Scarabée Rhinocéros

Sacarabée Rhinocéros ♂ (Oryctes nasicornis ssp. grypus) - (Linnaeus, 1758)
Coléoptère (15/07/2022)

Les coléoptères sont des insectes dont les larves et les adultes ont des morphologies très différentes (contrairement aux punaises par exemple). Leurs ailes antérieures sont transformées en étui pour protéger les ailes postérieures qui se rangent dessous, pliées en deux grâce à une articulation au milieu de cette aile, articulation qui n'existe chez aucun autre ordre d'insecte. Les coléoptères sont l’ordre avec le plus grand nombre d’espèces décrites. Celui-ci est estimé à 387°000 espèces. Ainsi, une espèce animale sur quatre dans le monde est un coléoptère. Les larves sont généralement vermiformes, molles, à régimes alimentaires ou mobilité très variées pour cette famille d'insectes.

Les coléoptères adultes se caractérisent par des pièces buccales broyeuses, des antennes (généralement à 11 segments) et une cuticule fortement durcie (dite "sclérifiée"). 

Le dimorphisme sexuel, est très prononcé, le mâle arborant une corne céphalique recourbée en arrière, d'où le nom de "rhinocéros" donné à l'espèce, ce dont la femelle est dépourvue. Elle lui sert à soulever ses adversaires et à repousser leurs tentatives d’assauts auprès des femelles ! Il est l’un des plus grands coléoptères répandu dans toute l’Europe avec ses 20 à 40mm ! Vous le rencontrerez plutôt au crépuscule lorsqu’il prend son envol, sinon il est peu actif et pas très habile… S’il lui arrive par malheur de se retourner sur le dos il a grand peine à basculer sur ses pattes, ce qui fait de lui un met de choix pour les rapaces nocturnes…
Ici, je l'ai vu au coeur de la matinée, se promenant lui aussi sur les tapis de mon salon de jardin.
Je l'ai donc déplacé pour le mettre dans un environnement plus favorable.

Avec le Lucane Cerf-volant, le Scarabée rhinocéros européen est le plus gros coléoptère d’Europe. Il peut transporter jusqu’à 850 fois son propre poids !

En France l' Oryctes nasicornis est largement répandu. Il y est représenté par plusieurs sous-espèces, mais les avis divergent selon les auteurs. La ssp. nominative, nasicornis nasicornis , occuperait tout le nord du pays jusqu'au bassin de la Seine; elle ferait place ensuite à la ssp. laevigatus qui serait elle même remplacée en Corse et Languedoc-Roussillon par la ssp. grypus , caractérisée par sa grande taille. Cette répartition laisse parfois place à des "accommodats" locaux. Ainsi certaines populations ardéchoises sont quasi inclassables et dans le sud-ouest l'Oryctes semble accepter le bois résineux. La fréquence d'Oryctes nasicornis est assez variable. Il est commun dans le midi et n'est pas rare en Auvergne où on peut même l'y rencontrer ponctuellement en grand nombre dans les rebuts de scieries. En Loire-Atlantique, au contraire, l'espèce apparaît plutôt peu fréquente et les captures sont semble t'il isolées. Leur taille est assez variable et certains y ont vu la présence conjointe des sous-espèces nasicornis et grypus mais le fait n'est pas probant, d'autant que la taille est souvent influencée par la qualité et l'abondance de la nourriture, comme c'est souvent le cas chez de nombreux insectes. 
Il semblerait que l'adulte soit donné pour ne pas s'alimenter ... mais un doute subsiste sur ce point d'autant que j'en ai trouvé en train de se nourrir.

L'adulte d'Oryctes est peu actif, cependant il vole aisément et "vient aux lumières" comme de nombreuses espèces de papillons . Selon certains auteurs il apparaît au printemps, mais personnellement je l'ai surtout rencontré en juillet, ce qui peut laisser supposer une durée de vie imaginale assez longue, bien que l'adulte puisse se passer de nourriture. Il semble être très casanier, et fidèle à son lieu de naissance.

Au regard de ses congénères, un spécimen peut être "major" (grand), "medium" (moyen), ou encore "minor" (petit). En pratique c'est un peu plus compliqué car ces appellations concernent surtout les coléoptères dotés d'appendices céphaliques ou thoraciques multiformes, tels la corne des "Rhinocéros", ou les mandibules hypertrophiées des lucanes. Le développement de ces attributs est en effet susceptible de varier de façon très importante, et cela bien au-delà du simple rapport de taille des adultes.

