L'intelligence et les émotions des Bovins.
Vaches Aubrac.
Petit retour estival en compagnie de ce troupeau de bovins de notre région.
C'est un animal qui me touche et m'émeut beaucoup.
Et si nous parlions de leur intelligence...
Si l’on prend le temps de les observer et de se renseigner à leur sujet, on réalise alors que les bovins sont des animaux sensibles, complexes et dotés d’une intelligence étonnante.
Pour communiquer, les vaches ont à leur disposition plusieurs sortes de vocalisations, et une gamme encore plus grande de signaux visuels, qui jouent un rôle important au sein des troupeaux. Contrairement à d’autres ongulés (comme les chevaux), les bovins ont peu d’expressions faciales. C’est donc principalement par les mouvements de la tête et du corps qu’ils s’échangent des informations. Par leur posture, les vaches signalent leurs intentions aux autres : agressivité (tête penchée et cornes vers l’avant), soumission (cou et tête baissé), curiosité (tête haute, cou étiré et museau en avant), etc.
La communication sociale passe aussi par une sorte de "parfum émotionnel". Grâce à un grand nombre de glandes odoriférantes, les vaches dévoilent leurs émotions à leurs congénères, et d’autres informations encore. Les vaches peuvent reconnaître un individu à partir de sa seule odeur. Elles peuvent également reconnaître un individu par la vue, à partir d’une simple photographie.
La capacité mentale des Bovins est surprenante. Elles sont capables de soulever les leviers pour avoir de l’eau, de faire des contentions et de tirer des loquets avec leur langue pour ouvrir un portail, d'user de stratagèmes pour accéder à la nourriture et faire partir les concurrentes... Elles ont également une excellente capacité à l’apprentissage spatial et à la connaissance de l’espace.
Les vaches aiment résoudre des énigmes On appelle "effet eurêka" l’excitation et la joie que l’on éprouve lorsqu’on résout un problème. Les vaches connaissent cette sensation. On a soumis une énigme à des génisses (chacune était testée individuellement) : ouvrir une porte donnant sur un couloir au fond duquel se trouvaient des friandises. Pour ce faire, elles devaient trouver et actionner une poignée cachée. Au moment où elles ont ouvert la porte, leur rythme cardiaque s’est accéléré et elles ont manifesté des signes de joie : tressaillement, coup de pied au sol, sautillement (ce que n’ont jamais fait les génisses du groupe contrôle n’ayant pas réussi à ouvrir une porte pour accéder aux friandises).
En tant qu’animaux devant se protéger de la prédation, elles sont pourvues d’un champ de vision très large et d’une bonne ouïe. Les vaches perçoivent efficacement leur environnement et, lorsqu’on leur en laisse la possibilité, elles gardent une distance de sécurité avec les inconnus. Mais elles sont aussi curieuses et l’apparition de situations nouvelles qui, si toutefois elles ne les inquiètent pas, leur procurent au contraire du plaisir.
À l'instar des humains, les liens entre les vaches et leurs veaux sont très puissants. Cela s’explique par le fait que les vaches sont des animaux nidifuges, c’est-à-dire dont les nouveau-nés doivent être capables de se déplacer presque tout de suite après leur naissance et qu’une forte relation avec la mère est une question de survie.
Les vaches s’isolent dans un lieu choisi au préalable pour accoucher. D’aucuns pensent que le but de la manœuvre est d’éviter qu’une autre vache cherche à adopter le veau. Après l’accouchement, les vaches lèchent soigneusement leur veau pour le débarrasser du liquide amniotique, cela leur permet de se familiariser avec son odeur. La première tétée a lieu moins de deux heures après la mise bas. Les premiers jours, le veau boit du colostrum, un liquide très riche en anticorps (comme les humains). Progressivement, la composition des sécrétions mammaires change (c’est un mélange de lait et de colostrum). Au bout d’une semaine, il n’y a plus du tout de colostrum dans le lait.
Lorsque, pour leur prendre leur lait ou produire des animaux destinés à l’abattoir pour leur chair, les humains séparent le veau de sa mère quelques heures après la naissance cela cause un véritable déchirement : la mère meugle, appelle son veau, le cherche pendant plusieurs jours. Elle manifeste tous les signes de détresse. La réciproque est vraie : le veau cherche et appelle désespérément sa mère.
