En compagnie des Marmottes...
Petit mammifère montagnard fascinant que l’on peut observer au printemps et en été car le reste de l'année, elle passe beaucoup… mais alors beaucoup de temps en hibernation !
Observer les Marmottes est toujours un immense bonheur, surtout quand on le fait en faisant le nécessaire pour ne pas les déranger.
Il existe une quinzaine d’espèces du genre Marmota, certaines en Europe, d'autres étant plus présentes en Eurasie, d’autres encore en Amérique du nord.
La Marmotte des Alpes vit exclusivement en Europe, dans les montagnes, à partir de 800 m et jusqu’à environ 3 000 d’altitude.
En France, on trouve les Marmottes aussi bien dans les massifs Alpins, que dans le Massif central, dans le Vercors, dans les Pyrénées, et même dans les Vosges. En Europe, on peut aussi les observer (en présence naturelle ou par réintroduction) en Andorre, en Autriche, en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Liechtenstein, en Pologne, en Roumanie, en Slovaquie, en Slovénie, en Suisse.
On distingue 2 sous-espèces de Marmotte des Alpes :
- La Marmotte alpine - Marmota marmota marmota (en France) ;
- La Marmotte des Tatras - Marmota marmota latirostris, parfois considérée comme une espèce à part. *
* Les montagnes des Tatras se situent dans la chaîne des Carpates, à l'est de l'Europe et formant une frontière naturelle entre la Slovaquie et la Pologne. Des deux côtés se trouvent des parcs nationaux protégés. Ce sont des destinations populaires pour les sports d'été et d'hiver. Les Tatras abritent plusieurs animaux comme La Marmotte des Tatras, mais aussi le Chamois des Tatras, le Lynx et des Ours.
Les Marmottes sont des petits mammifères fouisseurs appartenant à la famille des Sciuridae et à l’ordre des Rodentia (rongeurs).
À l’âge adulte, la Marmotte des Alpes mesure près de 70 cm de longueur dont une queue touffue d'une vingtaine de cm, pour un poids d’environ 5 kg. Sa fourrure est très épaisse, et bien plus encore en hiver. Brun jaunâtre marron sur le dos, beige sur le ventre, brun sombre sur la tête, noire au bout de la queue et brune à la base.
Son corps est massif et trapu, ses pattes sont puissantes, ses quatre pieds sont munis de griffes effilées.
Sa tête est longue, surmontée de petites oreilles rondes, son museau assez court est large et muni d’organes sensoriels que l’on appelle les vibrisses. C’est grâce à ses moustaches que l’animal se dirige dans le dédale obscure de ses galeries souterraines.
Quant à ses yeux en amande, ils sont situés sur les côtés, ce qui permet à la Marmotte de bénéficier d’un large champ de vision. Cette grosse boule de poils jouit d’une vue excellente et d’un angle de vision de 300°. Elle possède aussi un odorat très développé lui permettant de repérer ses ennemis.
C’est un rongeur très sociable qui vit en colonies. Les membres s’avertissent mutuellement d’un danger imminent en émettant de petits cris semblables à des sifflements qui sont perceptibles à plusieurs kilomètres à la ronde. C’est donc à l’oreille que les promeneurs peuvent repérer leur présence.
Au moindre signe d’alerte poussé par l’un de ses congénères ayant perçu l’approche d’un intrus, qu’il s’agisse d’un Chien, d’un humain ou d’un prédateur comme le Renard ou l’Aigle royal (ce dernier étant le plus redoutable prédateur de la Marmotte) l’animal se réfugie dans son terrier.
Les cris d’alerte se poursuivent jusqu’à ce que l’indésirable ait totalement quitté le territoire des Marmottes.
La Marmotte passe beaucoup de temps à creuser des galeries ramifiées de 15 cm de diamètre dans une terre meuble, à l’aide de ses griffes dures et longues, parfaitement acérées. Les galeries, peu profondes, peuvent mesurer de 3 à 10 mètres de longueur. Avec ses pattes antérieures la marmotte rejette toute la terre qu’elle dégage de chaque côté pour pouvoir continuer sa progression, et se sert de ses pattes postérieures pour évacuer les gravats à l’extérieur du trou.
Elle cache l’entrée principale de son terrier sous une pierre assez grosse que sa musculature puissante lui permet de déplacer.
Bien organisées, les Marmottes creusent trois types de terriers : un pour abriter la portée durant l’été (terrier d’été), un pour hiberner (terrier d’hibernation que l’on appelle aussi l’hibernaculum) et un pour se réfugier de toute urgence (faux-terrier ou terrier de fuite). Un des terriers se situe de préférence à proximité immédiate d’une zone herbeuse bien ensoleillée.
Les Marmottes veillent également à pouvoir bénéficier d’une vue dégagée pour ne pas se faire surprendre par des intrus ou des prédateurs. C’est pourquoi elles optent toujours pour les adrets où alternent rocailles et herbes riches. Ces versants Alpins grandement ensoleillés sont pour elles plus confortables que les ubacs qui ne bénéficient que d’une très courte exposition au soleil.
La Marmotte se nourrit sur deux longues périodes de la journée : le matin puis en après-midi. Cependant, si les températures sont trop élevées, elle peut fort bien renoncer à se nourrir pour rester au frais dans son terrier. C’est en effet un animal très sensible à la chaleur. Il est donc indispensable et vital pour Elles de comprendre que les mettre en situation de stress en les dérangeant quand elles sont hors de leur terrier leur est réellement préjudiciable.