En entomologie "mercantile" (notamment exotique), les formes "major" sont évidemment les plus prisées des collectionneurs, et donc les plus coûteuses. La petitesse d'un insecte résulte le plus souvent d'une carence alimentaire au niveau larvaire (nourriture insuffisante, inappropriée, ou trop "pauvre"), et que le gigantisme n'existe pas, une larve ne pouvant manger et assimiler plus que prévu par Dame Nature contrairement à l'espèce humaine.

La ponte suit l'accouplement laquelle se passe de nuit et à l'air libre dans vieilles souches en voie de décomposition, du compost et autres substrats. La femelle va s'enfouir pour déposer ses oeufs au mieux pour assurer leur développement, chacun étant pondu isolément, au sein d'une petite loge. Les oeufs de l'Oryctes sont relativement gros, blancs, et nettement ovoïdes lors de la ponte. Au fil de l'incubation les oeufs tendent à s'arrondir et grossir, jusqu'à largement doubler de volume une fois arrivés à terme. C'est un fait assez classique mais l'accroissement pour cette espèce est assez exceptionnelle compte tenu de leur taille à l'émission, et de la protection naturelle induite par leur enterrage. Il semblerait que les oeufs ne soient pas très nombreux, de l'ordre de la cinquantaine.

La larve est de type mélolonthoïde (arquée comme chez le Hanneton commun - Melolontha melolontha). Par principe elle est saproxylophage, c'est-à-dire qu'elle se nourrit essentiellement de bois ou de débris ligneux plus ou moins décomposés (généralement non résineux), mais au fil du temps, et des évolutions environnementales, ses "goûts" se sont modifiés. Outre ses gites classiques (vieilles souches), cet insecte était un hôte des tanneries en raison du stockage des écorces de chêne pour l'extraction "tan". Les techniques évoluant le tan s'est vu remplacé par le chimique et le Scarabée s'est rabattu sur les scieries où elle abondait dans les tas de sciures. De nos jours notre Scarabée s'accommode volontiers des composts, pour peu qu'ils comportent suffisamment de débris ligneux (feuilles mortes et tailles de haies, à l'exclusion des résineux et du laurier-palme). Les composts sont également très recherchés par la Cétoine dorée contrainte elle aussi de s'adapter à la disparition des gîtes larvaires naturels.

Le bois en décomposition est donc le lieu de prédilection des Scarabées Rhinocéros tout autant que pour la Cétoine dorée.

Notre refuge nous permet de sauvegarder ces types de milieux. Ici, ce bois en décomposition issu d'un arbre mort et tronçonné n'a pas été évacué, mais déposé sur une partie d'une faïsses ou nous avons également laissé un peu de vigne. Au pied de la faïsse, un tas de petits branchages, feuilles mortes brindilles, petits fragments de bois... également en décomposition favorisant grandement la "colonisation" du compost... et la "fidélisation" des convives ! Le paillage en copeaux de bois sur certains massifs est également un allié pour toute cette faune de décomposeurs. C'est aussi un très bon biotope pour les Collemboles qui se nourrissent de champignons, nématodes, acariens et plantes en décomposition (donc ne les jeter plus, faites en un petit tas), et pour certains Coléoptères comme les Carabes et les Perce-oreilles qui sont insectivores et s'attaquent aux limaces qui viennent dévorer jardin et potager.

Compte tenu de son régime alimentaire, et de ses nouvelles habitudes de vie, l'Oryctes est passé du statut de "non nuisible" à celui d' "utile".

22/07/2022 - A la recherche d'insectes nous avons découvert un cimetière de quatre Scarabées Rhinocéros gisant au pied d'un arbre mort. Ici, deux mâles et une femelle. Je n'ai pas photographié le quatrième dont la tête manquait. 
Je n'ai trouvé aucune explication autre que les chaleurs intenses depuis la mi-mai et le manque d'eau, d'autant que par ici, les arbres et les terrains ne subissent aucun traitement. Le plus surprenant étant d'en avoir trouvé quatre sur une surface de 20cm².