Les bovins sauvages, exemple la Betizu - se prononce Bétissou et signifie “vache sauvage” - (une race de vache sauvage qui vit en montagne basque dans les Pyrénées), et également les Vaches dites "Maronnes" (issues de vaches domestiques mais retournées à l’état sauvage, en divers endroit d’Europe) établissent une hiérarchie sociale (en moins d’une heure suivant la constitution d’un troupeau avec des individus ne se connaissant pas au préalable) afin de régler les conflits de manière non violente.
Les taureaux tendent à être dominants sur les femelles mais un mâle adulte présent dans un troupeau mixte n’est pas nécessairement dominant, ni leader du groupe. Le troupeau est dirigé par les vaches ou les taureaux les plus expérimentés, qui parviennent le plus souvent à convaincre les autres de décisions collectives : mouvements du troupeau; initiation des activités du groupe; direction du pâturage. Le leadership n’est pas lié à la domination sociale.
Dans les troupeaux de vaches, les conflits sont rares. Cela est dû, outre la stabilité de la hiérarchie sociale, aux affinités liant les individus du groupe, souvent sur la base des relations antérieure. Les vaches ont leurs "amies" avec qui elles pratiquent le toilettage (léchage), le flairage, broutent et se promènent ensemble. Le léchage est une pratique hygiénique mais également conviviale, comme l’épouillage chez les primates. Les vaches lèchent leurs congénères préférentiellement sur les parties du corps auxquelles la vache toilettée ne peut accéder elle-même, comme la tête et le cou.
Les vaches amies font preuve d’une grande tolérance mutuelle en cas compétition (pour l’accès à une ressource, par exemple). Souvent, ces liens se tissent chez les veaux entre la naissance et six mois. Il s’agit fréquemment des veaux les plus proches en âge. Ces relations sont extrêmement stables dans le temps.
À l’intérieur de ces groupes, les conflits sont régulés et les liens d’amitiés rapprochent les individus. Car oui, les vaches ont bel et bien des amies et deviennent stressées lorsqu’elles en sont séparées.
Enfin, les bovins sont des animaux délicats, comme le prouve une étude qui montre que les vaches ont des préférences en matière de rugosité du sol et qu’elles évitent les sols jonchés d’excréments.
Imaginez le mal-être permanent de ces animaux lorsqu’ils sont enfermés toute leur courte vie dans des hangars, sur des dalles en béton, les pattes dans les excréments, comme c'est la cas dans l’élevage des 1000 vaches dans la Somme.
Qui n'est pas déjà tombé sur ces vidéos publiées sur Internet où l'on voit des vaches sauter de joie en sortant de leur bâtiment d'élevage pour investir leur enclos de verdure, annonce d'une saison pleine de beaux pâturages ? Cette euphorie des ruminants ne serait pas si anecdotique que cela. "Le domaine de l'émotion a longtemps été considéré comme nécessairement séparé de l'activité intellectuelle", or, on a au contraire démontré qu'elle facilitait l'apprentissage et en était une conséquence.
Il nous appartient donc d’être suffisamment intelligents pour le comprendre et accepter d’en tirer les conclusions. En effet, les bœufs, les vaches, les taureaux et les veaux ne demandent qu’à vivre en paix, tout comme nous le faisons nous-mêmes.
Les expressions françaises avec "Vache" : ICI
"Parler Français comme une vache Espagnole" : expression (déformée) qui signifie mal parler, baragouiner...
La première hypothèse serait une déformation de l’expression occitane « parlar coma un gavach espanhòl » (parler comme un gabatch espagnol). Ici, le mot gabatch désigne le montagnard (le travailleur venant des Pyrénées, pour les travaux agricoles saisonniers).
Pour la seconde hypothèse, il faut remonter au 17ème siècle. À cette époque, la formule existe déjà. Sauf qu'à la place des vaches on dit des "vasces", un mot qui désigne les Basques.
Enfin, une troisième hypothèse : II fut un temps où les habitants du nord de l’Espagne, voisins des contrées méridionales de la France, en parlaient usuellement le langage, tandis que les habitants du midi de l’Espagne avaient un idiome différent, et les premiers, faisant allusion à cette différence, disaient dérisoirement de quelqu’un qui commettait des fautes grossières contre le français, qu’il le parlait comme un baxo. Or ce mot baxo, qu’on employait pour désigner un Espagnol du bas pays ou du midi de la Péninsule, et qu’on prononçait baco, fut bientôt changé en vaco (vache), et de là vint la déformation de la locution proverbiale.