Les chevaux blancs de la mer, faits de mistral, de sel et de courage !
Emblème de ses terres sauvages, la région de la Camargue abrite une des plus anciennes races chevalines au monde qui porte son nom : le cheval Camargue.
Cette race à la robe grise à l'âge adulte (et non blanche) est une figure symbolique de la Camargue, au même titre que le Taureau de Camargue et que le Flamant rose.
C'est un cheval qui vit en semi-liberté dans les marais et les enganes (peuplement de Salicornes, au bord de la Méditerranée) depuis des siècles, et en liberté dans le delta du Rhône depuis des temps immémoriaux. S'accommodant parfaitement des excès du climat Méditerranéen, rien ne le perturbe : vents violents, humidité, froid mordant en hiver, grande chaleur et insectes en été... Cependant, de par sa robe toujours grise, du soleil et de la réverbération de l'eau, le Camargue est sujet aux mélanomes. Les mélanomes apparaissent le plus souvent vers cinq à six ans. Dans une étude portant sur 264 chevaux camarguais, l'incidence des mélanomes est significativement corrélée avec l'âge (67 % des chevaux ayant plus de quinze ans).
Sa robustesse, sa robe grise, ses yeux expressifs, son intelligence et son beau crin blanc ont alimenté légendes, poèmes et films.
Une légende millénaire raconte que le cheval de Camargue serait né de l’écume de mer afin de sauver un homme poursuivi par un féroce taureau noir. Ce serait Neptune qui, circulant en pleine mer, sur son char tiré par 9 chevaux blancs, aperçu un homme nageant vers lui. Neptune le bloqua au moyen de son trident afin de savoir ce qu’il faisait là. Cet homme lui dit qu’il se nommait Lou Camarguen et qu’il habitait dans "un pays magnifique où le ciel et la terre se mirent dans les étangs".
Neptune chercha à comprendre pourquoi il fuyait un si beau pays. L’homme lui expliqua qu’il était régulièrement poursuivi par un énorme taureau noir avec "des cornes en forme de Lyre", et qu’il n’avait d’autres solutions que de se réfugier dans le royaume de Neptune. Le Dieu de la Mer décida d’aider ce pauvre homme et lui donna son cheval de tête : "Voici mon meilleur cheval. Si tu sais t’en faire un ami, il sera pour toi un allié irremplaçable face au noir taureau. Mais rappelle-toi toujours qu’il vient des immensités de la mer et qu’il a été mené par un dieu. Quoi que tu fasses, il faudra, quand bon lui semblera, le laisser libre de toute entrave, venir humer à plein naseaux ses origines marines et divines".
Une fois Neptune disparu sous les mers, l’homme se mit au travail pour dompter son cheval qui n’avait jamais côtoyé d’humains : "Je ne serai jamais ton esclave mais ton ami" lui confia-t-il. Après 3 jours et 3 nuits, il pût enfin le monter et son cheval le mena vers le taureau. Il prit alors un bâton à 3 branches pour dominer l’animal. C’est ainsi que naquirent les gardians équipés de tridents leur permettant de guider leurs troupeaux de taureaux et c'est ainsi que Lou Camarguen devint le père du Cheval Camargue.
L'origine de ce cheval qui vit traditionnellement en liberté dans ses marais d'origine reste assez mystérieuse bien qu'il soit considéré comme l'une des plus anciennes races du monde (mentionné dès l'Antiquité romaine) et de nombreux paléontologues voient la trace de ses ancêtres sur les peintures rupestres de la grotte de Lascaux, qui indiquent qu’il pourrait aussi être indigène à cette région de par ses caractéristiques primitives.
D'autres théories évoquent un mélange de chevaux d’origines différentes (Afrique du Nord, celtiques, asiatiques, germaniques…) qui au fil du temps se serait adapté au rude environnement du delta du Rhône et de ses environs.
Il était autrefois uniquement utilisé pour les activités agricoles et pastorales ; notamment le foulage de la moisson. Il fut à tour de rôle compagnon des gardians, occasionnellement une monture de bât et de guerre jusqu'au XIIe siècle. De nos jours, il est considéré comme un acteur de l'écosystème camarguais et un agent de sa conservation, qui permet la gestion et l'entretien des zones humides et est de plus en plus utilisé pour l'entretien écologique des zones marécageuses.
Le cheval est aussi mis à l’honneur lors des nombreuses fêtes traditionnelles locales, où il participe à des jeux équestres et déambule dans les rues, monté par son gardian. De nombreuses écuries proposent également des randonnées équestres afin de découvrir la Camargue à dos de cheval.
Le poulain Camargue naît de couleur noire, marron ou gris foncée. Il s’éclaircit tout d’abord autour des yeux et du nez de sa naissance à ses cinq ans. Il prend ensuite une couleur gris foncé et ne cesse de s’éclaircir - il ne revêt sa robe grise qu’à l’âge adulte ! La robe grise est une particularité parmi les chevaux primitifs, les autres chevaux sauvages étant généralement de couleur isabelle, baie-brune, "rousse" ou "fauve" (marron).
Si on peut souvent voir les chevaux de race Camargue porter l’encolure basse et en avant, c’est pour se protéger du Mistral, vent soufflant dans sa Camargue natale. En prenant cette posture, ils évitent ainsi que le vent humide ne pénètre dans leurs naseaux.
LE PARLÉ CAMARGUAIS
• Le cheval se dit lou chivau
• Un court est un poulain camarguais qui a un an, un doublen a deux ans, un terrien a trois ans, et un quatren en a quatre
• Le cavalier surveillant les troupeaux se nomme le gardian (gardianou pour le jeune apprenti), baïle gardian pour le chef ou le contremaître
• Un troupeau de chevaux Camargue s’appelle une manade
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