Incroyable Cincle !
Cincle plongeur
Cinclus cinclus - White-throated Dipper
(Linnaeus, 1758)
Le Cincle plongeur est une espèce présente dans la plupart des régions montagneuses d'Eurasie et du Nord-Ouest de l'Afrique. En France, il est présent toute l'année à partir de 100m d'altitude jusqu'à plus de 2500m, y compris sur des secteurs plus ou moins ombragés, dès que le courant rapide et la clarté de l'eau lui apportent proies et zones de chasse.
C'est un oiseau aquatique essentiellement sédentaire. Seules quelques populations du nord de la Scandinavie et de l'Oural effectuent des mouvements migratoires partiels, de moyenne ou longue distance.
Il se nourrit essentiellement d'invertébrés aquatiques, composés de différents insectes aquatiques ou tombés dans l'eau, de larves, de vers ou encore de petits mollusques.
Il fréquente les cours d'eau rapides et froids, bien oxygénés avec des remous et des cascades. Il se retrouve ainsi partout où il existe des rivières et ruisseaux de type montagnard, non pollués avec un courant élevé et riche en invertébrés qui vivent au fond des eaux, sur le lit de gravier et de roches.
Il s'écarte rarement des rivières et recherche les secteurs accidentés. Les petits lacs sont aussi visités et l'oiseau peut s'y reproduire à condition d'avoir à proximité des sections de cours d'eau rapides.
Il est capable de plonger, de nager mais aussi de marcher au fond du torrent, parfois à contre-courant, pour trouver sa nourriture.
Il plonge et nage avec aisance, en s'aidant de ses ailes pour gagner le fond du torrent et, lorsqu'il marche au fond du torrent, il retourne les petits galets et cailloux afin de déloger sa nourriture. Il reste ainsi immergé de 3 à 10 secondes, généralement à moins de 1m de profondeur, mais il peut atteindre 1mn en apnée.
Cet oiseau singulier possède plusieurs des adaptations physiologiques typiques de la plongée : abaissement du rythme cardiaque, concentration en hémoglobine élevée.
Sa morphologie aussi est adaptée à cette vie amphibie : ses ailes et sa queue sont courtes, son duvet est dense, ses narines sont obturables, une membrane nictitante blanche protège ses yeux lors de l’immersion, un repli de peau sert à fermer le conduit auditif et, enfin, son squelette est constitué d’un certain nombre d’os pleins, et non pas pneumatisés, pour faciliter l’immersion.
Il ne plonge pas systématiquement depuis un rocher, une branche ou un tronc. Il peut aussi le faire depuis la surface de l’eau, où il est tout à fait capable de nager.
Selon les cas, il réalise une plongée unique ou bien enchaîne, avec l’aisance digne d’un champion, une série de plusieurs plongées successives séparées par des épisodes de nage en surface, sa queue lui servant de gouvernail, les ailes de nageoires (la fréquence des plongeons peut atteindre 5 à la minute, il peut s’enfoncer jusqu’à 1,50 m dans l’eau et trouve sa nourriture dans un courant de 40 à 60 cm/seconde sans difficulté). Sorti de l’eau, en quelques secondes il est sec. Grâce au mucus gras dont il a enduit ses plumes lors d’énergiques séances de lissage, mucus gras secrété par des glandes uropygiennes* hypertrophiées (x 6 à 10) et qui rend ainsi ses plumes totalement imperméables à l’eau.
*La glande uropygienne est un organe présent chez la plupart des espèces d'oiseaux. Placée au bas de leur dos, sur leur croupion, cette glande sécrète une sorte de cire dont les oiseaux se servent pour lustrer leurs plumes.
Outre la plongée, les Cincles se font remarquer par leurs petits "tics" répétés : révérences, courbettes, clignements des yeux. Si on a longtemps cru que ces mouvements étaient une adaptation aux contraintes particulières de bruit et d’espace que présentent les cours d’eau, aujourd’hui, et en particulier chez les Cincles, tout semble indiquer que ces mouvements sont des moyens de communication intra et interspécifique utilisés pour signifier respectivement à leurs congénères et à leurs prédateurs qu’ils sont en bonne santé.
En hiver, il délaisse parfois les hautes altitudes si la neige bloque l'accès aux torrents et descend vers le piémont. L'été, chaque couple établit son territoire le long de 3 à 5km de torrent, le patrouillant et le défendant sans cesse par des vols rapides au ras de l'eau, de caillou en caillou.
Il construit son nid dans des anfractuosités rocheuses, derrière une cascade, dans les trous des arbres ou des murs, ou encore sous des ponts, mais toujours très près de l'eau (les plus jeunes couples l'installent parfois tout au bord de la rivière et perdent leur couvée en cas de forte pluie). Le nid est fait d'une énorme boule de mousse à ouverture latérale et complétée à l'intérieur d'une structure de brindilles entremêlées.
Le site de nidification doit comporter un emplacement à l’abri des intempéries et des prédateurs pour le nid, des zones riches en nourriture en eaux vives peu profondes et des sections de rives couvertes par la végétation où les juvéniles pourront se cacher. La qualité de ces critères détermine également la longueur du territoire.
Le Cincle plongeur a une territorialité faible en automne et hiver. A cette période des dortoirs pouvant dépasser une dizaine d'individus se forment sous certains ponts non ventés et pourvus de juchoirs. Mais dès janvier en plaine, en mars-avril en montagne, la territorialité des mâles s'exacerbe, ce qui marque le début de la saison de reproduction.
Deux vidéos assez courtes pour vous montrer les incroyables capacités et performances de ces petits passereaux infatigables.