Le régime alimentaire de la Marmotte est constitué d’aliments d’origine végétale et d’origine animale comme l’herbe et les jeunes pousses ainsi que les graines, les invertébrés tels que les vers, les araignées, les insectes en tout genre.
Pour maintenir ses aliments et les manger sans difficulté, elle se sert de ses membres antérieurs comme de deux petites mains très agiles.
La Marmotte passe donc près de six mois en hibernation et dès que la température devient plus clémente elle sort enfin de son terrier. Cette période d'hibernation commence à la fin septembre ou début octobre .
La masse corporelle d’une Marmotte en hibernation baisse au fil du temps jusqu’à 50 % en six mois. Ceci explique que d'avril à septembre, elle passe beaucoup de temps à manger pour reconstituer le volume de sa couche de graisse et les 50% de poids perdu qu'elle doit impérativement reprendre.
On parle d’hibernation sociale car ces rongeurs se regroupent en famille incluant les individus les plus âgés dont l’expérience profite à tout le groupe.
Toutes les Marmottes d’un groupe social s’installent alors dans l’hibernaculum pour assurer leur survie. Elles se roulent en boule et se serrent les unes contre les autres. L’entrée du terrier est alors complètement barricadée par des amas de pierrailles, de feuilles et d’herbes.
Durant ces six mois d’hibernation, la vie des Marmottes se déroule au ralenti et des changements physiologiques interviennent.
Commence une longue période de sommeil entrecoupée tout au plus de douze courtes phases d’éveil.
Le rythme cardiaque ralentit pour être huit fois moins rapide qu’au cours de l’été, la respiration est elle aussi moins rapide, la température corporelle chute jusqu’à atteindre 4°C et l’organisme puise très fortement dans les réserves de graisse.
Les Marmottes atteignent leur maturité sexuelle entre 2 et 3 ans.
C’est entre avril et mai que les mâles et les femelles s’accouplent. La période de gestation dure 34 jours. Une portée peut compter de 2 à 7 Marmottons.
A la naissance, ils n’ont pas encore de poils, ils ne pèsent qu’une trentaine de grammes et leurs yeux sont entièrement clos. La mère allaite ses petits pendant une quarantaine de jours, après quoi ils sortent du terrier.
Les Marmottes continuent à vivre en famille, chacune ayant son propre territoire, parfaitement délimité. Plusieurs familles peuvent se regrouper afin de former une colonie. Pour identifier les membres de leur famille qu’elles reconnaissent à l’odeur, les Marmottes se reniflent les joues.
Lorsque l’on souhaite découvrir ces mammifères communs de nos montagnes, la plus grande discrétion est de mise car il est fondamental de respecter leur quiétude. Sur le territoire des Marmottes, vous n'êtes pas chez vous mais chez Elles, alors soyez respectueux. Si vous avez un chien, tenez le en laisse et ne le laissez pas aller flairer dans les terriers. Ce comportement déclenche de grosses paniques chez ces petits mammifères, paniques que j'imagine vous n'aimeriez pas avoir à subir vous-mêmes.
C’est tout aussi utile pour ne pas être repéré et pouvoir ainsi profiter du spectacle qu'elles nous offrent. La moindre inquiétude entraînerait, dans le meilleur cas un temps de qui-vive et de stress, et dans le pire des cas une fuite immédiate vers les terriers. Dans ces périodes de replis, elles perdent beaucoup de temps dans leur nourrissage essentiel pour passer leur hiver.
Il est donc indispensable de ne pas s’installer dans le sens du vent afin que notre odeur humaine (générant du stress) ne soit pas transportée jusqu’aux Marmottes. Ainsi, bien choisir notre poste d'observation et éviter de bouger, toujours pour ne pas les inquiéter lors de nos déplacements. Avec de la patience et de la discrétion on peut alors vivre un moment de ravissement qui en vaut vraiment la peine.
Dans cet esprit il est évident qu'il ne faut jamais s’approcher trop près de ces animaux sauvages. C’est pourquoi il est indispensable de se munir d’une bonne paire de jumelles et/ou d’un appareil muni d'un très bon zoom pour la photo ou la vidéo. On peut alors les observer de loin, dans le plus pur respect de leur tranquillité, dès leur sortie d’hibernation et jusqu’au début de l'Automne.
J'ai l'habitude de pratiquer l'affût avec différentes espèces de la faune sauvage et avec ces petits animaux, je fais en sorte de me montrer la moins visible possible pour ne pas être dérangeante. J'insiste vraiment sur ce point car le temps leur est compté pour se nourrir et affronter l'hiver qui suivra.
Aussi, je partage avec vous ce texte d'une experte des écosystèmes, Aurélie Cohas (lien ICI), écologue, Maître de Conférences en Biométrie et Biologie Évolutive, et dont les objectifs sont d'analyser, de mesurer et d'anticiper les conséquences de l'activité humaine sur l'environnement. Le travail des écologues est de déterminer les espèces végétales ou animales qui doivent être protégées et proposer des mesures pour préserver la biodiversité et les milieux naturels.
Voici ce qui ressort de ses analyses concernant la présence des photographes. Moi-même photographe, je partage fréquemment cet avis quand je vois le comportement de certaines personnes se qualifiant pourtant de "photographe animalier" mais pour qui "mettre dans la boîte" reste le premier objectif.
Lire ICI
Ma philosophie est qu'en présence d'animaux sauvages, quels qu'ils soient, et qui plus est en me trouvant SUR LEUR TERRITOIRE, il m'appartient d'avoir assez de discernement pour envisager et anticiper le moment où je pourrais devenir nuisible à leur quiétude et pourrais même les mettre en danger.