau colibri en raison de sa capacité de vol stationnaire et de son battement d’aile rapide. En effet, pour butiner le nectar des fleurs en vol, le Moro-sphinx bat des ailes à une fréquence stupéfiante : 75 fois par seconde, ce qui lui fait dépenser énormément d’énergie. Il doit donc visiter un grand nombre de fleurs pour satisfaire ses besoins énergétiques.
Cette similitude entre les deux espèces est le résultat d’une convergence évolutive : deux espèces différentes qui développent les mêmes caractéristiques car elles sont soumises aux mêmes conditions environnementales. Mais contrairement au colibri, le Moro-sphinx possède une trompe, aussi appelée proboscis, et non pas un bec ! De plus, il présente une silhouette trapue et velue, et a des ailes étroites, le différenciant visuellement du Colibri.
Même si le Moro-sphinx peut être qualifié de papillon diurne par le fait qu’il vole la journée, il appartient bien au grand groupe des papillons de nuit. Le Moro-sphinx est un lépidoptère hétérocère appartenant à la famille des Sphingidae.
Pour simplifier les choses, les papillons de jour et de nuit sont généralement différenciables par leurs antennes ou encore par la façon dont ils reposent leurs ailes. Les antennes des papillons de jour se terminent en forme de massue et leurs ailes sont l’une contre l’autre à la verticale au repos. Tandis que les antennes des papillons de nuits sont en forme de plumeau, de peigne, de fil ou de crochet et leurs ailes au repos sont posées le long de leur corps, à l’horizontale.
Voyageant vite et loin, le Moro-sphinx est un très grand migrateur pouvant faire des pointes jusqu’à 55 km/h. Il peut parcourir des distances allant jusqu’à 3 000 km depuis l’Afrique du Nord, là où il hiverne, jusqu’à l’Europe du Nord. Cette capacité migratoire est très impressionnante quand on sait que le Moro-sphinx mesure seulement 4 centimètres ! On peut le trouver partout en Europe tout l’été, et en hiver il faudra être dans des climats chauds comme au sud de l’Europe ou en Afrique du Nord.
Le terme « Sphinx » pour désigner la famille des Sphingidae, à laquelle appartient le Moro-sphinx, est inspiré de la créature mythologique. En effet, les chenilles de la plupart des espèces de Sphingidae se tiennent à la façon d’un « sphinx » égyptien ou grec au repos : elles ont le torse levé. Cette posture mythique a ainsi intégré le nom de ce papillon. Aujourd’hui, il existe près de 1 500 espèces de Sphinx !
Le Moro-sphinx peut vivre à cheval sur deux années : c’est un record chez les lépidoptères qui ont généralement une espérance de vie courte, durant le plus souvent moins d’une année. Au printemps, les premiers imagos sont présents en Europe, qui se reproduiront pour permettre à l’espèce d’avoir une nouvelle génération observable dès l’été. Une deuxième période de reproduction a lieu durant la saison estivale, permettant aux derniers nés de donner naissance à une nouvelle génération. Ainsi, à l’automne, deux générations sont présentes : la première au stade d’imago et la deuxième au stade de chenille. Quand vient l’hiver, l’imago hiberne dans une fissure de mur ou de roche, et la chenille entre au stade de chrysalide dans le sol. Au retour du printemps, les imagos sortent de leur repos, les chrysalides s’ouvrent, et le cycle peut reprendre.
Attention aux dangers de l'Onagre élégant (Oenothera speciosa), originaire d'Amérique et reconnaissable à ses fleurs roses : le Moro-sphinx, attiré par la fleur, va y butiner en vol stationnaire comme à son habitude. Cependant, sa trompe restera coincée dans la corolle et le papillons essayera en vain de se dégager jusqu'à mourir d'épuisement. Nous déconseillons donc de planter cette espèce et recommandons plutôt les Onagres européennes, inoffensives et reconnaissables à leur floraison jaune.