Pinson du Nord & compagnie...
Pinson du Nord
Fringilla montifringilla - Brambling
(Linnaeus, 1758)
Le pinson du Nord, oiseau au plumage orangé, habituellement pas si facile à observer, déferle depuis le mois de novembre sur nos mangeoires.
Ici, un mâle en compagnie d'un Chardonneret élégant.
Ici, une femelle en compagnie d'un Verdier d'Europe mâle.
Présent dans le Nord et le Nord-Ouest dès le mois de novembre, le passereau originaire des forêts boréales occupe tout l’Ouest et le Sud-Ouest de la France au mois de décembre mais il est aussi très présent dans le quart sud-est de notre pays.
Le pinson du Nord voyage en groupe. Et pas des moindres. Certains convois peuvent contenir plusieurs milliers, voire des millions d’individus, parfois accompagnés de Pinsons des arbres. Lors des haltes migratoires, il est possible de les rencontrer dans des bois dits dortoirs, où ils se reposent ensemble entre deux vols. Les scientifiques expliquent cette grégarité de plusieurs façons : protection contre les prédateurs, thermorégulation, échange d’informations quant aux ressources alimentaires. Le rassemblement record a été observé en Suisse en 1951, estimé à 72 millions d’individus.
Dans leurs forêts d’été de conifères ou de bouleaux, les pinsons se nourrissent essentiellement d’insectes. Mais en hiver, au cours de leur migration, leur régime change. Les faines de hêtres, riches en calories, les semences de conifères ainsi que les graines ou les baies font partie de leurs mets favoris sous nos latitudes. Lorsqu’ils ne sont pas dans les champs, ils n’hésitent pas à s’aventurer dans les jardins pour y dérober quelques graines. La variation de ces ressources, comme la fructification des hêtres, peut expliquer les variations d’abondance des pinsons d’une année sur l’autre.
De nouveau un mâle
Au moment où il arrive sur nos mangeoires, à partir du mois d’octobre selon les années, l’oiseau arbore un plumage inter-nuptial, c’est-à-dire un peu plus sobre qu’en période de reproduction au printemps. Le mâle n’en reste pas moins très éclatant, avec sa poitrine orangée et ses ailes rayées blanches et noires. Il se confond tout à fait avec les sols hivernaux, tapissés de feuilles mortes et de neige. Il ressemble alors à la femelle. Difficile de les différencier…
Ce n’est qu’en fin février-début mars, qu’on peut déjà observer l’apparition de la belle capuche noire de jais du mâle. Sa tête et son bec prennent une teinte plus foncée. Les bandes noires de son manteau s’accentuent. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le plumage ne change pas. L’extrémité des plumes subissent un phénomène d’abrasion comme chez d’autres espèces d’oiseaux. Le Pison vêtu de sa nouvelle tenue est alors prêt pour rentrer se reproduire, chez lui, dans les forêts de ses contrées nordiques. Lors de la parade nuptiale il déploie son poitrail orange et abaisse ses ailes pour exhiber son croupion tout blanc.
Il est intéressant de constater que s’il est extrêmement grégaire lors des migrations, le Pinson du Nord est plutôt solitaire et territorial en période de reproduction. Il est également monogame, mais pas forcément fidèle. Ce qui semble être le cas de nombreux passereaux et en particulier des fringillidés. Des chercheurs allemands ont même repéré un gène de l’infidélité transmis du père à la fille, baptisé le "gène de Casanova".