Cincle plongeur

Cincle plongeur

Cinclus cinclus - White-throated Dipper
Linnaeus, 1758



En Cévennes

C'est un Oiseau extraordinaire qui vole, plonge, nage, et marche même sous l’eau !

 Avec un peu de discernement pour trouver son biotope, un peu de discrétion et une petite dose de chance pour qu'il vienne se poser en relative proximité, on peut alors l'observer seul au milieu des remous.

Il passe sa vie dans l'eau mais étonnement, il n'en ressort jamais mouillé.

La rivière ne peut rien contre la tenue de plongée imperméable du Cincle plongeur.

Cet oiseau est un grand champion de l’apnée. Il n’hésite pas à plonger dans la rivière des dizaines et dizaines de fois par jour.

Il réapparaît, au bout… d’un certain temps, pour replonger inlassablement.

Aucun autre passereau n'a de telles performances.

Il est en capacité d'effectuer des séjours sous l’eau, jusqu'à un mètre de profondeur, durant 7 à 15 secondes.

La propriété de son plumage tient au fait qu'il retient des bulles d’air, enveloppant ainsi son corps dans une gangue et le transforment en sirène luisante sous l'eau.

Sa morphologie rondouillarde ne l’apparente pourtant pas à un champion de plongée. Mais nous le savons tous, l’habit ne fait pas le moine.

Le Cincle plongeur est l'unique passereau qui soit à la fois plongeur et nageur.

Il a la capacité de traverser une chute d'eau en vol.

Son plumage, renforcé par 50% de plumes isolantes, le protège des eaux les plus froides.

Ses oreilles et narines se referment à chaque plongée. 

Sous l’eau, il actionne ses courtes ailes à l’aide de puissants muscles pectoraux tandis que sa queue, courte elle aussi, lui sert de gouvernail.

Grâce à la force du courant, qui le plaque vers le fond, tête baissée et plumage comprimé, l’oiseau amphibie peut alors marcher librement, même à reculons, sur le lit du cours d’eau. Il peut au besoin s’y agripper, grâce à ses doigts puissants et ses longs ongles, afin de retourner les pierres et capturer ses proies.

C'est un spectacle surréaliste que celui d'observer cette extraordinaire petite boule de plumes.

Sa remontée à la surface s’effectue les ailes à demi-ouvertes.

A sa sortie de l’eau, il n’est pour ainsi dire pas mouillé car il prend soin, plusieurs fois par jour, d’étanchéifier sa combinaison de plongée à l’aide de sécrétions huileuses. Celles-ci sont produites par une glande située au-dessus du croupion et qui est chez lui particulièrement développée.

Les performances de notre Cincle ne s'arrêtent pas là.

Il peut plonger dans des eaux très froides, même sous la glace, ainsi que dans des rivières en crue aux eaux très boueuses.

Il jouit également du redoutable et envié statut de "passe-muraille", qui lui permet de traverser en vol le rideau des chutes d’eau, voire des cascades assez spectaculaires, derrière lesquelles il installe fréquemment son nid.

Quel est donc le secret de ce poids plume qui ne pèse qu'entre 46 et 75 grammes, pour transpercer avec autant de facilité des masses d’eau capables de nous écraser ? Serait-ce pour mieux amortir les chocs que la densité des plumes de la tête du Cincle est largement supérieure à celle de tous les autres oiseaux ?

Le Cincle n’est pas plongeur pour rien ! Son régime alimentaire est essentiellement constitué d’invertébrés aquatiques, principalement de larves d’insectes : celles de phryganes, éphémères, perles, moucherons de toutes sortes et même dytiques, nèpes et notonectes sont parmi les plus appréciées.

Les araignées, les petits mollusques, les gammares, certaines larves d’amphibiens figurent également de temps à autre à son menu. 

Ses proies sont capturées sous l’eau la majorité du temps. Il est capable de remonter en surface le bec chargé de plusieurs larves. Cependant, il lui arrive aussi de les capturer en plein vol. 

Les invertébrés, plus petits qu’un demi-centimètre, sont consommés toute l’année, mais quand il y a des jeunes en pleine croissance à nourrir, les Cincles ne dénigrent pas de plus grosses proies. Il arrive qu’il consomme des alvins et des petits poissons (s'ils sont un peu gros, il les frappe inlassablement contre un rocher pour les casser en deux, voire trois morceaux). 

Après tant d'activité, de temps à autre, on peut l'observer fait des pauses, parfois durant une heure, au bord de la rivière ou sur une roche qui dépasse de l'eau. Il s'emploie alors à entretenir son plumage avant de faire un petit somme, paupière nictitante fermée (peau blanche qui recouvre l'oeil).
 

L'histoire de ma première rencontre avec les Cincles plongeurs, le 1er février 2013 : ICI
Depuis, à l'instar des Vautours, je n'ai jamais perdu une occasion d'aller à leur rencontre, et c'est toujours un formidable moment !