Les pelotes de réjection.
Il y a quelques temps, sur l'article "Martin et Martine" ICI, je vous parlais des pelotes de réjection de ces oiseaux. Surprendre un oiseau en train de rejeter une pelote n'est ni facile ni fréquent, mais parfois on est là au bon moment, et si on est observateur, le comportement même de l'animal nous fait comprendre que cela va se produire...
Martin-pêcheur d'Europe
Alcedo atthis - Common Kingfisher
(Linnaeus, 1758)
Le Martin-pêcheur n'est pas un oiseau très méfiant. Dès lors qu'on a découvert ses lieux de pêche ou de nidification, lui tirer le portrait n'est pas extrêmement difficile. En effet, comme c'est le cas pour beaucoup d'autres animaux, ce sont nos agissements qui les dérangent et les mettent en fuite. Pour le Martin-pêcheur d'Europe (comme pour le Guêpier d'Europe d'ailleurs, et chacun pour des raisons différentes), il est sage d'être prévoyant pour l'installation des affûts si on veut avoir de bonnes chances de leur tirer le portrait.
Du fait de son lieu de nourrissage, les pelotes de rejection des Martins-Pêcheurs sont difficile à trouver. C'est en effet un oiseau qui se perche très souvent au dessus de l'eau à la recherche de sa nourriture : les poissons. C'est pour cette raison que les indices de sa présence sont la plupart du temps absents parce que tombés dans l'eau. Cependant, avec un peu de chance et d'observation, il arrive de trouver au moins des fientes au sol, en dessous des perchoirs préférés de notre "flèche bleue".
Les fientes se reconnaissent assez facilement, par leur couleur blanche et leur texture assez liquide. Cette couleur est une caractéristique de tous les oiseaux consommant des poissons. On peut les voir sur les perchoirs régulièrement fréquentés. C'est à cet endroit, après sa partie de pêche, que le Martin viendra assommer sa proie avant de l'avaler.
Avant de l'avaler, le Martin-pêcheur doit la tuer, puis la disposer tête en avant afin de lui permettre de glisser. Ainsi les écailles et les arrêtes des nageoires du poissons sont positionnées dans le bon sens.
Quand l'oiseau s'apprête à recracher une pelote, on peut observer les spasmes au niveau du cou, comme s'il allait vomir.
Les pelotes de réjection sont constituées de matières non digérées. Ici, ce sont essentiellement des squelette de poissons ce qui explique qu'elles soient blanches. Dans les pelotes des Martins, rien ne permet de différencier les différents éléments : arêtes, écailles, ou cuticules (exosquelette) des insectes (aquatiques).
En revanche, chez de nombreux oiseaux, comme les rapaces nocturnes par exemple, les pelotes forment des ensembles cohérents et représentatifs des proies ingurgitées : les poils, entremêlés aux autres déchets non digérés.
Guêpier d'Europe
Merops apiaster - European Bee-eater
(Linnaeus, 1758)
Le Guêpier d'Europe quant à lui est insectivore. Il se nourrit essentiellement d'Hyménoptères, l'ordre qui regroupent guêpes, abeilles, bourdons... mais pas que. Il se nourrit également de mouches, termites, criquets, sauterelles, papillons... qu'ils chassent en vol, à l'instar des hirondelles. Ceci explique que ses pelotes ne soient pas blanches mais noires.
L'oiseau n'est pas en mesure de digérer les parties dures comme les élytres des insectes, ni même les ailes des Papillons. Il recrache donc régulièrement des pelotes noires pleines d'élytres et de carapaces dures.
L'estomac des oiseaux est constitué d'un estomac glandulaire, le proventricule succenturié (poche allongée, qui peut être très extensible chez certaines espèces piscivores comme les cormorans, les hérons ou les mouettes et goélands) et le gésier (estomac musculaire).
Les aliments passent donc par l'œsophage puis traversent le jabot lorsqu'il existe. Ils passent ensuite par l'estomac glandulaire (ou proventricule succenturié). Là ils subissent l'attaque d'acides et d'enzymes. Une fois imprégnés, les aliments sont envoyés vers le gésier qui est l'estomac musculaire.
Beaucoup d’oiseaux régurgitent régulièrement les parties non digérées de leurs repas. Les pelotes de réjection du Grand-duc ou de l'Effraie des clochers sont les plus connues car elles restent longtemps sur le sol. On peut y trouver des petits os agglomérés avec les poils de leurs proies (des petits rongeurs).
Les pelotes de la Chevêche d'Athéna sont constituées d’ailes et de carapaces d’insectes et, à l'instar de celles des Martins-Pêcheurs ou des Guêpiers, elles se désagrègent rapidement.
Les Mouettes, les Goélands, les Cormorans, mais aussi les Hérons, les Martinets, les Corbeaux, les Rougegorges ainsi que d’autres passereaux régurgitent des éléments coriaces de leur repas mais sans prendre la forme de pelotes.